Contre les ZFE : une offensive parlementaire et une pétition

« Je ne fais pas de débat télévisé, car personne n'ose venir défendre les ZFE », déplore Pierre Meurin, député du Gard.
Pierre Meurin, député du Gard
Pierre Meurin, député du Gard

Progressivement mais sûrement, la fronde engagée contre les zones à faibles émissions (ZFE) monte en puissance. Le 18 mars, le député RN du Gard, Pierre Meurin, s’est fendu d’une question au gouvernement pour en demander l’abrogation, profitant de l’occasion pour relayer une pétition parlementaire lancée par Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes, désormais associé dans ce combat à l’écrivain Alexandre Jardin, fondateur du mouvement protestataire Les Gueux.

Des premières victoires prometteuses

BV avait signalé, le 13 février dernier, que les anti-ZFE avaient déjà remporté une première victoire. Laurent Jaoul, maire sans étiquette de Saint-Brès, avait réussi à entraîner ses collègues de la métropole montpelliéraine pour faire pression sur le maire de Montpellier et obtenir finalement un moratoire sur la ZFE locale. Le 3 mars, c’est à Bruxelles que les anti-ZFE gagnaient à distance et indirectement un nouveau combat. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, renonçait en effet aux très lourdes amendes qui auraient dû frapper les constructeurs automobiles ne respectant pas les niveaux d’émission de gaz carbonique prévus au calendrier de suppression progressive des véhicules thermiques. Un recul historique, justifié par un écroulement des ventes de véhicules électriques rendant impossible le respect des objectifs, et indispensable afin d’éviter que les pénalités encourues ne mettent la plupart des constructeurs européens en quasi-faillite sur un marché déjà très difficile.

Coup de frein à Strasbourg

Autant dire que la situation commence à se débloquer, comme le confirme Pierre Meurin à BV : « Des dérogations ont déjà été accordées par quelques collectivités, y compris Paris et Lyon. » Et l’exemple de Strasbourg est intéressant, puisque « les véhicules Crit'Air 3 auraient dû y être interdits au mois de janvier, mais finalement, ils ont repoussé cette mesure à 2027 et seuls les Crit'Air 4 et 5 restent concernés. » Pour le député du Gard, « ce sont des petits exemples, tout cela se fait à bas bruit, mais en fait, tout le monde a compris. D’ailleurs, je ne fais pas de débat télévisé pour une raison simple, c'est que je n'ai pas de contradicteur en face de moi. Les journalistes m’ont expliqué que plus personne ne veut venir défendre les ZFE sur un plateau télé. »

Pluie de PV en perspective

Aujourd’hui, dans toutes les ZFE, des amendes sont déjà prévues pour les contrevenants - 68 euros pour les véhicules légers (moins de 3,5 tonnes) et 135 euros pour les poids lourds - mais les verbalisations restent, semble-t-il, très rares. « En effet, c’est en 2026 que l’on va assister à un sérieux durcissement, puisque l’interdiction du Crit'Air 3 entrera en vigueur dans la plupart des agglomérations », prévient Pierre Meurin. « Mais surtout, on verra apparaître les radars à lecture automatique de plaques d'immatriculation. Et là, les effets réels des ZFE seront effectifs pour environ un tiers des Français, comme l’a justement fait remarquer Alexandre Jardin. » Et les particuliers ne sont pas les seuls touchés. « Les ZFE sont un vrai problème, pour les professionnels. J'en ai parlé avec des industriels, et notamment avec des représentants du BTP. Des milliers d’entreprises et artisans du BTP qui travaillent avec des camionnettes roulant au diesel qui ne pourront plus accéder aux chantiers. J’envisage, d'ailleurs, d’acquérir une camionnette et de la floquer "#StopZFE". »

Une pétition à succès

Comme l’a bien noté le magazine Auto Moto, la pétition lancée par 40 millions d’automobilistes et Alexandre Jardin, et demandant l’abrogation des ZFE, « connaît un succès fou ». Lancée le 14 mars, elle a déjà recueilli plus de 22.000 signatures, à l’heure où nous écrivons. Le principe de cette pétition « parlementaire » est le suivant : dès 100.000 signatures, la pétition est mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale afin de gagner en visibilité. Et « la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale peut décider d'organiser un débat en séance publique sur une pétition ayant recueilli au moins 500.000 signatures, issues d'au moins 30 départements ». Se confiant à BV, Pierre Chasseray s’est réjoui des premiers résultats obtenus : « C’est le meilleur départ obtenu, jusqu’à présent, pour une pétition parlementaire. Et c’est d’autant plus encourageant que la procédure est spécifique : pour voter, il faut s’identifier via France Connect, ce qui peut rebuter nombre de pétitionnaires. » L’autre bonne nouvelle, ajoute le délégué général de 40 millions d’automobilistes, « c’est la rencontre avec Alexandre Jardin. Nous étions très seuls, quand nous avons commencé le combat contre les ZFE. Son arrivée nous a fait du bien et j’ai découvert quelqu’un d’exceptionnel, dont l’engagement est totalement désintéressé car il n’a rien à gagner. »

Prise de conscience

« J'ai beaucoup apprécié l’intervention de Pierre Meurin à l’Assemblée nationale et, au-delà, son engagement fort sur la question des ZFE. Il appelle à la prise de conscience et sur une proposition transpartisane, et cela, c’est vraiment bien », remarque Pierre Chasseray, qui rappelle être tombé d’accord, dans le passé, avec un parlementaire sur le fait que la solution au problème posé par les ZFE passe par le contrôle technique automobile : « Aujourd’hui, cet ancien sénateur est le ministre des Transport. J’ai confiance en Philippe Tabarot. Il doit, certes, tenir compte d’opinions divergentes au sein du gouvernement, car j'ai entendu les propos d'Agnès Pannier-Runacher, hier, et je n'ai pas de mots. Mais lui veut trouver une solution et ne se reniera pas. » Affaire à suivre, donc.

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Les allemands » nos fiancés « si ecolos pastèque qui ont écarte le nucléaire,et remis en route leurs mines et centrales au charbon,sont en train de supprimer leurs zfe….nul doute qu’il faut y venir..c’est une ineptie environnementale discriminant…

  2. Les ZFE mettent en place une ségrégation entre ceux qui du fait de leur moyen financier peuvent changer souvent de véhicule et ceux qui ne pouvant le faire sont obligé de soit quitter la ou ils vivent pour les banlieues des villes ou bien vendre leur véhicule et n’utilisez que les transports en communs pour ce déplacer ; cela va a l’encontre du principe d’EGALITE entre les citoyens , principe qui est inscrit sur le fronton de la République .

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