Ceux qui crient contre le mode de scrutin majoritaire ont tout faux
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La campagne pour les législatives s'est résumée, avant comme après le premier tour, pour tous les vaincus de la présidentielle - La France insoumise, LR, Front national -, à vitupérer contre Macron et le danger d'une majorité écrasante, et à dénoncer le mode de scrutin majoritaire qui permet à un candidat ayant fait 24 % au premier tour de la présidentielle de recueillir 80 % des sièges à l'Assemblée.
Et s'il est logique d'entendre les mélenchonnistes crier et réclamer la proportionnelle, la même revendication émanant de LR ou du FN est plus surprenante et révèle, de leur part, une nouvelle incohérence.
En effet, le scrutin majoritaire à deux tours, une très vieille tradition de l'histoire politique française, a été un facteur déterminant de la stabilité des institutions de la Ve République voulue par de Gaulle. Il a toujours permis de donner une majorité au Président élu, d'assurer à ces majorités d'aller au bout de leur législature (sauf dissolution décidée par le Président) et, surtout, de favoriser des alternances claires, entre droite et gauche, en 1981, 1986, 1988, 1993, 1997, etc. Et aujourd'hui, il permet à une nouvelle majorité d'accéder clairement et nettement au pouvoir. Pensé pour remiser les arrangements partisans d'après-vote de la IIIe et de la IVe République, il a amplement fait ses preuves, évitant des périodes de tractations préjudiciables à l'action publique.
Il est donc assez piquant d'entendre M. Jacob, représentant du parti LR qui se prétendait encore incarner l'héritage du gaullisme, déclarer au Figaro : "Imaginer qu'un président qui a réuni 24 % des suffrages au premier tour de la présidentielle dispose d'un groupe parlementaire qui regrouperait 75 % à 80 % des députés pose une sérieuse question démocratique et institutionnelle."
Quant au Front national, il a toujours revendiqué l'instauration de la proportionnelle, que lui avait accordée M. Mitterrand en 1986. Mais, là encore, il s'est trompé. En effet, le Front national a récupéré, sur bien des points, l'héritage du gaullisme abandonné par la droite. Mais il a eu tort, alors qu'il faisait allégeance aux institutions de la Ve République, de ne pas aller jusqu'à la défense de ce scrutin majoritaire qui en est un pilier. Et cela dans son propre intérêt ! Car c'est lui qui, un jour, le jour où le grand courant conservateur et patriote arrivera en tête à la présidentielle, même avec seulement 25 % des voix au premier tour, lui permettra d'avoir une majorité pour gouverner.
Le succès de M. Macron a reposé en grande partie sur son attachement gaullien aux institutions de la Ve République et à sa restauration de la grandeur de la fonction présidentielle. Contrairement aux lubies de MM. Mélenchon et Hamon, il ne s'est pas aventuré sur le terrain d'une VIe République dont les Français ne veulent pas.
L'erreur de la droite et du FN, là encore, aura été de n'avoir pas su être assez conservateurs et assez gaulliens. Un autre l'a été pour eux. Et il a gagné.
S'il y a donc une de ses promesses de campagne qu'il faut lui conseiller de ne pas tenir, c'est bien l'instauration d'une dose de proportionnelle.
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