Contre une « perte d’identité », ils demandent le retour du beau en urbanisme 

Le Plessis-Robinson accueillait le premier congrès des « maires pour la renaissance urbaine ».
© Chabe01 - Wikimedia Commons
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« Quand je suis arrivée au Plessis-Robinson, je me suis dit "Waouh !" » Ce 11 février, des élus des quatre coins de l’Hexagone, des architectes, des urbanistes et des défenseurs du patrimoine, s’étaient donné rendez-vous au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) pour le premier congrès des « maires pour la renaissance urbaine ». Au programme : un plaidoyer pour le retour du beau dans nos villes.

Le Plessis-Robinson, ville modèle

Loin du cliché de la banlieue parisienne, Le Plessis-Robinson vous accueille dans un cadre unique. Des immeubles néo-classiques aux jolis lampadaires, en passant par des rues dégagées et des espaces verts… La commune, réhabilitée sous l’impulsion de Philippe Pemzec, maire depuis 1989, offre un nouveau visage après des années de communisme. « C’était une poubelle, avant », nous confesse l’édile qui a décidé, dès son premier mandat, de réhabiliter la ville. Un sentiment partagé par Yves Bovero, directeur de la SEMPRO, la société qui a participé au réaménagement de la commune, et qui se souvient qu’à la fin des années 1980, Le Plessis-Robinson avait « connu toutes les erreurs architecturales ». Aujourd’hui, tous deux sont fiers du travail accompli. Un travail également salué par le député LR Philippe Juvin, ancien maire de La Garenne-Colombes, lui aussi présent à ce congrès.

Mais ce changement de visage ne s’est pas réalisé en une fraction de seconde. Il a fallu « du temps et de la volonté », rappelle Yves Bovero. « Du temps et de la volonté » pour reprendre en main la politique des logements sociaux, la maîtrise du foncier et la maîtrise du peuplement. Car, comme de nombreux interlocuteurs l’ont souligné, Philippe Pemzec est l’un des rares maires à assister à l’ensemble des commissions d’attribution des logements sociaux. Après une trentaine d’années à la tête de la ville, l’élu peut également se targuer d’avoir drastiquement réduit la proportion de HLM dans sa ville (de 72 %, quand il est arrivé, à environ 30 %, aujourd’hui) sans diminuer leur nombre, et surtout de les avoir mieux répartis sur le territoire. Résultat : la ville semble plus harmonieuse et les habitants heureux. « Environ 96 % des Robinsonnais recommandent leur commune », souligne le maire, un sourire satisfait sur les lèvres. Car Philippe Pemzec en est persuadé, tout est lié : « Quand les gens vivent dans un décor agréable, ils sont plus heureux. »

Identité des terroirs

Ce travail que Philippe Pemzec réalise au Plessis-Robinson, ils sont nombreux, en ce 11 février, à vouloir l’exporter dans d’autres communes de France. Alexandre Avril (UDR), maire de Salbris (Loir-et-Cher), élu en 2020 et convaincu que « la beauté est pour le plus grand nombre », commence un chantier similaire sur sa commune. Il a pu remettre de l’héraldique et, en centre-ville, de nombreuses façades ont déjà retrouvé leurs traditionnels colombages solognots. Tous semblent convaincus : si, à court terme, le beau peut coûter plus cher, à long terme les communes ont tout à y gagner. Hausse de valeur des biens, bien-être, résistance aux aléas… Les avantages sont nombreux.

Au-delà de ses avantages, réhabiliter l’urbanisme des villes en l’inscrivant dans un patrimoine architectural participe surtout au combat pour la défense de l’identité de nos terroirs. « Avant, quand on était à Dunkerque, on le savait rien qu’en regardant les façades autour de nous. Quand on était dans le Sud, c’était pareil. Maintenant, tout se ressemble », se désole Alexandra Sobczak-Romanski, présidente fondatrice d’Urgences Patrimoine, une association qui défend le patrimoine français contre ceux qui aimeraient le remplacer, voire le détruire. « Ces cubes en béton [que l’on voit dans toutes les villes], c’est une perte d’identité de la France », ajoute celle qui encourage le travail de ces maires qui s’investissent pour sauver l’urbanisme, et donc le patrimoine, de leur commune.

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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Ce 11 février, des élus des quatre coins de l’Hexagone, des architectes, des urbanistes et des défenseurs du patrimoine, s’étaient donné rendez-vous au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine)…. pour précision l’hexagone est un polygone à 6 côtés, six sommets…… difficile de faire quatre coins!!!

  2. Je me souviens de l’exemple de Montpellier où un maire, socialiste, George Freche, avait rénové tout un quartier, Antigone, pour en faire un endroit superbe, à l’architecture soignée, et où il fait bon vivre et se promener.

  3. L’architecture joue un rôle majeur dans l’art de vivre des habitants. Depuis 30 ans tout se passe comme si la recherche de la beauté avait disparu. Je crois que nos architectes sont désormais formés à empiler des conteneurs sur lesquels ils plaquent quelques fioritures disgracieuses. Les toitures ont disparu et aucune harmonie générale n’est recherchée. C’est un signe de régression, peut être due à la contrainte du moindre coup.

  4. Vivant en périphérie d’une ville du Centre, je constate 1) Que les très nombreux chantiers d’habitation en cours se font sur des friches industrielles – Où sont nos usines aujourd’hui ? 2) Que dans leur enfance tous les architectes n’ont joué qu’au Légo – Y a t’il encore des endroits où l’on apprend l’architecture ?

  5. Mon Grand-Père avait fait dans les années 1920 ses études au Havre. Il en parlait toujours comme d’une ville magnifique au style normand, maisons à colombages, etc. Puis arrivèrent les destructions massives dues à la guerre, et la nécessité de reloger les gens en urgence. Que la beauté n’ait pas été la préoccupation première d’une France ruinée et ravagée est tout à fait logique. Le problème c’est que par la suite, on considéra que les bâtiments de Perret, Le Corbusieer et autres « architectes » (sic) du même acabit, faits de béton brut constituaient l’alpha et l’Omega de l’architecture contemporaine et qu’il fallait classer ces mer… comme bâtiments historiques au lieu de les raser pour reconstruire dans le style traditionnel. De ce point de vue, je pense que la France serait bien inspirée de regarder ce qui a été fait récemment à Dresde qui a été reconstruite à l’identique en lieu et place des saletés soviétiques de la RDA. La même chose a également été faite à Berlin ou on a reconstruit le palais impérial ( à vérifier qu’il s’agit bien de ce bâtiment) en lieu et place du « magnifique » (sic) Palais de la République de RDA voulu pour Ulbricht ou Honecker. Avec un peu de temps, et en faisant confiance aux promoteurs privés, mais également en simplifiant à l’extrême les plans d’urbanisme, on pourrait reconstruire nos villes en leur redonnant leur âme.
    Et si on aime aussi les gratte-ciels, ce qui est mon cas, qu’on continue à en construire de plus hauts et de plus beaux, mais à la Défense ou à la Part-Dieu.

    • Ah ah ! j’ai connu mieux : Une cousine se lançant (par atavisme familial ) à 18 ans dans les études d’archi, avec un bac »D » (biologie ?) , nulle en géométrie et en dessin le plus élémentaire..

  6. C’est sans doute l’occasion de mettre en lumière l’excellent travail, dans ce domaine, effectué par Robert Ménard dans sa bonne ville de Béziers.

  7. Force est de constater, que d’anciennes villes tenues par la droite comme, Grenoble, Lyon, Nantes, bordeaux pour n’en citer que quelques unes, étaient accueillantes, agréables à vivre, belles et sécurisées. Reprise par de des bobo/gaucho/écolo sont devenues des cités dangereuses, sales, où prolifère la délinquance et sa suite liée au trafic de drogue.

    • Nombre de villes laissées aux communistes se sont considérablement dégradées, comme Grasse, il y a quelques années . Il faut dix à vingt ans pour réhabiliter.

  8. Il ne faut pas oublier qu’il y a dans de nombreuses régions de France des styles et des techniques de construction adaptés aux particularités environnementales (on ne construit pas dans un village de Savoie comme dans un autre village de Normandie), il y a aussi la présence d’artisans locaux qui ont laissé leur marque sur les constructions (les églises sont une bonne illustration de cette diversité architecturale). Il y a eu bien sûr le style « brutaliste » en béton brut (il ne manquait que l’étoile rouge au sommet des immeubles) propre aux banlieues. Aujourd’hui, la tendance est tout de même assez moche et uniforme, même si on sait faire du beau. La diversité, oui, mais pas dans l’architecture !

  9. Il y a deux jours Macron 1er Imperator des Français et Pape du Bon Goût Français faisait visiter l’Elysée au « journaliste » de CNN Richard Quest. Ce fut l’occasion de découvrir le magnifique salon Pompadour revu et corrigé par un enfant de 5 ans barbouillant les murs !
    Rappelons nous également les phrases de notre nouveau ministre de l’économie expliquant qu’il faut mettre des HLM partout partout !
    Je pense que plutôt que de faire des petits calculs de boutiquier le RN devrait censurer le gouvernement car cela abrègerait le mandat de Macron et nos souffrances par la même occasion.

    • Ah, mais même des HLM peuvent, à condition de le vouloir, être établis dans le respect du style urbain dominant; Habitation à Loyer Modéré concerne le contenu, pas la forme.

      • Anne Hidalgo a parfaitement suivi vos préconisations en installant, par droit de préemption systématique interposé ayant mis les finances de Paris sur la paille, des HLM, rue de Rivoli ou dans le 16ème. Le camarade Brossat, chargé des ces questions fut récompensé de son « magnifique » travail en étant élu (c’est à dire coopté) sénateur…

  10. Deja supprimer l’obligation d’isoler les murs par l’extérieur.
    On arrive a des maisons boite de polystyrène partout .
    Mêmes façades du nord au sud.

  11. Le Plessis-Roobinson est une réussite.
    Espérons que de nombreuse autres villes, au lieu de « faire » des ronds-points, s’occupent de l’harmonie de leur ville, sans oublier les horribles entrées de ville constituées de centres commerciaux.

    • Les ronds points sont une très bonne chose. Cela évite bien des accidents. De plus beaucoup sont fleuris et/ou arborés. Les centres commerciaux en entrée de ville sont progressivement en train d’être améliorés sur le plan esthétique, les grandes enseignes qui les exploitent étant parfaitement consciente de ce problème d’esthétique. Là aussi, la plantation d’arbres et des fleurs viennent dissimuler des bâtiments utilitaristes.

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