CROUS de Bordeaux : la préférence étrangère en matière de logement étudiant

©Guillaume Flandre/Unsplash
©Guillaume Flandre/Unsplash

Le 5 janvier dernier, le CROUS [centre régional des œuvres universitaires et scolaires, NDLR] de Bordeaux-Aquitaine a annoncé avec fierté, sur X, une récente initiative en faveur de l’accueil international. Il s’agit de la mise en place d’une priorité sur son parc de logements pour les étudiants sénégalais bénéficiaires ou futurs bénéficiaires d’une allocation d’études gouvernementale.

Le directeur général du CROUS Bordeaux-Aquitaine, Jean-Pierre Ferré, et Émile Bakhoum, chef du service de gestion des étudiants sénégalais à l'étranger (SGEE), ont en effet signé une convention dans le but d’améliorer l’accueil des étudiants étrangers. Et pour cause : le Sénégal est dans le top trois des pays africains qui ont le plus important contingent d’étudiants en France. En février 2023, Le Monde révélait qu’ils n’étaient pas moins de 14.000 répartis dans les universités françaises.

La crise des logements étudiants à Bordeaux

Or, la ville de Bordeaux est confrontée à une pénurie de logements étudiants. Selon Iban Delavoie, étudiant à l'université Bordeaux-Montaigne et président de l'UNEF Bordeaux (syndicat étudiant très à gauche), il y a environ 13.3000 étudiants pour 10.400 places en logement CROUS, ce qui représente 8 % des besoins. Outre le cruel manque de places réservées aux étudiants, les loyers ont augmenté, selon l’UNEF, de 6,9 %. Les étudiants n’ont pas de proposition de logement. Lorsqu'ils en obtiennent, les loyers sont trop élevés par rapport au montant de leur bourse. Selon ce même syndicat, le coût de la vie étudiante aurait augmenté de 6,47 % à la rentrée 2023-2024.

Dans cette situation, la décision du CROUS de Bordeaux de prioriser les étudiants sénégalais dans certains logements ne passe pas. Les commentaires sous le tweet annonçant cette mesure sont sans appel : « Que puis-je répondre à mon fils qui n’a pas eu de logement CROUS ? Alors que je paye mes impôts pour ça ! » peut-on lire, entre autres, au milieu de commentaires tout aussi outrés. Au téléphone, le député RN de la Gironde Grégoire de Fournas déplore « cette préférence étrangère, alors même que les étudiants français n’ont jamais connu une crise du logement aussi importante. Le problème n’est pas de loger les étudiants étrangers bien évidemment, le problème, c’est cette priorité sur nos étudiants locaux. »

L’UNI Bordeaux dénonce la préférence étrangère

La Cocarde Etudiante, le syndicat étudiant du camp national, a révélé cette préférence étrangère du Crous de Bordeaux et s'y oppose. L'association de droite UNI Bordeaux, contacté par nos soins, dénonce sur X cette préférence des élèves étrangers alors que les étudiants sont confrontés à une misère grandissante, se trouvant parfois obligés de faire jusqu'à trois heures de transport par jour pour aller étudier ou de « squatter » chez des amis, position pour le moins inconfortable et instable. Certains se voient même contraints à renoncer à leur projet d’étude. « C’est une provocation contre les étudiants qui ont du mal à se loger », tempête le responsable de l’UNI Bordeaux. Il s'indigne : « Des associations au conseil régional, départemental, aux associations étudiantes, tout le monde constate qu’il y a un énorme problème de logement étudiant et le CROUS annonce qu’une priorisation est faite pour des étudiants étrangers au détriment des étudiants locaux. » Selon cet étudiant à Bordeaux depuis huit ans, c’est la première fois qu’une préférence étrangère assumée est mise en place. Pour lui, la raison est simple : « À Bordeaux, depuis la loi Immigration, on voit la gauche et l’extrême gauche essayer de montrer qu’ils sont bien dans la bonne mouvance d’accueil d’immigrés. » Clément Rossignol-Puech (EELV), le maire de Bègles, commune de la banlieue sud de Bordeaux, avait par ailleurs déclaré « refuser la préférence nationale ».

Outre le rejet de la loi Immigration, cette décision du CROUS semble aussi motivée par les « pressions de Révolution permanente et de Poing levé [respectivement organisation politique trotskiste et association étudiante bordelaise d'inspiration marxiste, NDLR] qui multiplient les manifestations et les meetings à l’université de Bordeaux-Montaigne en vue d’un accueil plus développé envers les étrangers », poursuit le responsable de l'UNI.

L’UNI Bordeaux entend contrer cette décision qu'il juge injuste. « Alors que nous dénonçons la même chose, à savoir la précarité des logements des étudiants, les syndicats de gauche tels que l’Union étudiante ou l’UNEF ne s’opposeront pas à cette convention signée. Parce que cela va à l’encontre de leur logique d’accueil de toujours plus d’immigrés » assure auprès de BV le responsable de l’UNI Bordeaux.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Il ne faut pas être Cassandre pour imaginer, dans quelques années le désarroi de chefs d’Entreprises qui ne recevront, suite à une offre d’emploi, qu’une majorité de candidatures de diplômés sénégalais…??

  2. Ce n’est pas nouveau. il y a plus de 20 ans, un copain francais d’origine camerounaise et arrivé en France à 17 ans dans l’intention de s’engager dans l’armée. En attendant d’avoir l’âge, il a dégoté un job et s’est logé dans un foyer pour jeune travailleur. Au bout d’un moment, le gérant du foyer lui a demandé s’il était francais,,,,à sa réponse affirmative, il s’est entendu dire dans ce cas tu prends tes cliques et tes claques et tu vas te loger ailleurs….

  3. Mais cette préférence n’est elle pas plus ou moins en contradiction avec l’égalité de tous devant la loi ? Ah, pardon, j’oubliais, l’égalité entre Français donc cela ne vaut sans doute pas pour les étrangers…

  4. On pourrait déjà réserver les bourses et les logements à des étudiants qui étudient et ont des mentions. Certes on manque de logements étudiants mais il y a également trop d’étudiants qui font des études sans diplôme au bout ou en passant juste, sans mention, au rattrapage…

    • Il y en a aussi qui sont inscrits dans les universités et écoles et n’y mettent jamais les pieds tout en bénéficiant de toutes les aides.

  5. C’est de la faute des français qui ont élu des gens qui détestent la France et la livrent aux plus offrants en échange de résidence dans de beaux pays ensoleillés.

  6. Le problème des logements étudiants n’est pas nouveau. Au début des années 80 je devais rentrer en école d’ingénieur, malheureusement mas mère n’avait pas les moyens de me payer un logement… donc je suis entré directement dans le monde du travail… et à cette époque il n’y avait pas tant d’étudiants étrangers mais le problème existait et on s’aperçoit que 40 ans plus tard c’est toujours la même chose… mais avec en plus une dette de 3000 milliards. Il va falloir se réveiller un jour et mettre tout ces politiciens véreux à la porte. C’est certain qu’aujourd’hui la priorité de l’information est le remaniement ministériel, ça occupe le bon peuple et surtout ça permet de placer ses copains… et dire qu’ils auront tous, ensuite, une retraite de ministre qui se cumulera avec leurs autres retraites… les mêmes qui disent que le travailleur moyen part bien trop tôt à la retraite et avec une pension bien trop élevée !!! :-(

  7. Le CROUS, c’est à dire nos impôts, opte pour la préférence étrangère. Personnellement je n’y verrais aucun inconvénient si les gouvernements concernés finançaient sur leurs propres deniers la construction et l’entretien des locaux concernés. Mais ne rêvons pas trop. Chez nous il est de tradition de faire appel au contribuable, c’est tellement plus simple.

    • C’est un détournement de fonds qui sont fournis par des Français mais qui vont à des étrangers sans même aucune consultation de ces Français payeurs et discréminés puisqu’il y a une préférence à l’étranger sur notre sol… Edifiant !

    • La caste de tous ces doyens, recteurs, professeurs Bobos (et parfois bonobos tellement ils sont dans l’entre-soi) généreux avec l’argent des autres.
      Ils en croquent tous et se soutiennent.

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