Covid-19 : l’Afrique est-elle mieux préparée ?
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Depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en Afrique de l’Ouest, force est de constater, un mois après l’annonce des premiers cas, que la progression de l’épidémie n’a pas la même dynamique que dans les pays du Nord. Au 16 avril 2020, pour ces huit pays, 2.762 cas ont été notifiés ainsi que 72 décès en un peu plus d’un mois, soit un taux de létalité de 2,6 %. Il apparaît également des disparités selon les pays. Trois d’entre eux (Côte d’Ivoire, Niger, Burkina Faso) ont dépassé les 550 cas, le Sénégal et la Guinée ont franchi la barre des 300 cas, tandis que le Bénin (35 cas), le Togo (81 cas) et le Mali (148 cas) résistent le mieux à la vague épidémique.
Comme premier élément d’analyse, le délai entre le début de la pandémie et la prise de mesures contre la propagation de la maladie est, sans aucun doute, un facteur important dans l’évolution de la diffusion du virus et, donc, dans la dynamique épidémique. En France, les trois premiers cas ont été déclarés le 24 janvier et la prise de mesures contraignantes a été prise le 14 mars (au moment où 4.499 cas étaient notifiés), soit un délai de 52 jours.
Dans les pays d’Afrique de l’Ouest, les mesures limitant les déplacements des populations ont été prises assez tôt. Ainsi, dès le 16 mars, soit cinq jours après la notification du premier cas à Abidjan, le gouvernement ivoirien, à l’issue d’un Conseil national de sécurité, a édicté treize mesures parmi lesquelles la suspension, pour une période de quinze jours, de l’entrée en Côte d’Ivoire des voyageurs non ivoiriens en provenance des pays ayant plus de 100 cas confirmés, et pour ceux pouvant entrer sur le territoire (ressortissants ivoiriens et résidents permanents non ivoiriens), leur mise en quarantaine pour une période de quatorze jours.
À cette mesure, renforcée par le contrôle sanitaire aux frontières aériennes, maritimes et terrestres, se sont ajoutées la fermeture de tous les établissements d’enseignement scolaire et universitaire, fermeture des lieux de rassemblements culturels, suspension de tous événements sportifs, interdictions des rassemblements de population de plus de 50 personnes, pour ne citer que les plus importants. Ces premières mesures ont été rapidement complétées, en Côte d’Ivoire, par l’instauration d’un couvre-feu de 21 heures à 5 heures et, dans les jours suivants, par l’interdiction de circuler entre Abidjan et l’intérieur du pays. Le 9 avril, un second Conseil national de sécurité a encore renforcé ces mesures en rendant le port du masque obligatoire dans l’espace public et dans tous les transports en commun particulièrement, tout en prolongeant « jusqu’à nouvel ordre » toutes les mesures antérieures.
L’Afrique est-elle mieux mieux préparée qu’on ne le pense à encaisser le choc épidémique, expliquant en cela la faiblesse de la progression du virus sur le continent ? Certains facteurs ont été évoqués sans que ces hypothèses n’aient été encore étayées par des preuves scientifiques : jeunesse de la population, immunité naturelle plus forte en raison d’une pression infectieuse tropicale continue, imprégnation par d’anciens médicaments antipaludéens comme la chloroquine, thermo- et météo-sensibilité du virus, compétition virale avec d’autres pathogènes… Autant de pistes à explorer.
Pour l’heure, nombreux sont les analystes et bio-mathématiciens qui se penchent sur des formules et des modèles pour tenter de résoudre l’équation du futur de l’épidémie africaine. Car la question qui se pose, en Afrique occidentale francophone, est bien comment évaluer l’évolution de l’épidémie, et de chercher des réponses pour mieux préparer le choc de la vague, opérationnaliser les réponses nationales et l’adéquation des moyens à un système de santé déjà fort éprouvé par des maladies tropicales nombreuses dont le SIDA, la tuberculose et le paludisme.
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