Crépol : le club de rugby de Thomas invite les jeunes du quartier de la Monnaie

Capture écran TF1 Info
Capture écran TF1 Info

« Notre cœur bleu et blanc saigne de ton absence ». Dans un message publié sur Facebook le 19 novembre, le club de rugby du RC Romans-Péage a rendu un hommage poignant à Thomas Perotto, tué un an plus tôt, lors d’un bal de village organisé à Crépol. L’adolescent était mort sous les coups de couteau d’une bande venue de la cité voisine dans l’idée de « planter des Blancs ».

Est-ce afin de lutter contre ce fléau du racisme anti-blanc que le club a pris part à une « journée de lutte contre les discriminations », fin octobre ? Il semblerait que non. L’évènement était organisé par L'Ébullition, association militante d’extrême gauche qui prétend que « notre société est traversée par de multiples rapports sociaux de domination et de violences structurelles »... Il avait pour but de « sensibiliser à la lutte contre les stéréotypes et les discriminations dans le sport ». Une façon de rendre Thomas et ses coéquipiers responsables des violences qu’ils ont subies à Crépol ?

Mercredi 20 novembre, le RCRP est allé encore plus loin dans sa démarche vivre-ensembliste et a invité des jeunes de la Monnaie - le quartier d’où venaient les porteurs de couteaux - a une initiation au rugby. Le but était de « renouer le dialogue avec ces adolescents », de « réparer la fracture avec les jeunes des quartiers », explique la presse locale, très enthousiaste. Ces séances portes ouvertes auront lieu un mercredi sur deux, jusqu'à Noël. Pas besoin de s'inscrire ni de payer, bien entendu. C'est open bar pour ces pauvres petits de la cité d'à côté.

L’inversion des rôles

Mais certains ont déjà décliné l’invitation. Un an après la mort de Thomas, leur colère est encore vive. On peut les comprendre… Sauf que ce ne sont pas les rugbymen poignardés en raison de leur couleur de peau qui sont en colère. Non. Il s’agit de jeunes de la Monnaie. « On ne se sent pas les bienvenus dans un club de rugby depuis la mort de Thomas, dénonce Karim, 17 ans. On a fait des généralités, on nous met dans le même sac. Ça donne pas envie d'y aller. Ce sera sans moi. »

Rappelons que des "jeunes" avaient profité du meurtre de Thomas pour se plaindre d’avoir été oubliés par les pouvoirs publics… alors que, comme l’avait révélé la maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, pas moins de 150 millions d’euros ont été investis dans le quartier de la Monnaie depuis 2014. Dans certaines cités, la victimisation est décidément un mode de vie.

C’est dans cette même visée d’inversion des rôles que se tiendra le 23 novembre prochain, toujours à Romans-sur-Isère, une « journée de rencontres contre les discriminations ». Organisée avec le soutien du Ministère de l’Éducation, dans le cadre du Festisol, un festival qui promeut une « solidarité ouverte au monde et aux autres », cette journée souhaite « faire entendre d’autres voix, celles des habitant-e-s des quartiers » et « sortir du cadre sclérosé et rabâché d’une lecture raciste » du meurtre de Thomas. Au programme, une installation sonore, des ateliers et une table ronde ayant pour but de « lutter contre les stigmatisations des quartiers populaires ». Encore une fois, il s’agit de nier la dimension raciste du meurtre de Thomas et transformer les coupables en victimes.

La fameuse table ronde sera d’ailleurs animée, notamment, par Marwan Mohammed, sociologue décolonial qui s’est déjà largement exprimé sur le drame de Crépol. « Les bagarres dans les fêtes de village, c’est quelque chose de très commun », avait-il affirmé sur France Culture. Le chargé de recherche au CNRS s’était employé, dès le lendemain du drame, à exonérer les bandes qui sèment le chaos dans nos banlieues, invitant ses auditeurs à prendre en considération leurs terribles souffrances quotidiennes. « Ils ne peuvent plus se promener comme ils veulent dans la ville, ils sont obligés de sortir à plusieurs, ils sont obligés parfois de sortir avec des armes, parce qu’ils ont peur de faire la mauvaise rencontre. C’est vraiment une charge mentale pour les jeunes qui sont dans les embrouilles… »

Le tabou du racisme anti-blanc

Quid de la charge mentale des jeunes Français qui se prennent des coups de couteaux dès qu’ils mettent le nez dehors ? Ceux-là n’intéressent guère nos chercheurs et autres experts en discriminations. Sans doute méritent-ils ce qui leur arrive ? Peut-être sont-ils poignardés parce qu’ils sont racistes ? C’est en tout cas ce qu’on dit du moindre rassemblement en soutien à Thomas et les siens. « Romans n’est pas le laboratoire de démonstration de l’ultradroite », s’est déjà insurgée toute la gauche locale en réaction à l’organisation le 30 novembre prochain d’une marche à Romans-sur-Isère « en mémoire de Thomas et de toutes les victimes de l'immigration ». Une manifestation dont le camp du déni exige l’annulation parce qu’elle vient contester le statut de victimes ontologiques des enfants de l’immigration et rappeler une vérité interdite : en France, le racisme anti-blanc existe.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois