Contrôle social : après le conditionnement, le comportement
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Ses prévisions sont devenues réalité et une nouvelle phase est engagée dans le contrôle des pensées, la soumission des volontés, la confiscation des libertés. Par la voie légale, caractéristique de tout label totalitaire, entre les mains de dictateurs d’un nouveau genre, technocratique et financier.
Dans ce contexte, la référence honteuse à Trotski, dans la carte ahurissante de vœux officiels du préfet de police de Paris Didier Lallement, est significative de l’égarement des autorités et de la banalisation de l’inacceptable finalement accepté par le plus grand nombre. Chacun a les références qu’il veut, mais à titre privé. On peut comprendre que les envolées lyriques d’un Président autoproclamé providentiel donnent des ailes à un fonctionnaire effacé, engoncé dans un costume austère. Mais qu’il abuse de son titre pour imposer la référence indécente et provocante d’une idéologie tortionnaire qui a fait des dizaines de millions de victimes innocentes, est inacceptable. Pourtant, de nombreux Français à l’esprit engourdi ne perçoivent pas la violence inouïe contenue dans cette référence monstrueuse. Ils préfèrent ergoter sur la pertinence des termes employés sans s’offusquer de la citation officielle d’un des auteurs de la terreur rouge.
La prophétie d’Orwell désormais accomplie, Eugène Ionesco prend le relais avec Rhinocéros, nouvelle de l’absurde publiée en 1957, d’une actualité glaçante. Dans une ville où les habitants prennent l’apparence contagieuse d’un rhinocéros, le personnage principal, Bérenger, est le seul à réagir humainement et à s'affoler face à la métamorphose totalitaire de la société. Le passage insolite d’un rhinocéros dans la rue ne suscite que des commentaires superficiels. Un logicien (le scientifique institutionnel d’aujourd’hui) s’impose par la raison avec des syllogismes déplacés du style : « Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. » Aujourd’hui, il nous dit : tout malade mort du Covid est un homme. Nous sommes tous des hommes, donc nous serons tous contaminés et allons tous mourir du Covid… à moins de se conformer aux prescriptions sanitaires ! Au deuxième passage, les commentaires ergotent sur son identité car certains croient avoir vu une seule corne au lieu de deux, différence alors discutée entre un rhino d’Asie et un d’Afrique (on pense, naturellement, à la mutation du Covid). Dans la troisième scène, le rhino démolit un escalier en bois ; les récriminations portent alors sur les demandes sans suite à la direction générale de construire un escalier en ciment. On se rend alors compte que le rhinocéros est la métamorphose d’un homme du quartier, et les pompiers signalent un nombre croissant de pachydermes.
À l’un qui ne veut pas se faire soigner parce que « les médecins inventent des maladies qui n’existent pas », l’autre répond qu’ils « le font pour le plaisir de soigner les gens, guérissant les maladies qu’ils inventent ». Une réplique fait froid dans le dos : « On s’y habitue, vous savez. Plus personne ne s’étonne des troupeaux de rhinocéros parcourant les rues à toute allure. Les gens s’écartent sur leur passage puis reprennent leur promenade, vaquent à leurs affaires, comme si de rien n’était. »
Bérenger représente la lucidité, dans un monde où chacun se laisse conditionner et aveugler ; où le peuple fonce tête baissée dans le courant d'une pensée unique, entraîné par le mouvement, délaissant son identité, son humanité, écrasant tout sur son passage. Alors que tous ses proches succombent à la « rhinocérite », lui décide de résister : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas ! »
Face aux rhinos féroces de la modernité sans liberté, n’ergotons pas sur des détails et concentrons-nous sur l’essentiel : ne capitulons pas, soyons tous des Bérenger !
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