Coronavirus : tracer ou ne pas tracer les porteurs du virus ?

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Le gouvernement vient de lâcher une bombe ! Avec des tonnes de précautions, en tortillant un peu du derrière, le Premier ministre a évoqué la détection des porteurs de virus via les téléphones portables individuels. Il a prévenu : « Ces dispositifs en France n'existent pas parce qu'ils ne seraient pas légalement permis. ». La technique en cause a immédiatement été baptisée de son nom anglais – « tracking » – ou de sa traduction paresseuse et inappropriée – « traçage », mot qui existe déjà, mais dans le sens planche à dessin. Et si l’on « néologeait » en parlant plutôt de « suivage » ?

L’idée est simple : vous croisez une personne atteinte et, immédiatement, votre téléphone vous informe de cette fâcheuse rencontre pour vous permettre d’agir en conséquence. Bien sûr, pour « bénéficier » de cette information, vous aurez donné votre accord préalable. De plus, cette procédure serait limitée à la durée de la crise.

La bombe a immédiatement fragmenté la société. Grosso modo, les opinions se partagent en deux camps.

Il y a ceux qui disent que mieux vaut savoir qu’on est malade plutôt qu’attendre passivement les symptômes, et que le prix à payer – donner à l’État le droit de savoir où vous êtes à tout instant – en vaut la chandelle. « Après tout, avec mon numéro d’immatriculation, la police peut faire pareil ! Et, du reste, je n’ai rien à cacher. » Bien sûr, il faudrait des kilos de garanties pour éviter l’effet « Big brother », dit-on à juste titre. Néanmoins, on fait observer qu’en matière d’atteintes à la liberté, l’actuel confinement tient le haut du pavé, désert désormais. Alors, pourquoi pas le suivage ?

Et puis, il y ceux qui dénoncent avec des vocalises outrées l’atteinte insupportable à la liberté et hurlent à la dictature rampante. « C'est une catastrophe d'un point de vue des libertés individuelles » gémit Jean-Luc Mélenchon. Mélenchon, vous savez, c’est le gars qui soutient mordicus Maduro, l’enfant de Chávez, dont l’élection à la présidence du Venezuela, en 2018, a très largement bénéficié du muselage des libertés, notamment celles de ses opposants. « On ne peut pas sortir de là [la crise] avec moins de libertés », pleurniche un député communiste. Le monde communiste a toujours été le paradis des libertés individuelles, tout le monde sait cela ! Il suffit de demander aux dizaines de millions de victimes de cette idéologie. Et dire qu’il y a encore un PCF en France ! Pour mémoire, le Parti communiste italien, lui, s’est sabordé il y a trente ans. « Les dangers pour nos libertés sont bien réels », sanglotent, en chœur, la Ligue des droits de l’homme et le syndicat du mur des cons. La LDH n’a plus à prouver son hémiplégisme gauche, accentué ici par sa collusion avec le Syndicat de la magistrature.

En voyant ces opposants, leur palmarès, les actions qu’ils revendiquent, l’outrance de chacune de leurs interventions, l’absolutisme intellectuel dont ils sont capables, la partialité de leurs jugements, j’hésite à m’engager à leurs côtés. Bien sûr, ils présentent des arguments que l’on peut prendre en considération, mais les voir pérorer sur les libertés publiques que la disposition envisagée abîmerait me met mal à l’aise.

Finalement, pour prendre position dans cette affaire, chacun, une fois de plus, se retrouve seul avec sa conscience.

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Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

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