Conflit israélo-palestinien : entre réalisme et fanatisme politico-religieux

jérusalem

La nouvelle confrontation entre Israël et le Hamas concentre une fois de plus l’attention du monde sur un territoire exigu qui condense en lui une richesse historique et religieuse inversement proportionnelle à ses dimensions. Jérusalem, capitale de David et ville du Temple, lieu de la Passion du Christ et reliée à l’islam par le voyage nocturne et aérien du prophète, recèle les lieux sacrés de trois religions qui représentent des milliards d’individus. Les Hébreux l’ont conquise puis perdue à plusieurs reprises. Les Arabes musulmans l’ont tenue pendant plus de treize siècles avant et après le court règne des chrétiens qui en avaient libéré l’accès grâce aux croisades. La diaspora à la suite de la répression des révoltes par l’occupant romain laissait subsister une minorité juive, les Arabes chrétiens étaient nombreux et ont traversé la période turque avec leur régime spécial de soumission, les musulmans y étaient nettement majoritaires.

L’antisémitisme européen, d’intensité différente selon les époques et les régions du continent, et la permanence d’une communauté israélite, soucieuse d’entretenir sa foi et ses traditions, sont les deux faces d’une réalité historique dont on ne saurait nier l’importance en Europe. C’est, bien sûr, le délire antisémite des nazis qui a légitimé le rêve sioniste de la restauration d’un État juif capable de protéger ses membres sur la terre promise et retrouvée. L’instrumentalisation de l’islam par les nazis, qui éprouvaient à son égard une étonnante sympathie, et la collaboration du Grand Mufti de Jérusalem, réfugié à Berlin, auprès d’Hitler, ont donné plus de force encore à ce projet d’un État d’Israël, conquis par une poignée de héros dont certains sortaient des camps d’extermination tandis que d’autres travaillaient la terre promise en friche depuis des siècles. Leur victoire sur des armées plus nombreuses et mieux équipées a forgé une épopée initiale, nécessaire à toute nation.

Les conséquences contradictoires de cette politique n’ont cessé de grandir. Laisser les Juifs de Palestine sans État était les abandonner au génocide. Leur permettre de créer cet État revenait à déposséder les habitants les plus nombreux de leurs droits sur leur sol. Ces colons revendiquaient leur droit de premiers occupants puisque cette terre avait été la leur avant d’être celle des Arabes. Mais l’étude des cartes montre que l’État hébreu, le long de la côte, comprenait en partie le pays des Philistins (la Palestine) et, en revanche, laissait la Judée et la Samarie, les anciens royaumes juifs d’Israël et de Juda, aux Arabes de Jordanie. Plus concrètement, l’exiguïté de l’espace d’Israël le rendait d’autant plus indéfendable que sa démographie interne l’exposait à se retrouver un jour avec une majorité arabo-musulmane. L’option de renoncer au projet sioniste est évidemment exclue.

Dans la confusion des guerres et des ballets diplomatiques, seul le réalisme peut prévaloir. Les frontières initiales étant indéfendables, Israël s’est étendu, notamment sur la Cisjordanie. Il a, en revanche, abandonné la bande de Gaza, une zone aberrante sur les plans économique et politique, avec les conséquences actuelles : le bombardement des villes israéliennes à partir de celle-ci. On ne peut sérieusement imaginer qu’il laisse un État potentiellement ennemi revenir à quelques kilomètres de la côte. Jérusalem est, certes, sacrée pour les trois religions, mais les chrétiens ont accès aux Lieux saints, et les musulmans ont La Mecque et Médine : il est assez équitable de laisser Jérusalem à Israël sur le plan politique. La plupart des pays arabes ont d’autres préoccupations que la Palestine et peuvent nouer des relations positives avec un État dont le degré de développement peut être un levier pour l’ensemble de la région. Le nationalisme arabe s’est replié sur des patriotismes nationaux, l’islamisme est clairement l’ennemi de l’Occident. La solution d’un seul État est la plus réaliste, mais elle laisse subsister le problème le plus épineux : celui de la population arabo-musulmane sur le territoire du Grand Israël, tant en ce qui concerne ses droits que son évolution démographique.

Contrairement aux apparences dessinées par la majorité des médias, la politique de Trump qui était proche de cette orientation était la plus réaliste. L’arrivée de Biden est une mauvaise nouvelle pour Israël, et pour le monde. L’un des conflits les plus dangereux vient de se réveiller !

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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