Conseil européen: l’Allemagne représente la France en plein débat sur l’Ukraine

Scholz incarnera-t-il une vision française ou en profitera-t-il pour affirmer la position allemande ?
Capture écran TV5 Monde
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Alors qu’Emmanuel Macron se trouve à Mayotte pour gérer les terribles conséquences du cyclone Chido, la France sera représentée par le chancelier allemand Olaf Scholz au Conseil européen des 19 et 20 décembre. Une situation inédite qui interroge, notamment au regard d’un ordre du jour où dominent les discussions sur un nouveau paquet d’aides financières et militaires à l’Ukraine, alors même que la Cour des comptes européenne, par la voix de son président Tony Murphy, a déjà mis en garde contre une absence de planification et de contrôle dans les dépenses engagées pour Kiev - 160 milliards d’euros pour la seule aide financière depuis le début de l'invasion russe.

Aides à l’Ukraine

Le Conseil européen doit se pencher sur la proposition d’un nouveau soutien financier à l’Ukraine, dont les besoins économiques et militaires se chiffrent en dizaines de milliards d’euros. Si l’Union européenne s’était déjà engagée à verser 50 milliards d’euros sur quatre ans, des voix s’élèvent pour dénoncer un dérapage financier. En octobre 2023, Tony Murphy, président de la Cour des comptes européenne, soulignait déjà à plusieurs reprises des « dépenses sans vision claire de remboursement et un contrôle insuffisant des flux financiers ». Une critique qui semble toujours fondée, à l’heure où les États membres doivent se prononcer sur de nouvelles contributions dans un contexte de ralentissement économique en Europe.

Par ailleurs, la solidarité européenne peine parfois à masquer des intérêts nationaux divergents. L’Allemagne, principal contributeur de l’UE, semble déterminée à maintenir l’aide à Kiev, en partie pour des raisons stratégiques énergétiques et industrielles. En revanche, certains pays d’Europe centrale et orientale expriment des réticences, face à une inflation galopante et à des budgets nationaux sous tension. L’absence - contrainte - d’Emmanuel Macron laisse les mains libres au chancelier allemand de renforcer son leadership européen - alors même qu’au niveau national, il est au plus bas.

Emmanuel Macron absent : une chance pour l’Allemagne ?

Outre l’Ukraine, le Conseil abordera la coordination budgétaire européenne. Avec une inflation persistante et des tensions économiques, l’UE doit arbitrer entre solidarité et responsabilité fiscale. Le chancelier Scholz, en représentant la France, s’exprimera également sur des sujets tels que l’élargissement de l’UE et les défis migratoires. Mais sa position pourrait refléter davantage les priorités allemandes, notamment la réticence de Berlin à durcir les règles fiscales.

Cette situation pourrait affaiblir l’influence de la France, alors que le Président Macron s’est souvent érigé en champion de l’autonomie stratégique européenne. En l’absence d’une voix française claire, la représentation allemande pourrait être perçue comme une occasion, pour Berlin, de renforcer son leadership. L’Allemagne, elle-même contributrice majeure, semble toutefois privilégier un soutien inconditionnel, au risque de fissurer le consensus au sein de l’Union. En filigrane, cette posture pose la question : Scholz saura-t-il incarner une vision française plus mesurée ou en profitera-t-il pour affirmer la position allemande ?

Vos commentaires

89 commentaires

  1. L’Ukraine ne nous concerne en rien, Macron y a gaspillé 40 milliards de nos impôts en pure perte. Seul avantage : Scholz cherche la paix, contrairement à notre agité. Mais, les Allemands soutiennent le Mercosur, chacun voit selon ses intérêts.

  2. Ah, le sens des priorités de E.Macron ! De la figuration, de la figuration ! ( et vite claquer le pognon du contribuable ).Qu’apporte-t-il de plus à Mayotte, sinon gêner les secours ?

  3. La France absente ? Présente ou absente cela ne change rien, ni pour le mercosur, ni pour l’Ukraine, ni pour le prix de l’énergie, ni pour rien. La France n’est plus qu’une colonie de l’UE et donc des USA. Elle n’existe plus géopolitiquement et elle avance à rebours.

  4. La délégation d’un pouvoir français au chancelier allemand à propos d’une aide contestable à l’Ukraine compte-tenu de notre situation économique désespérée, semble d’une lâcheté incompréhensible de la part du président. Macron 1er va à Djibouti pour passer noël avec les troupes au lieu de faire son job. Voilà une attitude tout à fait scandaleuse. Et dire qu’on accusait BAYROU d’aller à Pau pour assister à un conseil municipal au lieu de se rendre à Mayotte. A quoi jouent nos plus hauts représentants de l’Etat ? Quand finira ce manège en folie qui vire au cauchemar ? MM. reprenez-vous !! Tout le monde vous regarde avec une inquiétude partagée par tous les Français ! Pendant ce temps, la Chine se réarme fortement et s’active sur l’occupation économique de l’Amérique du sud au grand dam des Américains ….

  5. Avant de se demander combien on va donner à l’Ukraine, il faudrait commencer par se poser la question de savoir qui en profite……ce n’est sans doute pas perdu pour ceux qui, en Ukraine, n’ont aucune hâte à voir le conflit s’arrêter, malgré les morts qui s’alignent chaque jour.

  6. A quoi sert de poursuivre ce conflit à part anéantir l’Ukraine qui a déjà perdu tellement de combattants ? La meilleure façon de pousser à la négociation c’est d’arrêter toute aide militaire. Et ce fou de Zelensky qui veut entrer dans l’Otan…

      • On est au moins 3 à penser ainsi. Je vois qu’il y en a d’autre aussi sur le réseau. Mais la masse est encore tête baissée dans le narratif bienpensant.

    • macron l’avait pourtant hurler « C’EST MON PROJET ! … »
      Il va réussir SON projet avant la fin de son deuxième mandat ! …

  7. « L’absence – contrainte – d’Emmanuel Macron ». Où avez vous vu que cette absence était contrainte? Non, il s’agit d’une excuse, car même au cas où sa visite était indispensable, en partant le mardi 17, il pouvait se rendre au Conseil européen le 19. Il n’est pas tenu à des vols réguliers.

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