Confort ou élégance, faut-il choisir ?

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L’abus du port de la basket serait mauvais pour la santé ? Allons donc ! Je soupçonne les fabricants de cirage et les marchands de chaussures classiques d’ourdir un complot dans le but de reprendre le pas afin de relancer le bon vieux mocassin et le richelieu, tous deux menacés d’extinction. Serait-ce une riposte à mon précédent article où je relatais la complainte des cireurs de pompes, les vrais et non pas les flagorneurs qui, eux, sont plus fringants que jamais. Après les pro et anti-vax, le conflit russo-ukrainien et l’utilisation du 49.3, je ne voudrais pas être responsable d’une guerre sanglante entre les porteurs de mocassins à glands et les marcheurs en baskets. La France est déjà assez secouée et je me suis fait beaucoup d’ennemis avec mon combat contre le port des tongs… Eh oui, j’aime la polémique - faire la guerre avec les mots -, mais mon sens de la diplomatie domine dès que les vrais sujets refont surface. La vie comme les êtres sont pleins de contradictions, de paradoxes et de surprises jusque dans les détails vestimentaires.

Me voici tourmenté : je dois vous avouer être écartelé entre l’élégance et le confort ! Je porte des baskets chez moi pour soulager mes cervicales et je chausse des richelieus pour aller à la messe. Misère ! Voici que les baskets seraient nuisibles aux pieds. Cela me fait penser à des médicaments dont les effets secondaires seraient pires que le mal qu’ils prétendent combattre ! Et moi qui pensais me faire du bien. Et mes charentaises ? Sont-elles bénéfiques ou néfastes ? Il serait trop facile de s’en tirer par une pirouette en affirmant que cela vous fait une belle jambe. Le sujet est trop sérieux pour l’escamoter par une galéjade. Il faut souffrir pour être belle, dit l’adage. Les femmes qui enfilent des stilettos le savent. Les moines portent une austère coule pour encourager l'isolement méditatif. L’exigence du Seigneur n’est pas dans les effets mais dans l’effort ! Je suppose qu’il accorde davantage d’importance à l’élégance morale qu’à celle de l’accoutrement. Néanmoins, un homme ou une femme du monde doit s’attacher aux deux. La coquetterie n’est pas un péché et le raffinement est une recherche rigoureuse de l’harmonie entre sa personnalité profonde et l’apparence offerte au public. Certains appellent cela le dandysme. L’habit ne fait pas le moine, mais il y contribue sacrément, si j’ose dire.

J’admirais mon père, ancien officier de cavalerie, qui portait une cravate pour aller à la superette du quartier ou à la réunion des copropriétaires. Je ne l’ai jamais vu en baskets. Il commandait des centaines d’hommes et moi je ne commande que des ballons de blanc au zinc ! Quelle déchéance ! Il me reste l’élégance pour sauver un zeste de prestige, mais ça me coûte ! Pour les êtres un peu trop fragiles, comme dirait Alain Souchon, certaines marques de chaussures ont compris qu’elles pouvaient tenter de réconcilier l’élégance avec le confort ! Enfin des commerçants qui me comprennent ! Rendons grâce à ces marchands du temple qui prennent soin des pieds du pèlerin ! Ils seront pardonnés de leur avidité. Je ne puis faire de publicité, mais j’ai trouvé une marque qui me permet de chausser d’élégants souliers sans trop souffrir à la fin de la journée. Cela dit, l’article ne le dit pas, mais la meilleure façon d’éviter la tendinite est de bannir le sport. Pas de sport, pas de basket ! Des bottes de cuir aux messieurs pour claquer des talons, des escarpins pour les dames, et la vie sera tellement plus belle. Tout plutôt que l’avachissement !

Charles-Henri d'Elloy
Charles-Henri d'Elloy
Écrivain, polémiste

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Dans le règlement du colège ou j’étais le port des baskets était interdit en dehors des heures de « gym », le jean, ( prononcé: jan par mon beau-père), était entièrement interdit et dans le règlement du collège nous pouvions trouver: « Lorsqu’un col appelle une cravate il faut savoir répondre à son appel », bien des élèves y répondaient et des photos de classes de l’époque en sont les témoins. Mon père y répondait tous les jours, agriculteur et éleveur il la portait sur son tracteur comme en soignant ses bêtes, il est vrai que ce n’était pas une cravate de soie mais je vous défi de trouver un éleveur au mois d’août porter une cravate en soignant ses moutons! Mais tout cela c’était avant, il y a 25 à 50 ans. Aujourd’hui c’est casquette à l’envers, jean troué (bien sur volontairement), tee shirt arborant toute sorte de slogans et « réclames » et baskets informes. Les placards sont certainement trop petits pour loger les accessoires mis au rebut.

  2. Merci infiniment pour ce superbe article, ode à l’élégance et au raffinement dont les  » souliers » revendiquent et portent les lettres de noblesse !
    Personnellement je n’en peux plus de cette mode envahissante des baskets qui chaussent toute la planète ne faisant plus aucune exception pour les porteurs de costumes, smokings et robes de mariée ! Même si les richelieus et mocassins à glands semblent un peu démodés, il existe toujours de très jolis souliers aussi confortables et tellement plus esthétiques que ces baskets de plus en plus immondes, énormes et ultra colorées infligées par les  » créateurs de mode  » !

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