Crise politique italienne : il faut que tout change pour que rien ne change ?
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On l’appelait « le nettoyeur » : il est devenu le démolisseur. Matteo Renzi, qui, depuis qu’il n’est plus président du Conseil, essaie à peu près tous les quinze jours d’ouvrir une crise politique en faisant tomber le gouvernement, quel qu’il soit, y est cette fois-ci parvenu. Enfin, c’est ce qui semble se dégager d’une situation politique italienne extrêmement confuse.
Rétrospective.
Après la retentissante sortie de piste de Matteo Salvini, en août 2019, Renzi appuie Giuseppe Conte dans la formation de la nouvelle coalition gouvernementale composée du Parti démocrate (PD), son parti à l’époque, et du Mouvement 5 étoiles (M5S). La scission qu’il provoque quelques semaines plus tard en quittant le PD pour fonder Italia Viva lui permet de rester dans le jeu et, en même temps, de ne pas être noyé dans un appareil de parti : les quelques parlementaires qu’il a entraînés dans son sillage sont indispensables au maintien de la coalition. Même si les sondages ne l’ont jamais crédité de plus de 4 % d’intentions de vote. Au mieux. Et pourtant, il est plus que jamais « faiseur de roi ». Son calcul, éminemment politicien, s’avère juste : sa formation ultra-minoritaire Italia Viva est, depuis sa création, l’épée de Damoclès du gouvernement de Giuseppe Conte II. Il ne se prive pas de pratiquer toutes sortes de chantages auprès de ce dernier, dont la coalition, formée exclusivement pour contrer Matteo Salvini, est bien fragile, malgré toutes les appuis reçus des différents dirigeants européens. S’il y a un titre quasi permanent dans toutes les « unes » des quotidiens italiens, c’est bien celui-ci : « Le gouvernement est au bord de la crise politique ! »
Mercredi soir, les deux ministres d’Italia Viva ont donc démissionné, provoquant l’affolement général dans les rangs de la gauche et du M5S. Les raisons de la crise sont assez obscures, Renzi invoquant la répartition des investissements prévus par le plan de relance, pas assez audacieux à son goût : depuis décembre, c’est un sujet de litiges constants avec Giuseppe Conte. Mais c’est surtout presque une lapalissade de dire que Renzi veut tout simplement la place de Giuseppe Conte, lequel a au moins autant de fourberies en tout genre en réserve que son opposant.
En attendant, à l’heure où nous écrivons, la crise semble bien ouverte. L’opposition de centre droit menée par la Ligue de Matteo Salvini, le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et Forza Italia de Berlusconi réclame sur tous les tons que Giuseppe Conte vienne s’expliquer devant le Parlement, ce qu’il ne semble pas pressé de faire. Ayant, depuis près d’un an, gouverné à coups de décrets, il a en effet réduit le Parlement à une salle des pas perdus. Il temporise donc, tentant par tous les moyens de trouver des parlementaires dits « responsables » qui remplaceraient opportunément les partisans de Renzi pour voter la confiance à un gouvernement remanié dont il serait toujours le chef. C’est peut-être ce qui va se passer : bien que l’opposition de droite réclame à grands cris la tenue d’élections qu’elle aurait de bonnes chances de remporter, il est peu probable que le président de la République, Sergio Mattarella, homme de gauche qui n’apprécie guère Salvini et qui a le pouvoir de dissoudre le Parlement, le fasse.
En attendant, l’Italie s’enfonce dans la crise, l’immigration explose, les collèges, lycées et universités sont fermés, les restaurants également, les hôpitaux sont débordés, la paupérisation de la population s’accélère. 390.000 entreprises ont déjà déposé le bilan en 2020. La vie est rétrécie, les libertés publiques restreintes comme jamais. La dette publique est telle qu’elle pèsera lourdement sur les générations futures, qui ne se renouvellent plus.
Mais Matteo Renzi veut être calife à la place du calife, et Giuseppe Conte président du Conseil à vie…
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