La corruption au Brésil est inimaginable pour un Français
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Il y a quelques jours, le parquet national financier a ouvert une enquête pour "corruption d'agents étrangers" dans le cadre d’un contrat d’armement entre la France et le Brésil, signé en 2009, pour un montant de 6,7 milliards d’euros. Pourtant, cette nouvelle n’a donné lieu à pratiquement aucun commentaire au Brésil, tant cette nouvelle « affaire » paraît anecdotique eu égard à la suite ininterrompue de scandales de corruption que connaît le Brésil depuis 2014. À cette date a commencé l’opération connue sous le nom de "lava jato" (lavage au « Kärcher ») consistant en l’enquête, par la police fédérale, sur des soupçons de corruption dans le cadre de la gestion des contrats de la société Petrobras, société pétrolière étatique brésilienne.
Depuis lors, des centaines de procédures ont été entamées, des dizaines de politiciens arrêtés et, une enquête en amenant une autre, c’est un vaste réseau de corruption portant sur des milliards d’euros qui a été découvert. Des milliers d’agents de la police fédérale, sous la direction du juge Sérgio Moro, sorte de Robin des Bois moderne, ont mis au jour un vaste système de corruption généralisée, touchant les plus grands groupes industriels brésiliens, ainsi que l’ensemble de la classe politique. Les soupçons portent non seulement sur le financement illégal des partis politiques, mais également sur l’enrichissement personnel de l’ensemble de la classe politique.
Il est difficile d’imaginer, pour un Français qui vient de voir un ex-futur-Président perdre une élection pour un soupçon d’emplois fictifs (et pour quelques costumes) de son épouse et ses enfants, l’ampleur des scandales brésiliens. Imaginons donc un parallèle en France. Imaginons que Le Canard enchaîné dénonce un vaste système de corruption touchant la moitié des entreprises du CAC et l’ensemble de la classe politique. Imaginons que le Sénat et l’Assemblée entament une procédure de destitution du nouveau Président sous le « prétexte » de manipulation de comptes publics (il y a eu ça aussi). Cela pas tellement pour laver l’honneur de la classe politique mais pour permettre au président du Sénat d’assumer le poste de Président. Imaginons qu’au 20 h de TF1 sorte un enregistrement audio du Président expliquant à son prédécesseur qu’il va lui signer une lettre de nomination de ministre pour lui servir au cas où… afin de bénéficier de l’immunité. Imaginons que quelques mois plus tard sorte, au même 20 h de TF1, un enregistrement audio du nouveau Président autorisant le paiement d’une commission à un député, Président qui fera lui-même l’objet d’une procédure de destitution.
Mais le plus étonnant de l’histoire, c’est que le peuple brésilien ne bouge pas et assiste en spectateur à l’effondrement du système. La classe privilégiée réfléchit à l’achat de son prochain yacht et la majorité au moyen de payer la cantine de ses enfants. Et tout le monde pense à la revanche contre l’Allemagne lors du prochain Mondial…
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