Conservateur américain et inventeur du talk-show radiophonique, Rush Limbaugh, c’était la voix de l’Amérique

Rush Limbaugh

Le signal rouge « ON AIR » à l’entrée du studio de Premiere Radio Networks où se déroulait, pendant trois heures chaque après-midi, le Rush Limbaugh Show Live depuis des décennies est resté éteint comme son dernier cigare. La voix la plus vraie de l’Amérique diffusée sur les ondes s’est tue. Rush Limbaugh, c’était la voix du conservatisme américain, mais d’un conservatisme divertissant qu’écoutaient 15 millions d’Américains sur les longues routes américaines limitées à 65 miles/h, dans la cabine d’un Peterbilt de 37 tonnes roulant à 55 miles/h sur les interminables highways, dans la boutique du coin de la rue ou dans la cuisine en buvant une grande tasse de café.

Cinq jours par semaine, le thème de la chanson "My City Was Gone" des Pretenders annonçait le Rush Limbaugh Show qui chevauchait les fuseaux horaires les uns après les autres, à partir de midi, heure de l’Est, à la conquête de l’Ouest sur la bande FM, relayée par plus de 600 stations de radios américaines suivies par jusqu’à 27 millions d’auditeurs par semaine.

Le Rush Limbaugh Show, talk-show national le plus écouté en Amérique depuis plus de trente ans, présentait la combinaison sans précédent de discussions sérieuses sur des questions politiques, culturelles et sociales, mâtinées d’humour satirique et mordant, parodiant des personnalités ou des sujets auparavant « intouchables ». Rush avait compris l’importance de la guerre culturelle. Il savait que les médias étaient plus puissants que les trois autres piliers du pouvoir.

L’an dernier au Congrès, lors du discours du président Trump sur l’état de l’Union, Melania avait décoré sous les ovations l’animateur de radio Rush Limbaugh de la médaille de la Liberté au nom de son mari. Certains législateurs démocrates ont été entendus gémir « oh non… » tandis que la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, l’un des sacs de boxe préférés de l’impétrant, était assise, pétrie d’un calme qui précédera sa crise d’hystérie quand, à la fin, elle déchire ostensiblement le discours du président.

À une question sur la façon dont il gérait la haine qu’il subissait, il avait répondu : « Il y a une bonne raison pour que les médias me détestent. Et une fois que j’ai compris ce fait - qu’il y a une raison pour qu’ils me détestent -, ça devient logique. L’une des choses les plus difficiles que j’aie dû faire a été d’apprendre à accepter psychologiquement le fait qu’être détesté était un signe de succès. La plupart des gens ne sont pas élevés pour être haïs. Nous sommes tous élevés pour être aimés. Nous voulons être aimés. On nous dit de faire des choses pour qu’on nous aime, qu’on nous apprécie et qu’on nous aime. On nous a élevés comme ça, on ne doit offenser personne, on doit être gentils. Tout le monde veut une acceptation totale. Tout le monde veut du respect. Tout le monde veut être aimé, et quand vous apprenez que ce que vous faites va engendrer la haine, vous devez apprendre à l’accepter comme un signe de succès. C’était un truc psychologique difficile pour moi. »

« Vous voulez savoir à quel point Rush Limbaugh a compté ? C’est bien simple, nous vivons tous dans le monde qu’il a créé à son image », soutient l’ancien animateur de radio Charles Sykes dans les pages du Washington Post. « Il a inventé un nouveau genre dans lequel le conservatisme pouvait être divertissant, voire franchement amusant. »

Rush, puisse Dieu donner à ta belle âme partie trop tôt, à 70 ans, un bel et chaleureux accueil au Paradis.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 16:35.
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Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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