Cour des comptes: Jack Lang préside un Institut du monde arabe sans pays arabes
La présidence de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang la doit à Hollande, qui la lui a offerte, en 2013, après son échec aux législatives, en 2012. Il y a un an, l'AFP faisait l’éloge d’un Lang qui avait « redressé une institution à la dérive, épinglée par la Cour des comptes en 2008 ». Ce n’est pas exactement ce que dit la Cour des comptes, dans son rapport de 2024, fraîchement paru.
Les pays arabes brillent par leur absence
Reproche d’importance : la raison d’être de l’IMA est floue. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, son ministère de tutelle, « peine à dire exactement à quoi sert l’IMA dans son dispositif diplomatique et politique ». D’ailleurs, le Haut Conseil censé représenter les pays arabes « ne se réunit plus qu’épisodiquement ». « Dévitalisé », il est présidé par… Jack Lang, une aberration statutaire.
Cette démission morale s’accompagne d’une démission financière : « Les pays arabes fondateurs n’abondent plus le budget, alors qu’ils devaient y subvenir à hauteur de 40 %. » À croire que ce que vantait Mitterrand, lors de l’ouverture de l’IMA en 1987 - « l’amitié franco-arabe, la compréhension franco-arabe, les cultures, les civilisations doivent continuer de s’interpénétrer » -, ces pays n’en ont cure. Certains pays n'ayant jamais versé leur quote-part, le système a été abandonné à la fin des années 1990.
La Cour des comptes s’interroge donc : « La France peut-elle encore financer, seule, une institution destinée à promouvoir la culture arabe sur son sol quand tant de crédits manquent pour favoriser l’intégration de sa population immigrée, notamment d’origine arabe, en lui faisant mieux découvrir la culture du pays où elle a choisi de vivre ? » Juste question, mais croire que l’intégration dépendrait de crédits est une idée naïve et caduque.
Réponse du berger à la bergère
À ces caisses mal abondées s'ajoute une mauvaise gestion. « L’IMA maîtrise mal ses charges […]. Il enregistre donc un déficit d’exploitation sur toute la période, jamais inférieur à 1 million d'euros (2022) et pouvant même dépasser 4 millions d'euros (2017), soit 19 % de marge d’exploitation négative. » Autant reprocher à un socialiste une gestion… socialiste, autrement dit dispendieuse et au doigt mouillé.
Jack Lang, qui en 2023 se décrivait comme « le Joe Biden de la culture arabe » - la comparaison a mal vieilli -, a répondu à la Cour des comptes avec la désinvolture du notable qui empoche ses 10.000 euros mensuels. Tiens, justement, fait-il remarquer : sa rémunération « n’a jamais été réévaluée », lui qui « a renoncé, depuis l’origine, à une voiture de fonction ». De même, « la subvention de l’État n’a pas été augmentée depuis plus de 15 ans ». Dur dur, la vie à l'IMA.
Avec un aplomb de vieux routier de la politique qui sait qu’entre un rapport de ladite Cour et un violon où l’on pisse, il n’y a pas grande différence, il la remercie pour tous les points positifs qu’elle souligne et balaye le reste. Le climat social est apaisé et, quant aux pays arabes, pourquoi se mettre la rate au court-bouillon ? « Il est illusoire d’espérer un retour à une contribution régulière des États arabes fondateurs. » BV lui a demandé pourquoi ce serait illusoire et attend une réponse.
Boualem Sansal, une cause perdue ?
Lyrique, Jack Lang conclut sur la « ruche ardente », le « phare de bouillonnement et d’effervescence » que doit rester l’IMA. Il fait appel aux bonnes volontés « des pouvoirs publics, des pays arabes, des intellectuels ». À propos d’intellectuels, quid de Boualem Sansal ? Lang a fait part, à titre personnel, de sa stupéfaction de l’arrestation de l’« immense écrivain algérien et grand ami de l’IMA ». Qu’en trois semaines l’IMA n’ait pas obtenu sa libération tendrait à prouver que l’institut compte pour du beurre dans les milieux intellectuels et diplomatiques arabes où il est censé être un pivot. Interrogé par BV sur ce point, également, Jack Lang ne nous a pas davantage répondu.
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43 commentaires
Un de ces innombrables machins d’utilité nulle à tous égards (culturelle,artistique, intellectuelle, financière, de défense de droits supposément menacés, etc.), mais qui oermettent de recaser des vieux copains.
Encore un trou sans fond pour aspirer les impôts des français.
Cet institut, comme tous les autres, ne sert qu’à recaser les perdants de la politique, et à leur offrir une fin de vie grassement payée. Pour faire les économies indispensables, la première chose à faire est de les supprimer purement et simplement.
Le notable qui empoche ses 10.000 euros mensuels.
Mais qui peut penser, à part l’intéressé très intéressé que cet institut a quelque chose à apporter à notre pays ?
Ce n’est pas Jack Lang c’est plutôt Jackpot, l’institut du monde arabe sans arabes, ceux-ci devaient le financer en grande partie cela a fait pschitt, la cafétéria a déposé le bilan ne fournissant plus que des repas gratuits à qui ?… etc… quelle blague!