Coronavirus : parler pour ne rien dire ?
Les quotidiens et les hebdomadaires sont allégés. Je continue à les acheter mais ils se lisent très vite.
Depuis que le fléau du coronavirus, jour après jour, nous menace, fait peur, affaiblit et tue, la répétition des thèmes, la pauvreté des sujets, la tonalité contrastée et réduite des interrogations et des dénonciations font que, sur le plan médiatique, on n'est presque plus obligé de lire et d'écouter.
On manque de gel, de tests, de masques et de respirateurs.
La gestion de la crise par le pouvoir est catastrophique. On ne lui fait pas confiance. Sa communication est mauvaise.
Le président de la République n'est pas à la hauteur et, demain, il ne tiendra pas ses promesses. Il a eu tort de parler de « guerre ».
Le Premier ministre est vaillant, mesuré, accessible.
Le professeur Raoult a le remède miracle et il est scandaleux qu'on n'autorise pas sa délivrance partout. Mais il y a des conflits d'intérêts et de méchants laboratoires !
Les coupables devront être sanctionnés.
Fraternité et solidarité en hausse. Liberté en péril.
Le virus va nous transformer. Repliés sur nous, nous deviendrons autres.
Le monde, demain, sera très différent de celui d'aujourd'hui et il faudra tirer les leçons de l'épidémie et du bouleversement qu'elle crée.
La mondialisation, heureuse ou non, est morte. C'est le retour des frontières.
Il faut se féliciter du retour des invisibles, de ceux qui étaient hier gilets jaunes et aujourd'hui assument les activités essentielles pour les Français.
L'économie et la finance sont à plat et, pour certains, c'est tant mieux.
L'Europe a été en dessous de tout. Encore plus que d'habitude.
Il faut se méfier de ceux qui, liberticides, cherchent à exploiter l'épidémie et son ampleur pour rogner des droits fondamentaux.
L'union nationale n'est pas possible parce que des opposants, à droite ou à gauche, auraient été plus performants.
Les personnels soignants sont formidables.
Dans ce tissu de banalités antagonistes qui reviennent inlassablement occuper nos esprits, donnant l'impression qu'elles apportent du neuf, peuvent sans doute se glisser ici ou là des pépites, des fraîcheurs, des propos de journalistes, analystes, essayistes ou philosophes moins usés que la plupart, mais c'est tout de même globalement monotone. Un peu plus, un peu moins sombre. Mais beaucoup de « il n'y a qu'à, il faut qu'on » !
Les poncifs alternatifs pullulent.
Tout ce qu'on aurait pu s'abstenir de dire.
Tout ce qu'on pourrait ne plus dire.
Moi le premier.
Mais le coronavirus affecte, infecte et il faut tenter de vivre.
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