Covid et principe de précaution : les camps scouts pourront-ils y survivre ?
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Qu’est-ce qu’un camp scout sans les odeurs de chaussettes sales ? Sans la joyeuse proximité des chambrées, les cabanes dans les arbres, les jeux de piste, les chantiers… Qui aurait imaginé les veillées « dans le respect des règles sanitaires », distanciation et masque obligatoires ?
Je l’ai dit, déjà : je me demande comment l’humanité a pu survivre jusqu’à ce jour. La trouille et son corollaire « le principe de précaution » règnent désormais sur le monde; « zéro risque », voilà la devise qui devrait désormais figurer au fronton de nos mairies.
Selon ledit principe, les colonies de vacances sont désormais soumises à des règles draconiennes ; les normes empilées au fil des ans ont tant grevé les coûts qu’elles sont devenues un loisir de luxe pour familles aisées. Voilà que s’y ajoutent, maintenant, les restrictions et autres contraintes sanitaires dues à la pandémie, faisant du moindre rassemblement un casse-tête.
Le Figaro s’est penché sur le sort des camps scouts, des lieux qui, par principe, échappaient encore un peu à l’aseptisation ambiante. En effet, selon sa définition, le scoutisme a pour but d'« aider le jeune individu à former son caractère et à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel », ce qui suppose la mise en œuvre d’« d’activités pratiques dans la nature, mais aussi des activités en intérieur, destinées plutôt à un apprentissage intellectuel ». Quelle que soit l’obédience à laquelle il se réfère, « le scoutisme s'appuie sur une loi et une promesse et a généralement une dimension religieuse ou spirituelle ». Il est pratiqué dans 217 pays et territoires, de toutes religions et nationalités.
Et, donc, le Covid est passé par là, faisant que, désormais, « les camps scouts croulent sous les normes sanitaires », titre Le Figaro. À l’évidence, « avec le Covid, cela devient difficile de pratiquer le "vivre ensemble", et de camper dans la nature », dit une cheftaine des Scouts de France. Ainsi, on apprend que la liste des restrictions s’est encore allongée : désinfection de chaque objet utilisé, un mètre de distanciation lors des activités physiques.
« Parmi les restrictions les plus difficiles à appliquer, la distanciation de deux mètres minimum entre deux couchettes est souvent évoquée », nous dit-on. Une cheftaine guide des Scouts unitaires de France explique que, chaque année, ses guides construisent des tentes suspendues dans des cabanes perchées dans les arbres. Quatre couchettes sont construites sur un premier étage, quatre autres sur un second, ce qui rend impossibles les espaces de deux mètres : « Cela voudrait dire trouver quatre arbres suffisamment éloignés, scier des perches beaucoup plus grandes, donc beaucoup plus lourdes. » Or, « les guides les plus jeunes ont 12 ans, et elles n’ont que deux jours pour construire leur tente. Ça en devient dangereux. »
Confidence : je suis très étonnée qu’on autorise encore ces constructions dans les arbres quand on interdit aux moins de 18 ans de grimper sur une échelle pour récolter les fruits…
Le plus épineux est le problème de l’eau : lavage constant des mains et… vaisselle individuelle ! D’ordinaire, un ou deux jeunes sont chargés, par roulement, de faire la vaisselle de la collectivité ; désormais, « pour respecter les normes sanitaires, chacun doit faire sa propre vaisselle ».
Question : si se laver les mains détruit le virus, que risque-t-on à les plonger dans l’eau de vaisselle ? À moins, bien sûr, qu’à l’aide de ses petits picots, il ne distingue entre votre assiette et celle du voisin…
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