Convention citoyenne pour le climat : Macron prend les 150 citoyens tirés au sort pour des enfants…
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On peut se demander comment 150 citoyens, tirés au sort pour formuler des propositions contre le réchauffement climatique, peuvent « [former] une France en miniature » et représenter « tous les grands équilibres de la société française », comme l'a estimé le coprésident du comité de gouvernance de la Convention pour le climat. Il faut croire que le tirage au sort a été pondéré par quelques données statistiques. Mais qu'importe ! La démocratie athénienne a montré l'exemple qui, au temps de Périclès, désignait de nombreux magistrats au terme d'une espèce de loterie. Le hasard est peut-être le moyen le plus efficace de traduire l'égalité de tous et la diversité socio-professionnelle dans un système démocratique.
Encore faudrait-il faire confiance aux personnes ainsi désignées et ne pas les considérer comme des citoyens de seconde zone. Réunies le vendredi 10 janvier pour un nouveau week-end de travail, elles ont pu poser des questions à Emmanuel Macron, qui s'était déplacé pour la circonstance. Sans doute n'avait-il rien de mieux à faire en cette période troublée. L'un des participants, cité par Le HuffPost, trouve d'ailleurs « scandaleux qu’il ait choisi cette date pour faire le clown devant la Convention alors qu’il ferait mieux de s’occuper des retraites ». Mais notre Président devait avoir ses raisons.
Seraient-elles électorales ? Chacun en jugera. En tout cas, Macron a expliqué que cette Convention, loin d'être un exercice de communication, serait suivie d'effets. Il a même accepté de présenter les mesures proposées dans un référendum. Voilà de quoi rassurer les participants qui commençaient à se demander à quoi ils servaient : enfin la parole serait donnée au peuple ! Mais il a assorti son accord de conditions draconiennes qui risquent fort d'en faire un vœu pieux, pour ne pas dire une immense supercherie.
Emmanuel Macron s'est engagé à soumettre « sans filtre » au Parlement ou au peuple français des propositions émises par la Convention, « si c'est précis, clair et détaillé », bref, si c'est un texte de loi rédigé. « Si c'est juste une idée ou une intention, vous la remettrez à des gens qui devront la mettre en musique. » À propos d'un éventuel référendum, il a encore précisé que, si c'est un texte de loi qui est présenté, « le jour où il est voté par les Français, il s'applique ». En revanche, « si c'est juste une série de propositions », le référendum sera uniquement consultatif. « Il faudra ensuite construire une loi qui sera soumise au Parlement. »
On peut comprendre qu'il ne veuille pas proposer aux deux assemblées un texte qui ne serait pas au point – encore que cela arrive, même quand il est écrit par des spécialistes. Mais alors, pourquoi avoir fait le choix de réunir une telle Convention, avec des frais conséquents, si les propositions qui en résultent sont ensuite passées au crible par cette élite bien-pensante qui dicte l'opinion ? Ce n'est même plus du « populisme » ni de la « démagogie » : il faudrait inventer un terme nouveau pour désigner cet appel hypocrite au peuple, alors qu'on sait qu'il sera vain et que, de toute façon, le dernier mot reviendra à l'oligarchie au pouvoir.
Lors d'une session précédente, un citoyen de l'assistance avait interpellé une « experte », qui expliquait que « la taxe carbone, bien qu’elle soit utile, puissante, nécessaire, ne peut pas suffire » : « Excusez-moi, vous nous prenez pour des enfants et c'est insupportable », avait-il déclaré. Notre Président, lui aussi, prend les 150 citoyens tirés au sort pour des enfants... et l'ensemble des Français pour des imbéciles !
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