Corse, Guyane, Bretagne : le danger des séparatismes
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Les violences du groupuscule séparatiste de gauche Ghjuventù Indipendentista qui ont émaillé le rassemblement de Marine Le Pen à Ajaccio ce samedi s'inscrivent dans un contexte de regain autonomiste de plus en plus décomplexé. Cette montée de l'identitarisme a notamment été illustrée aux régionales de 2015, qui ont vu la victoire d'une liste "nationaliste" conduite par l'avocat Jean-Guy Talamoni, actuel président de l'Assemblée de Corse, qui avait qualifié la France de "pays ami" et prononcé son discours d'investiture en langue corse.
D'autres régions sont également touchées par ce regain ethno-tribal. On se souvient des jacqueries qui ont secoué la Bretagne en 2013 et 2014. Si l'origine de la contestation était d'ordre économique, le mouvement n'en fut pas moins marqué du sceau autonomiste, comme en témoignent les principales revendications des protestataires : rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, reconnaissance officielle de la langue bretonne, renforcement des pouvoirs locaux. Un programme ouvertement régionaliste.
C'est, à présent, la Guyane qui s'agite. Sur fond de mouvement social, il s'agit bel et bien d'une contestation autonomiste, ce que montrent bien les revendications du collectif "Pou la Gwyiann dékolé" qui réclame une "spécificité législative" et une "autonomie avancée". Dans un entretien accordé au Figaro, Davy Rimane, secrétaire général de l'Union des travailleurs guyanais, a ainsi invoqué la nécessité de "rompre le lien trop vertical avec Paris". L'anthropologue Isabelle Hidair-Krivsky confirme, quant à elle, la portée "identitaire" du mouvement : "Ce sentiment s'est construit en opposition à la métropole", affirme la chercheuse.
Ces quelques exemples tendent à démontrer l'inexorable montée des autonomismes en France. Faut-il y voir un désir soudain de réenracinement local ou un signe de malaise et de défiance envers un État qui semble de plus en plus dépassé ? Car non seulement la France reste impuissante face au réveil des autonomismes dissolvants, mais on voit encore des responsables politiques soutenir ces velléités et s'en faire les porte-voix. Le discours prononcé par Marine Le Pen à Ajaccio va en ce sens : promesses d'avantages politiques et fiscaux, promotion de l'identité et de la culture corses. C'est un véritable virage régionaliste que vient d'effectuer la candidate du FN qui, contrairement à sa nièce, apparaissait jusque-là comme étatiste et jacobine.
Notre camp, obsédé par la dénonciation maladive du "danger" que serait l'islam, ne bronche pas face à cet autre danger de dislocation interne que représentent les autonomismes. Pire : certains vont jusqu'à soutenir le "réveil" de ces "peuples", comme lors de jacqueries des Bonnets rouges ou durant l'affaire de la rixe de Sisco.
La France s'est bâtie au fil des siècles sur une tradition unitaire reléguant les particularismes dans la sphère privée au profit d'une communauté nationale qui transcende toute autre appartenance. "Fondre tous les citoyens dans la masse nationale", disait l'abbé Grégoire. Or, c'est à une déconstruction de la nation elle-même que l'on assiste aujourd'hui, par un mondialisme qui l'attaque par le haut et des autonomismes qui la grignotent par le bas.
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