Coronavirus et frontières : Macron prisonnier de ses préjugés et de son fanatisme européen
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Ce serait une tâche infinie que d'énumérer les préjugés qui président aux décisions du gouvernement. Limitons-nous à la question du contrôle des frontières pour freiner la propagation de l'épidémie. « Ce virus n'a pas de passeport », lançait Emmanuel Macron, le 12 mars dernier, tout fier de sa formule, appelant à « éviter le repli nationaliste ». Surprise ! Jeudi soir, son Premier ministre a annoncé un renforcement des contrôles aux frontières. Retour à la raison ? Nenni, c'est une illusion verbale, nos dirigeants sont toujours prisonniers de leurs préjugés.
Sur le site du gouvernement, on peut lire : « Compte tenu du risque de propagation des souches variantes de la Covid-19, le flux transfrontalier sera réduit. À compter du lundi 18 janvier 2021, les voyageurs venant d’un pays tiers à l’Union Européenne devront présenter un test PCR négatif pour pénétrer sur le territoire national et s’engager sur l’honneur à respecter une septaine. » Le site du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, dans un langage moins technocratique, précise que « les voyageurs souhaitant venir en France en provenance d’un pays extérieur à l’espace européen [...] devront présenter un test PCR négatif à la Covid-19 réalisé avant leur départ ». Ils devront également « s’engager sur l’honneur à s’isoler pendant sept jours une fois arrivées en France, puis à refaire un deuxième test ».
Vous avez bien compris : les voyages intérieurs à l'Union européenne ne sont pas concernés. Pas question de toucher à la libre circulation dans l'espace Schengen, gardez-vous même d'en avoir la pensée ! On peut toujours entrer sans contrôle en France si l'on vient d'un pays signataire de ces accords. Certes, Jean Castex a concédé, du bout des lèvres, que « les ministres concernés travailleront à l'élaboration d'un cadre de coordination en vue du prochain Conseil européen du 21 janvier », mais pas question, non plus, de décider d'une politique qui ne soit pas européenne !
Les voyageurs en provenance d'un pays hors de l'Union européenne ? Le gouvernement compte sur leur responsabilité et sur leur sens de l'honneur. Les Français apprécieront modérément qu'il passe son temps à les infantiliser pour mieux les tenir sous le joug, mais qu'il se fie aux étrangers pour respecter des règles sanitaires. Quand on sait que le trafic de faux tests se développe et que l'honneur n'est pas, de nos jours, la chose du monde la mieux partagée – y compris au sein de nos prétendues élites –, on peut douter de l'efficacité de ces mesures.
Force est de constater que le gouvernement continue de réagir au jour le jour, incapable d'anticiper. Il reste soumis au préjugé de l'Europe hors de laquelle point de salut. Il s'inscrit dans la lignée de François Hollande qui, en octobre 2015, au Parlement de Strasbourg, lança la formule « Le souverainisme, c'est le déclinisme », et d'Emmanuel Macron, son ex-conseiller et ministre de l'Économie, qui voudrait profiter de la crise du coronavirus pour « aller plus loin, plus fort » vers la souveraineté européenne.
Que penser d'un gouvernement, toujours en retard d'une décision, qui évoque, en toute occasion, l'esprit éclairé des Lumières alors qu'il sombre lui-même dans l'obscurantisme, le dogmatisme et le fanatisme ? Qui hésite à contrôler les frontières pour des ressortissants étrangers, alors qu'il impose à sa propre population des contraintes de plus en plus sévères, comme pour l'accoutumer à la servitude ?
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