Crise migratoire américaine : le chemin de Damas de Kamala
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La crise migratoire qui sévit à la frontière américano-mexicaine depuis l’accession au pouvoir de Joe Biden n’en finit plus de susciter remous et interrogations dans le camp de la gauche progressiste mondiale.
Petit rappel : voulant, dès son investiture, opérer une rupture radicale avec la politique migratoire de l’administration Trump, Joe Biden avait signé, dès le 20 janvier 2021, un moratoire sur les expulsions des sans-papiers arrivés illégalement aux États-Unis avant le mois de novembre 2020. Cela rentrait dans le cadre d’une politique migratoire « plus humaine », slogan martelé jusqu’à plus soif pendant la campagne électorale.
Archi-prévisible, l’appel d’air ainsi créé a fait se presser des milliers de clandestins à la frontière mexicaine : 100.000 immigrés interceptés dès le mois de février, dont près de 10.000 mineurs non accompagnés (18.890 mineurs en mars), 178.000 migrants arrêtés en avril. Selon le Washington Post, 20.000 mineurs sont hébergés dans les centres d’accueil gouvernementaux, dix centres provisoires ont été créés.
Le coût de tout cela : 60 millions de dollars par semaine et un effet boomerang retentissant pour le démocrate Biden.
Très rapidement, toute honte bue, Biden, qui s’était vanté pendant la campagne électorale de vouloir accueillir 60.000 migrants illégaux par an, s’est rabattu sur le chiffre de 15.000 par an… jauge établie, en son temps, par Donald Trump. Il fut évidemment critiqué sur sa gauche, qui y vit la trahison patente d’une promesse électorale. Alexandra Ocasio-Cortez, égérie de la gauche Black Lives Matter américaine, s’exclamait sur Twitter : « Complètement et totalement inacceptable. Biden a promis d'accueillir les immigrants, et les gens ont voté pour lui sur la base de cette promesse. Maintenir les politiques xénophobes et racistes de l'administration de Trump, y compris le plafond historiquement bas, est un grand tort. »
Logiquement, Joe Biden a voulu se décharger de cette situation sur sa vice-présidente Kamal Harris tout comme Barack Obama avait chargé son « vice » Joe Biden de gérer l’épineuse question migratoire.
En déplacement au Guatemala et au Mexique, cette semaine, pour sa première « tournée » internationale, Kamala Harris souhaitait s’attaquer aux causes de l’émigration vers les États-Unis : pauvreté, corruption, criminalité, crise sanitaire, au Mexique et dans ce qu’on appelle les pays du Triangle Nord que sont le Guatemala, le Honduras et le Salvador. Elle a, avec ses homologues du Guatemala et du Mexique, entériné la création de groupes de travail sur la contrebande, la traite humaine, la corruption.
Au Guatemala, Kamala Harris s’est pris la réalité en pleine face. Elle a dû se prêter, bien malgré elle, à un périlleux exercice d’équilibriste et adopter un langage de vérité : « Je veux être claire pour les gens de cette région qui envisagent de faire ce voyage dangereux jusqu'à la frontière américano-mexicaine : ne venez pas. Ne venez pas. Les États-Unis continueront à appliquer leurs lois et à sécuriser leurs frontières... Si vous venez à notre frontière, vous serez refoulés. »
Du Donald dans le texte !
Puis, explicitant la fin des illusions idéologiques et le retour au pragmatisme, elle a affirmé : « La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ne veulent pas quitter l'endroit où leur grand-mère a grandi, l'endroit où ils prient, l'endroit où ils parlent leur langue et où leur culture est familière » (France24).
En Europe, c’est exactement le discours que tenait un Matteo Salvini.
Pour le moment, la sphère médiatique qui l’a encensée des mois durant se contente d’un « Kamala déçoit ».
La fin d’un état de grâce ? Assurément un chemin de Damas.
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