Couverture du New Yorker spéciale JO : tendresse et nostalgie 

© New Yorker
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On commence à voir avec une certaine consternation à quoi pensaient les macronistes lorsqu'ils ont eu la contestable idée d'accueillir les Jeux Olympiques à Paris. Seine boueuse et sale, un milliard et demi d'euros plus tard, inaugurée (avec de petits gémissements de loutre) par la Ministre des sports ; quartiers historiques bouclés, hérissés de clôtures et divisés en zones incompréhensibles; débordements “bon enfant” (toujours selon la ministre) lors du match de foot Maroc - Argentine, et ce n'est probablement que le début ; cacophonie satanique d’Arielle Dombasle…et la cérémonie d'ouverture n'a pas encore eu lieu…

Pour essayer de rattraper le coup, la communication, le narratif en langage du moment, se tourne vers les valeurs de la liberté. On nous promet pour vendredi un spectacle déconstruit et inclusif, à cent lieues du roman national (c'est l'historien de gauche Patrick Boucheron, un des scénaristes de cette manifestation, qui le dit). On nous annonce un mélange entre Amélie Poulain, Emily in Paris et les scénographies de Jean-Paul Goude. Trop super.

Une couverture pleine de tendresse

Est-ce vraiment cela que nos futurs hôtes veulent retenir du génie français ? Est-ce que c'est tout ce que nous avons à offrir? Le New Yorker, célèbre magazine américain, plutôt intellectuel, plutôt de gauche, semble avoir fait un tout autre choix. Les amateurs connaissent les célèbres couvertures de ce périodique, souvent très réussies et assez poétiques. Cette fois, le dessinateur Paul Rogers voulait un peu de légèreté, un peu de douceur, un peu -osons ce joli mot- de tendresse. Il voulait arrêter de penser aux élections présidentielles américaines, dit-il sobrement. Il sera difficile de lui en vouloir. Alors, il s'est tourné vers les JO de Paris. Et qu'a-t-il choisi pour incarner à la fois la France dont il rêve et la douceur qui manque à notre monde? Arielle Dombasle et son tuyau d'air conditionné ? Amélie Oudéa-Castera et sa combinaison de plongée ? Vous n'y êtes pas.

La couverture du New Yorker spécial JO, c'est le Monsieur Hulot, de Jacques Tati, pipe au bec et nez au vent, avec le petit Gérard derrière lui. Monsieur Hulot porte la flamme olympique. Il est insouciant, lunaire et maladroit, comme il l'a toujours été. On ressent, devant cette jolie illustration, à la fois une certaine reconnaissance (merci à certains Américains de se souvenir des films de Tati), une grande tendresse (pour ce personnage attachant et hors cadre) et, tout de même, une certaine tristesse. La dernière apparition de Monsieur Hulot remonte à 1971. C'était il y a 53 ans. N'avons-nous rien produit de plus marquant au cinéma ou en littérature depuis tout ce temps? La France est-elle à jamais figée dans les trente glorieuses ? Posons-nous honnêtement la question.

Le fait que nous soyons collectivement un peu tristes quand nous évoquons les années Pompidou, que nous soyons unanimement (ou presque) d'accord pour constater (même à demi-mot) la décadence du personnel politique, de l'art, de la musique, des modèles dominants, n'est-ce pas un peu la même chose que le dessin pastel de cet illustrateur ? N'en déplaise à Patrick Boucheron et à ses tristes idées, la France est peut-être un pays qui (comme tous les autres) a besoin d'un roman national. Avec ses figures tragiques ou comiques, ses souvenirs communs. Monsieur Hulot est de ceux-là. Il n'a pas vraiment porté la flamme, mais il aurait été plus crédible que Jul…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Ah que de nostalgie ce fameux solex, j’en ai possédé un dans ma jeunesse, des ballades et des courses avec des potes a l’époque (debut 70). Juste un petit problème, sa patinait un peu quand il pleuvait, mais que du bonheur.

  2.  » La France est-elle à jamais figée dans les trente glorieuses ? Posons-nous honnêtement la question. » Poser la question, c’est y répondre. Les années Giscard marquent le démarrage de la ligature de la France dans son corset socialiste, pour aboutir au pitoyable zombie communiste que trimbalent nos dirigeants actuels.

  3. Les pauvres touristes qui viennent voir la France et vont découvrir l’Antifrance… Au secours, Superdupont!

  4. Monsieur Hulot de Jacques Tati, pipe au bec ? Que fait l’ARCOM !
    En plus sur un Solex qui pollue , et sans casque ?

  5. J’ai la chance d’avoir des souvenirs radieux d’enfant et d’adolescent des années de Gaulle et Pompidou…
    C’était la France du bonheur,de la quiétude de la sécurité,de la prospérité,du rayonnement,de l’expansion,d’un avenir prometteur.de la puissance retrouvée (les économistes du monde entier prévoyaient la France dépasser l’Allemagne).
    Et puis arriva Mitterrand, le cancer de la France toujours actif
    Vous remarquerez dans l’Histoire :le socialo-communisme n’amène que misère et malheurs contrairement à une -vraie -Droite

    • Analyse entièrement partagée…la France est aujourd’hui un pays crypto-communiste….essayez de trouver une version complète de l ‘Archipel du Goulag….impossible !!…pas politiquement correct !!

    • Tout à fait cela, bien résumé.
      Il ne reste plus que quelques braises qui se consument régulièrement dans les métropoles de France, au gré des manifestations des gauchos. Du haut de mes septante et une années, je contemple ce désastre qui ne fait que s’amplifier avec l’aide active du Macron.

    • Ces temps heureux ne reviendront jamais, et les chances de limiter la catastrophe s’amenuisent à mesure que disparaissent ceux qui savaient lire et écrire correctement…Il faut avoir le courage d’admettre que nous vivons une fin de civilisation, et de comprendre ceux qui ne veulent plus assurer leur descendance… Pessimiste? Non, lucide.

  6. « La France est-elle à jamais figée dans les trente glorieuses ? » Un des éléments de réponse à cette question tient dans les accompagnements musicaux d’une assez large majorité des publicités TV. La plupart utilisent des musiques ou chansons antérieures aux années 80. Comme si rien de plaisant ou d’évocateur n’avait été produit au cours des 40 dernières années.

  7. Avec Monsieur Hulot, c’est Les Vacances et
    Jour de fête… Alors pourquoi pas. J’aime bien cette image apaisante de notre pays, loin hélas de la France réelle.

    • Vous et moi faisons figure de « vieux machins » au vu de notre malheureuse France et pourtant à cette époque nous étions heureux, n’est-ce pas et la France était prospère !

  8. Monsieur Hulot; pas Nicolas mais sans doute son père, que les jeunes ne connaissent pas.
    Déjà écolo, mais pas tout à fait: il roule en vélo…. Solex.

    • A velo Solex, sur le porte bagage sans casque ? Vous n’y pensez pas ?
      De plus le vélo solex utilise un mélange d’huile et d’essence : pouah !
      Le conducteur fume : pouah ! et conduit en lachant le guidon d’une main : danger…
      Bref les gaucho-écolos vont trouver en des pages et des pages à redire d’une époque plus calme que la nôtre.
      Cordialement.

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