Consommation et crise sanitaire : se faire livrer pour rester « confit-né » ?

ECOMMERCE

Avec l’annonce d’Amazon, cette semaine, d’« augmenter les salaires des employés des entrepôts dans le monde et recruter 100.000 personnes aux États-Unis pour faire face à l'afflux de commandes liées à la crise du nouveau coronavirus » (Le Figaro) se pose la question de notre manière de consommer.

Tandis que les uns espèrent la démondialisation et la relocalisation de nos industries, d’autres, tel ce sociologue, prévoient une accélération de la « e-life » : « La mise en quarantaine et l’injonction des pouvoirs publics à la “distanciation sociale” sont une bénédiction pour la société des écrans […] Du e-commerce aux e-conférences, en passant par les e-apéros, la dématérialisation va connaître une avancée spectaculaire », écrivait ainsi Rémy Oudghiri dans Le HuffPost.

S’il est trop tôt pour tirer des leçons définitives de cette crise mondiale, pour autant, il est surprenant de lire que le géant du commerce en ligne prévoit d’augmenter son personnel « pour que les autres puissent rester chez eux ». Certes, le communiqué d’Amazon annonce que cette augmentation lui coûtera plus de 350 millions de dollars, mais est-ce le prix à payer pour que des milliers de salariés risquent leur vie quotidiennement en évitant le confinement, augmentant la charge des personnels soignants déjà débordés ? N’a-t-on pas déjà assez lu, écrit, commenté sur les conditions de propagation ?

Grand Seigneur, Amazon déclare : « Nous savons combien de personnes ont perdu ou vont perdre leur emploi dans des secteurs comme la restauration, le tourisme ou les voyages à cause de cette crise, nous voulons que ces personnes sachent qu'elles sont les bienvenues dans nos équipes jusqu'au retour à la normale et au moment où leurs employeurs passés pourront les reprendre. » Nouvel esclavagisme moderne ?

Que celui qui n’a jamais commandé en ligne lui jette la première pierre. Avant d’accabler Amazon, rappelons que l’enseigne ne fait que répondre à l’explosion des commandes. Cette dernière promet de « verser jusqu'à deux semaines de salaire à ses employés contaminés par le nouveau coronavirus ou placés en quarantaine ». Interrogeons-nous avant de cliquer sur notre panier pour nous faire livrer tranquillement dans notre canapé, confits et bien au chaud, nous imposons à d’autres, livreurs, routiers, de sortir travailler.

Inversons ces tendances et gageons qu’à l’issue de cette crise, nous aurons envie de nous retrouver. Nos liens sociaux en seront renforcés et nous cultiverons cette habitude, voire ce plaisir de consommer dans nos quartiers. En attendant ce jour, rappelons que la plupart des marchés maintiennent leur activité, que les producteurs locaux ont besoin eux aussi d’être encouragés et qu’il est beaucoup plus « sain-pathique » d’acheter ses courses au grand air que confiné dans les allées d’un supermarché.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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