Coup d’État à Conakry : un expatrié témoigne
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Réveil au son de tirs de kalachnikov, ce matin, à 8 h 30, dans notre quartier proche du point névralgique du pont du 8-Novembre (ou pont des Pendus), à l'entrée du quartier des affaires de Conakry, en Guinée. Les combats sont d'une extrême violence à moins de 100 mètres de notre maison et nous apprenons très vite que des corps de militaires, des bérets rouges, gisent près de leurs véhicules neutralisés par des coups directs d'arme lourde.
Notre famille se protège dans un couloir et nous rassemblons, dans des sacs à dos, le strict nécessaire à une éventuelle évacuation (papiers, argent, etc.). Cinq heures durant, le pont tout proche fait l'objet de combats sporadiques et brutaux. Les branches des arbres qui nous entourent tombent ça et là, arrachées par des balles perdues. Les enfants sont d'un calme inspirant le respect et nous, adultes, nous prions et nous nous demandons quoi faire d'autre qu'attendre des informations. Elles arrivent de temps à autre par le réseau local ; le chef des forces spéciales a pris le contrôle du palais présidentiel et il y aurait de nombreuses victimes. Le président de la République serait entre les mains des mutins. Grâce aux réseaux sociaux qui commencent à s'animer, nous avons confirmation des rumeurs de réussite du coup d'État.
Les combats cessent vers 14 heures et la liesse populaire défile devant nos fenêtres, accompagnée de tirs en l'air des forces momentanément victorieuses. Il est 17 heures, heure locale, et tout est calme dans notre secteur mais nous restons calfeutrés. Peut-être que le temps du dialogue est arrivé. En tous les cas, le peuple guinéen le mérite bien.
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