Crèches de Noël : la « libre pensée » toujours aussi sectaire à l’égard du catholicisme ?
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Les fêtes de Noël approchant, la Fédération nationale de la libre-pensée est de nouveau en ordre de bataille contre les crèches de la Nativité dans les bâtiments publics. Une note vient d’être envoyée à tous ses représentants départementaux, rappelant « les démarches à accomplir avant de saisir le juge administratif ». Curieusement, à part contre Robert Ménard qui, manifestement, est considéré comme un récidiviste dangereux, il est recommandé, selon Le Figaro, de renoncer à toute action contentieuse lorsque la crèche s'intègre à une tradition locale ou n'est pas installée dans un domaine public. Crainte du ridicule dans une société qui, si elle se déchristianise, est attachée aux traditions du catholicisme sans lequel, qu'on le veuille ou non, la France n'existerait pas ?
La région Auvergne-Rhône-Alpes s’apprête donc à mettre en place une crèche de Noël dans le hall du conseil régional, comme elle le fait depuis 2016. D'abord interdite par le tribunal administratif, cette installation avait finalement été autorisée en 2017, Laurent Wauquiez ayant pris soin de mettre en avant les traditions santonnières de sa région. Même indulgence à l'égard de Toulouse, où une crèche vivante se tiendra place Saint-Georges, samedi prochain, avec une quarantaine d'enfants qui chanteront et joueront des tableaux de Noël. Une manifestation publique, autorisée par le maire qui, heureusement pour lui, ne subventionne pas l'association qui l'organise.
Ce qui n'empêche pas un doctorant en droit public, soi-disant spécialiste des questions de laïcité, de dénoncer cet événement : « Le problème, c’est que c’est une crèche vivante, qui veut raconter la vraie histoire de Noël, donc, pour eux, la naissance de Jésus-Christ », fait-il remarquer. Et de demander à Jean-Luc Moudenc s'il accepterait que « l’histoire de Mahomet soit racontée sur la place du Capitole pendant l’Aïd ». Certes, « c’est dans un espace public, mais ce ne sont pas non plus des prières de rue ! », lui répond Erwan Demolins, membre de l'association Vivre Noël autrement. « Notre événement n’est pas fait pour revendiquer quoi que ce soit. Et puis il y a des choses bien plus graves dans l’actualité… »
Pas de pitié, en revanche, pour Robert Ménard. Dans un communiqué, la Libre Pensée de l'Hérault s'indigne : « Une crèche catholique, installée dans l’enceinte du bâtiment public de tous les Biterrois, investie d’un contenu prosélyte par le maire », quel crime abominable, n'est-ce pas ? Elle se dit « prête à déposer un recours ». Pourtant, le maire de Béziers a pris ses précautions. Il a disposé la crèche dans le hall de l'hôtel de ville, sur une table à roulettes, afin de pouvoir la déplacer en cas de contestation. Mieux : il l'a inaugurée, entouré de représentants de cinq religions. Si, maintenant, les disciples de Mahomet se mettent à parrainer les crèches, où va-t-on ?
Robert Ménard ne fait que mettre en acte ce que pensent l'immense majorité des Français, même s'ils ne sont pas catholiques. La crèche de Noël est une tradition de notre pays, qui dépasse les clivages religieux. Il n'a pas la prétention de convertir tous ses administrés : le présenter comme un « prosélyte », un Polyeucte du XXIe siècle, a quelque chose d'extravagant ! Au moins cette affaire a-t-elle le mérite de montrer que le laïcisme de la Libre Pensée est surtout un anticatholicisme. En 2017, à Clichy, elle n'avait pas condamné les prières de rue des musulmans, mais la municipalité qui leur proposait des locaux jugés trop exigus. Drôle de liberté, qui a deux poids et deux mesures !
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