Coronavirus : à quelque chose, malheur est bon ?
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Comment se protéger du coronavirus ? Les deux moyens physiques, bien connus, sont associés. Le premier est de détruire le virus, par exemple avec du savon. Le second est de réduire les contacts interhumains à tous les degrés. Du niveau planétaire, en sélectionnant les entrées et sorties aux frontières ou en annulant des réunions internationales, au niveau individuel en s’isolant d’un masque, par exemple, en passant par tous les niveaux intermédiaires comme en réduisant les déplacements locorégionaux.
Je ne veux pas développer, ici, ces moyens et leur utilisation pratique, mais aborder la question de l’état d’esprit dans lequel les mettre en œuvre. Faut-il se battre doctoralement et à tout prix, dans un esprit de guerre totale au virus, ou, au contraire, garder du recul et un esprit empreint de fatalisme et d'humilité ?
J’ai perçu brièvement un fatalisme général en voyant que nos médias ne discutaient absolument pas le message pavlovien des autorités : « On n’arrête pas un virus aux frontières. » Mais ce fatalisme a été aussitôt absorbé dans un effort de calculs complexes des autorités pour adapter, au jour le jour, notre défense au stade de l’attaque virale. En même temps, certains administrés étaient déjà en marche pour affronter l'ennemi, plus mobilisés, quoique pas forcément en première ligne, prêts à dépenser sans compter pour l’achat d’armes personnelles. Quelques commerçants, qui se frottent aussi les mains, ont pu se réjouir que chacun cherche son SHA (solution hydroalcoolique).
Les morts devenant plus proches et nombreux, la sérénité nécessaire aux calculs est de plus en plus dure à garder. En attendant le stade 3, on multiplie des tests diagnostics qui coûteraient, chacun, on ne sait combien, exactement, de centaines d’euros alors qu’ils n’aident pas à guérir. On renforce l’isolement des plus vulnérables en EHPAD, quitte, vu leur fragilité, à ce qu’ils meurent peut-être sans avoir pu embrasser ni même seulement revoir leurs proches.
Le moment n’est-il pas venu, a contrario, d’être en même temps plus fataliste et optimiste ? Nous sommes tous mortels à échéance plus ou moins brève. Cette fin est fatalement rapide chez les individus très âgés et malades, justement ceux fauchés par ce virus comme par la grippe. Est-ce bien sensé de lui faire maintenant une guerre totale en tout lieu ? De ne pas avoir tout tenté pour arrêter le virus aux frontières mais de tout faire pour l’arrêter à la porte d’un mourant, au prix, peut-être, du peu de qualité de vie qui lui reste ? Ne risque-t-on pas, faute de limites, de tomber dans l’« acharnement thérapeutique »?
Nous sommes nombreux à vouer un culte à la médecine, comme à une déesse remplaçant Dieu pour espérer la vie éternelle. On s’extasie devant ses miracles, mais si on fait le constat de son impuissance, alors cela mute inévitablement en panique, émotion qui rend aveugle et amnésique.
L’homme peut aussi lutter moralement et chercher une protection psychologique en se souvenant de l’adage « À quelque chose malheur est bon ». Les plus économistes relèveront que le coronavirus, vu sa mortalité sélective, pourrait être le sauveteur de notre système de retraite. Mieux : les plus écologistes remarqueront que le virus pourrait sauver la planète entière. La Terre se mourrait d’une surpopulation et d’un réchauffement climatique attribué à l’émission de CO2, rançon de l’économie mondialisée que le virus met à l’arrêt. Ce virus n’est-il pas une des armes utiles de dame Nature pour défendre notre planète malade et remettre l’homme à sa place ?
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