Contre les ZFE, dans 12 villes, des milliers de gueux et de motards en colère

À quelques jours d'un vote crucial des parlementaires, les anti-ZFE se sont fait entendre à Paris et en Province.
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Ce dimanche 6 avril, plus de 2.000 motards, rejoints par des centaines de Parisiens, ont effectué un rassemblement statique devant l’hôtel de ville de Paris afin de demander la suppression définitive et totale des zones à faibles émissions (ZFE) en France. Un beau pied de nez à Anne Hidalgo, le maire de Paris ayant demandé, à l’instar du ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, que soient maintenues les restrictions de circulation dans l’agglomération parisienne. En province, aussi, les anti-ZFE se sont mobilisés, dans une douzaine de villes, dont Lyon, Strasbourg, Brest ou encore Toulouse.

Des « Gueux » et des motards

Après le vote en commission de l’Assemblée nationale, le 26 mars, d’un amendement supprimant les ZFE, la question doit revenir dans l’Hémicycle, cette semaine, et faire l’objet d’un vote sur sa suppression définitive. Dans cette perspective, la mobilisation de dimanche, à l’initiative du mouvement « Les Gueux » et de la Fédération des motards en colère (FFMC), a été un beau succès, même si elle a été invisibilisée par les chaînes de télévision, qui s’étaient focalisées sur les rassemblements parisiens du RN place Vauban, de LFI et d’EELV place de la République et de Renaissance à Saint-Denis.

Joint par BV, Alexandre Jardin, fondateur et animateur du mouvement « Les Gueux », dont c’était « la première manif », s’est dit surpris de l’ampleur de la mobilisation, et plus encore de l’ambiance. « C'est très rare que les Français se comportent comme ça, parce qu'on est un peuple habitué à se taper dessus », réagit l’écrivain auprès de BV. Son livre Les #Gueux (Éditions Michel Lafon) s’est déjà vendu à plus de 50.000 exemplaires en quelques jours, malgré des ruptures de stock. Ce qui frappait, aussi, c’était la diversité des publics présents. « Entre le motard casqué et bardé de cuir et la petite dame, ce n'étaient pas les mêmes profils », souligne Alexandre Jardin, « mais ce sont les Français. Et parmi ceux qui ont pris la parole, il y avait un maire rural qui a fait cinq heures de route depuis le Puy-de-Dôme pour dire certaines choses devant la mairie de Paris. Pour parler de l'exclusion réelle de la ruralité et crier que les ZFE, c'est le sommet. »

Un mouvement transpartisan

Pour le coordinateur des motards de la FFMC Paris et Petite Couronne, interrogé par BV, « ce qui a eu lieu dimanche est à la fois nouveau pour nous et tout à fait intéressant. En général, on fait des manifs roulantes de motards », note Jean-Marc Belotti, mais « là, on s’est arrêté de rouler pendant deux heures, et il y avait avec nous des cyclistes, et puis aussi des piétons, des Parisiens qui n'ont pas de voiture et ne sont donc pas concernés par les ZFE, mais qui nous ont rejoints en disant que c'était effectivement une dégradation sociale et qu'ils n'étaient pas du tout d'accord avec ça ». Sur un débat éminemment politique, la question se pose de savoir comment un mouvement se voulant transpartisan doit se comporter vis-à-vis des partis politiques. « On a été approchés par divers partis. Nous leur avons dit qu’ils pouvaient bien sûr venir, mais nous avons refusé à leurs représentants de venir parler », explique Jean-Marc Belotti, « parce que nous ne voulons pas être récupérés. On ne veut pas faire comme les gilets jaunes qui se sont laissés berner comme des enfants. Nous avons privilégié des élus locaux venus témoigner de leur expérience concrète. »

À cette mobilisation contre les ZFE sont donc déjà venus se greffer de nombreux élus locaux, à titre individuel, mais aussi de nombreuses organisations d’usagers (la FFMC, 40 millions d’automobilistes, la Ligue de défense des conducteurs), mais aussi de paysans, d’artisans et même de forains… « Ce qui est très important à préserver », rappelle Alexandre Jardin, « c'est non seulement le gagne-pain de tous ces gens-là, mais c'est aussi notre fond de culture populaire. Sinon, on finira avec des parcs à thèmes, avec des actionnaires mondiaux. »

Si jamais la suppression des ZFE n’était pas définitivement entérinée, Jardin et Belotti prévoient une forte montée en puissance du mouvement, qui afficherait alors son identité au moyen d’un ruban vert, à porter en brassard ou à accrocher sur son véhicule.

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Bonne idée que de trouver un signe distinctif pour afficher son mécontentement , mais difficile de faire mieux que le gilet jaune .
    Un brassard vert me rappellerait Marine Tondelier , et ça c’est incompatible avec mes idées .

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