Le Crépuscule des idoles progressistes (5) : L’immigration
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Durant le mois d'août, Boulevard Voltaire fait découvrir à ses lecteurs un livre récent que la rédaction a apprécié. Chaque jour, un nouvel extrait est publié. Cette semaine, Le Crépuscule des idoles progressistes, de Bérénice Levet.
2015 est aussi l’année où l’immigration osa être abordée en termes de défis pour une nation. En proie à ce que l’on a appelé la "crise des migrants", l’Europe est soumise à une pression migratoire sans précédent, dont les peuples ressentent très fortement, et légitimement, la menace qu’elle fait peser sur la physionomie propre de leur pays. Leur anxiété est peut-être d’autant plus grande qu’ils savent que leurs élites politiques, économiques, culturelles sont entrées dans l’ère du post-national et cultivent une parfaite indifférence quant à la continuité historique de chacune des nations. Ce phénomène est donc une épreuve, un test quant à la détermination des responsables politiques à se réaffirmer comme les garants de l’identité nationale. Ces groupes de populations qui abordent nos rives ne sont pas des voyageurs sans bagages. Ils arrivent chargés de mœurs, de coutumes, de significations étrangères voire contraires aux nôtres. Le devoir d’hospitalité dont l’Antiquité avait le génie n’a jamais signifié l’extinction de soi. L’hospitalité n’est pas un devoir inconditionnel. L’accueil ne saurait se faire au détriment de la nation hôte. […]
"Offrir l’asile au corps" suppose en retour de "convaincre l’âme de changer", a rappelé avec force le romancier Kamel Daoud. Ce principe élémentaire, l’idéologie progressiste qui voue un culte à l’altérité nous interdit de l’énoncer.
Voici plus de quarante ans que nous nous oublions. "L’Europe n’a pas fait bon accueil à ses tout nouveaux habitants, écrit Christopher Caldwell, elle leur a cédé la place", et c’est ainsi que "les Européens en savent davantage sur la calligraphie arabe et le tissu kente ghanéen que sur Montaigne et Goethe".
Si la France doit se reprocher quoi que ce soit, ce n’est pas de ne pas en faire assez pour les immigrés ou les Français d’origine immigrée mais au contraire d’en faire trop, beaucoup trop. Fidèles à l’ambition républicaine, ne tenons aucun compte de qui ils sont, ne cherchons pas à savoir d’où ils viennent, soucions-nous seulement de ce qu’ils ont à devenir : des citoyens français, des êtres ouverts à une responsabilité, une responsabilité pour notre civilisation. À l’unisson, la presse nous informe des dates du ramadan, cela ne nous concerne pas. Nous ne voulons rien savoir du calendrier cultuel de nos concitoyens d’origine immigrée. Nous devons nous montrer intransigeants sur ce que nous sommes. La moindre reddition signée avec nos mœurs, notre histoire se retournera contre nous.
Les apôtres de l’ouverture n’admettent pas qu’un peuple soit hanté par sa dissolution. […] C’est notre renoncement à fabriquer des Français qui a offert un terrain fertile à l’islam radical. C’est en exaltant les identités multiples, en légitimant les communautés dans leurs revendications perpétuelles que nous avons creusé notre tombe. Si nous voulons faire contrepoids à la rhétorique djihadiste, il nous faut en finir avec une mémoire pénitentielle et nous repenser comme une civilisation digne d’être prolongée.
[…]
Si l’on veut comprendre la situation actuelle de la France, ses crises, ses impasses, il nous faut remonter au dernier tiers du XXe siècle. L’histoire qui est encore la nôtre commence en effet avec la décennie 1970.
La France s’est alors suicidée, elle ne s’est plus suffisamment aimée pour se donner un avenir en se transmettant aux générations nouvelles, elle s’en est même jugée indigne. Avant d’être défaite de l’intérieur par l’islamisme, elle travaillait à se décomposer. Si elle se meurt aujourd’hui, c’est qu’une élite politique, culturelle, intellectuelle au pouvoir depuis cette décennie a ouvert la main et laissé la patrie tomber par terre, pour reprendre l’image de Simone Weil. L’islamisme n’a plus qu’à la ramasser. Le communautarisme musulman profite du programme mis en œuvre au cours de la décennie 1970, d’oubli et surtout d’exécration de nous-mêmes.
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