Cuba : le 19 avril, la fin de l’ère Castro, vraiment ?
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Au terme d’un processus électoral à plusieurs étages, sous le contrôle total du pouvoir, qui rappelle le lancement des fusées dans les années 90, les 605 députés élus (dont 322 femmes) ont procédé à l’élection, le 19 avril, du nouveau président de la République et d’un certain nombre de dirigeants dont, entre autres, le vice-président et le secrétaire de l’Assemblée nationale.
Pour la première fois depuis l’accession au pouvoir en 1959 des castristes, le nouveau président n'est ni un membre de la dynastie Castro ni une figure historique de la révolution cubaine. Miguel Díaz-Canel, ingénieur en électronique de formation, ancien vice-président, ancien secrétaire du Parti communiste cubain de la province de Holguín, un apparatchik peu charismatique de 58 ans au profil de « bon gestionnaire » qui a gravi au fil des années tous les échelons du parti. Testé en 2013 lorsqu’il avait remplacé, à la vice-présidence, José Ramón Machado Ventura, un des compagnons de route des Castro, il a donc été adoubé par Raúl Castro et les dirigeants de la GAESA (Grupo de Administracíon Empresarial SA), un consortium politico-économico-militaire, les seuls vrais décisionnaires de ce pays. Rappelons que l’armée, par l’intermédiaire de cette holding, est la première puissance économique cubaine dans les secteurs les plus rentables et prospères : tourisme, nickel, industrie sucrière, grande distribution, etc.
Les défis sont immenses. Politiques, bien entendu, avec l’isolement du Venezuela, pays frère de la révolution et indispensable partenaire financier, la présidence de Donald Trump. Mais surtout économiques, tant le système cubain est à bout de souffle. La nomination de Miguel Díaz-Canel pourrait se résumer à la formule suivante : la continuité (politique) dans le changement (économique). Avec, en perspective, une libéralisation à la vietnamienne - à La Havane, on parle d’« actualisation » - du système économique : renouvellement et élargissement des activités autorisées à titre personnel, modification du système monétaire avec création d’une monnaie unique - deux monnaies, le peso cubano et le CUC pour les touristes, cohabitent actuellement -, relance et développement de l’activité agricole, lancement d’une véritable politique du logement, création d’un système entrepreneurial cubain, accélération du développement de la zone franche du port de Mariel, développement des infrastructures touristiques sur l’ensemble de l’île, simplification et clarification du cahier des charges pour les investisseurs étrangers, etc. Des impulsions économiques qui devront donner des résultats, tangibles et rapides, tant il y a urgence.
Tout cela toujours sous le contrôle de Raúl Castro - et des caciques de la révolution -, qui est le secrétaire général du Parti communiste cubain jusqu’au prochain congrès, prévu en 2021 !
Quant au colonel Alejandro Castro Espín, 52 ans, unique fils du président cubain, représentant d’une ligne politique dure, actuellement coordinateur des services de renseignement et de contre-espionnage cubains, il serait bien surprenant qu’une place de choix ne lui soit pas réservée…
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