La croissance va-t-elle flancher en 2018 ?
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M. Macron a été, jusque-là, un homme chanceux. Élu grâce à une conjonction extraordinaire des planètes, le début de son septennat a coïncidé avec une embellie de la croissance qui ne lui doit rien, car elle est générale en Europe. Or, notre moteur économique se grippe quelque peu. Selon la Banque de France, nous ne ferons que 0,3 % de croissance au second trimestre, soit le même taux (décevant) qu’au premier trimestre. L’INSEE, plus optimiste, prévoit de son côté 0,4 %.
Si la production industrielle a un peu accéléré en avril, le soufflé est retombé en mai, tandis que les services n’ont pas progressé ce trimestre, comme le montre la diminution de l’intérim dans ce secteur. Le bâtiment a été dynamique en avril avant de s’étioler en mai. Les nombreux ponts de ce mois expliquent sans doute la stagnation de notre économie pendant le mois du muguet. Ce 0,3 % si décevant serait donc dû à une cause accidentelle et non à un retournement de tendance. Tant l’INSEE que la Banque de France ou la Commission européenne prédisent que nous ferons entre 1,9 % et 2,1 % de croissance en 2018, soit autant qu’en 2017. Mais selon ces instituts, nous retomberons en 2019 et en 2020 dans l’ornière de la stagnation, car notre PIB ne croîtra plus que de 1,6 %, chiffre qui ne permettra pas le recul du chômage, mais juste sa stabilisation. Or, cette croissance décevante n’est même pas assurée, car les milieux économiques craignent un krach de grande ampleur (pire qu’en 1929) qui se produirait en 2019 et serait provoqué par les multiples créances douteuses. Déjà, les autorités de régulation viennent d’interdire aux grandes banques françaises de trop s’exposer aux dettes des entreprises, car beaucoup d’entre elles sont menacées de faillite. Si ce scénario noir se produit, nous replongerons dans la crise comme en 2008 et notre PIB risque de se contracter en faisant exploser le chômage.
Le problème de notre pays ne vient pas de ces krachs périodiques qui sont inévitables, sauf à quitter le système capitaliste (mais pour le remplacer par quoi ? Le socialisme a fait la preuve de sa totale inefficacité). Nous sommes, en réalité, handicapés par la faiblesse de notre croissance entre deux crises. Que notre PIB ne croisse que de 2 % à l’apogée des périodes de prospérité est insuffisant. Beaucoup de pays atteignent 3,2 % à 4 % de croissance, ce qui les place régulièrement en situation de plein-emploi. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la moitié de l’Union européenne ont, en 2018, des taux de chômage proches de 5 % ! En 45 ans, notre meilleur taux était supérieur à 7,5 %. Tout est dit lorsqu’on fait ce constat
M. Macron prétend avoir engagé des réformes pour booster notre croissance et pour nous permettre de rejoindre le peloton de tête de l’Union européenne. Sa réforme du marché du travail a été cosmétique. La baisse de l’impôt sur les sociétés, bien que coûteuse pour les finances publiques, sera sans doute plus efficace. Pour le reste, rien de notable n'a été fait. Rendez-vous en 2022 pour voir si le Président aura gagné ou pas son pari.
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