Créé contre la malbouffe, Nutri-score menace des produits du terroir

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Début juin, Hélène Laporte, députée RN du Lot-et-Garonne, témoigne de l’inquiétude des producteurs de pruneaux d’Agen. Selon les nouveaux critères de calcul du Nutri-score établi en juillet 2022, ce produit traditionnel jusqu’alors affiché en catégorie A (excellent) va baisser dans le classement jusqu’en catégorie C ! Le pruneau n’est pas le seul objet de mécontentement. Au même moment, la présidente de l’Occitanie Carole Delga donne de la voix pour défendre le roquefort, « l’or blanc de l’Aveyron », classé en... E !

Nutri-score est en effet souvent cause d’incompréhension et d’indignation, notamment dans les filières agricoles et agro-alimentaires sous SIQO (signes d’identification de la qualité et de l’origine), surtout quand sont évoqués des exemples déroutants de produits industriels mieux notés que des produits du terroir : frites surgelées en A, chips industrielles en C, plats préparés en barquette en B, pizzas surgelées en C...

Inventé afin de rendre plus lisible un tableau nutritionnel, ce système de notation des produits alimentaires est apparu en France en 2017, avant d’être adopté par d’autres pays européens (Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Luxembourg). Facultatif, son étiquetage classe la qualité nutritionnelle des produits selon une échelle de cinq couleurs associées à des lettres allant de A à E. Le classement est déterminé au moyen d’un algorithme qui considère la teneur en nutriments et aliments à favoriser et en nutriments à limiter (acides gras saturés, sucres, sel).

Un calcul partial

Ce classement ne se fonde ainsi que sur le tableau nutritionnel. Il ne tient pas compte des ingrédients, c’est-à-dire des éventuels additifs, édulcorants et allergènes, et surtout des procédés de fabrication.

Ainsi, certains produits de nos régions comme les fromages, les charcuteries, les fruits secs, dont la provenance et les procédés de fabrication sont connus et reconnus, se trouvent en mauvaise posture face à la concurrence des produits transformés. Produits dont les sucres, sels et mauvaises graisses peuvent disparaître de leurs emballages, car la notation influant sur les ventes (comme le montre une étude Nielsen de 2019, citée dans un rapport du Sénat), les industriels ont adapté les recettes, optant pour le camouflage. D’où la mode grandissante des produits « zéro calorie », « sans sucre », « -25 % de sel ».

Pendant que les géants de l’agro-alimentaire raflent les A et les B, des fromages comme le roquefort sont condamnés au E, à moins d’abandonner les recettes ancestrales que la France, et l’Europe, se donnent pourtant tant de mal à protéger (AOC, AOP, IGP...). Il existe cependant une autre alternative : adapter les critères de calcul du Nutri-score.

Adapter les critères de notation

De fait, ce n’est pas tant son bien-fondé que ses critères qui sont remis en cause par nombre de producteurs. Il est ainsi proposé de fonder les calculs sur des portions adaptées (30 g et non 100 g pour le fromage) et de préciser si le produit a été transformé. À ce sujet, le Sénat a souligné, dans un rapport d’information de juin 2022, le danger que présentaient les aliments ultra-transformés (AUT). Il dénonçait ainsi ces AUT comme cause, entre autres, de risque d’obésité. Aussi, « consommer 1.000 kcal d'aliments peu transformés n'a pas le même effet que 1.000 kcal d'aliment ultra-transformés », précisait Anthony Fardet, chercheur en nutrition, consulté par les rapporteurs.

Sachant que la Commission européenne s’est engagée à proposer une législation pour un étiquetage nutritionnel commun aux vingt-sept États membres, une réévaluation des critères du Nutri-score est donc souhaitable. Réévaluation qui se fondrait, d’ailleurs, parfaitement dans la stratégie très contestée « de la ferme à la fourchette » présentée en mai 2020 par la Commission. Mais de ce projet européen, pas de nouvelle…

Jean de Lacoste
Jean de Lacoste
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en master d'histoire du droit.

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Nutriscore : truc débile coloré inventé pour contraindre et tenter d' »éduquer » la masse des consommateurs abrutis qui fourmillent dans les hyper marchés et qui ont omis (ou n’ont pas eu la chance ; ou ont oublié) d’écouter les leçons de sciences naturelles de base en classe de 6 ième : protéines, glucides, métabolisme et diététique de base

  2. Nutri Score , c’est encore un de ces machins inventés pour tenir la main (et orienter ? ) des consommateurs supposés ignares .
    Bon , il faut reconnaître qu’avec le niveau de connaissances de base dispensé par l’Education Nationale , on peut se poser légitimement des questions .
    C’est comme les « pièces à griller » pour les steaks ou les « pièces à mijoter » pour le boeuf bourguignon : on fabrique des ignares , puis on leur dit ce qu’ils doivent faire .
    Ca rappelle le film Idiocracy ( « euh , c’est quoi des électrolytes » ) .

  3. Ou comment accentuer la mal-bouffe et des générations d’obèses apathiques à qui l’on pourra vendre la mondialisation inclusive !

  4. Mais c’est toujours en mangeant un kebab qu’on choppera une intoxication alimentaire.
    Il faut dire que lorsque le but du fastfood est de blanchir l’argent des 4 mecs qui dealent devant, on fait moins attention à la chaîne du froid.
    Et comme de toute façon il n’y a aucun contrôle sanitaire dans les restaurants allogènes.

  5. Que penser d’un classement où les produits naturels et peu modifiés sont dévalorisés par rapport aux fast-foods, plats préparés, chips, boissons gazeuses sucrées …. Qui sont l’essentiel des familles de nos riches banlieues et dont obésité n’inquiète surtout pas nos gouvernants trop heureux de ne pas payer des retraites futures ….

    • Je suis d’accord , et tout cela se fait au détriment de notre culture et nos traditions culinaires .Tout cela est de la malbouffe importée . Les jeunes et moins jeunes ne consomment plus par rapport au goût mais au taux de sucre , sel , épices et gras qu’ils ingrugitent . En plus des boissons qui ne sont plus que bières et whisky, anglos saxons . Alors que beaucoup ne savent pas mesurer la richesse de nos terroirs viticoles . Il faudrait refaire un travail de fond pour mettre en valeur notre patrimoine gastronomique qui est le meilleur au monde mais se liquéfie dans la médiocrité européenne imposée, elle même sous influence des lobbies américains qui se sont singularisés pour avoir suscité l’un des taux d’obésité la plus élevée au monde parmi sa population.

  6. Le nutri score , une bonne idée au départ mais dont la dérive nous emmène en « absurdie » comme tellement de choses en France depuis une décennie. Le beurre est lui aussi . affublé d’un nutriscore désastreux . Chercher l ´erreur. S’il y a une éducation nutritionnelle à faire c’est auprès des jeunes qui se gavent de MCDo et kebabs . Là, pas de nutriscore planté dans les assiettes où affiché sur les menus . Et pourtant il y aurait beaucoup à dire voire même à redire .

  7. Le problème n’est-il pas que le fameux « Nutri-score » soit d’inspiration aussi anglo-saxonne que le « Mac Do », dictature (soi-disant ) médicale en sus ?

  8. Ils nous « gonflent ». Faut pas boire, faut pas manger sucré, faut pas manger salé, faut pas manger gras, faut pas manger de viande, faut pas manger de chips, de saucisson, de Roquefort, faut manger 5 fruits cet légumes par jour (moi, à la 3è pastèque, je cale…) . J’attends celui qui nous dira qu’il ne faut pas naître, parce qu’on en meure… depuis que l’homme est sur terre et qu’il ne fait rien de ce qui est recommandé aujourd’hui, la population a grossi. On est aujourd’huil à 7 milliards d’individus et on nous annonce 11 milliards pour bientôt… Ce qu’on mange n’est donc pas si dangereux que ça. Ca permet aux labos de fabriquer des médicaments qu’ils nous vendent à prix d’or…

    • Et qui ne servent souvent à rien médicalement si ce n’est que de remplir les poches des labos et de toute la chaîne qui suit.

  9. Ce qui est important ce n’est pas ce qu’on mange, mais la quantité qu’il y a dans l’assiette quand on a compris ça on peut manger de tout, et, éventuellement corriger le repas d’après si on y a été un peu fort.

    • Vous avez complètement raison, mais…
      Regardez les jeunes: Moutons de Panurge, il suivent à la lettre les consignes données par les « Influenceurs » dont ils rêvent de faire partie, achètent de la malbouffe livrée par deliveroo, passent leur temps sur des écrans.
      Le Roquefort? bientôt ils ne sauront pas ce que c’est, et quand ils en goûteront seront épouvantés par son caractère, n’ayant pour toute référence que les camemberts « au lait pasteurise » (!!!) fait n’importe où par n’importe qui.
      Et comme le disait très bien un journaliste récemment : « Les crétins d’aujourd’hui sont les enseignants de demain »
      Pour le plus grand bonheur des multinationales.

  10. C’est comme les sondages, on peut les faire évoluer. Si un de vous aime manger gras, pourquoi l’interdire.Que tu manges, ou pas, un jour tu meurs. A chacun sa philosophie. Des personnages extravagants j’en ai connu, certains sont morts d’excès, d’autres vivent encore. Chacun choisit son mode de vie, pourquoi l’imposerait-il à d’autres. La différence entre l’humain et la faune sauvage, c’est que l’un vit comme il le désire en principe, mais que le sauvage se nourrit pour survivre.

  11. Si le nutri score est facultatif, quel besoin les producteurs de Roquefort, ou autre produit riche en graisse animale, ont ils de l’afficher s’ils ne sont pas satisfait du score de leur produit?

    • C’est pas faux! Beaucoup de producteurs se sont pliés aux exigences de la machine à faire des normes , et celle ci est de privilégier les fromages pasteurisés . Hors, le Roquefort est toujours un fromage au lait cru ! Pour combiend e temps encore ?

  12. Pour ma part, c’est simple, tous les fromages estampillés G, par cette nouvelle mortification des terroirs, je les achètent et les mange avec un bonheur que j’ai du mal à partager !

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