[Culture] Pont de l’Ascension : mais l’Ascension, c’est quoi, au juste ?
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Certains patrons un peu chagrins détestent le mois de mai, avec ses ponts à rallonge (« ses viaducs », disent-ils), ses beaux jours, son farniente à l’italienne. En ces jours bénis, il fait chaud mais pas trop, le soleil est rayonnant mais pas aveuglant. Soudain, les rues semblent moins peuplées, les gens plus souriants et la vie plus douce. Ces ponts sont issus du calendrier catholique – désolé pour « les valeurs de la République » - et, à la différence des « vacances de printemps », qui sont en fait les vacances de Pâques, les laïcards n’ont pas encore trouvé de nom de substitution à l’Ascension, ni à la Pentecôte d’ailleurs. Mais au juste, amis lecteurs, c’est quoi, l’Ascension ?
L'Ascension en question
Le séjour du Christ au désert dure quarante jours : c’est le Carême, qui se conclut par Pâques. Quarante jours après Pâques, c’est l’Ascension, c’est-à-dire le moment où Jésus rejoint le Ciel. Symétrie assez admirable, puisque Pâques renvoie dos à dos, en deux parties égales, le début des tentations du Christ, que le calendrier catholique conclut par la Passion, et son élévation vers le Père. Un petit peu comme dans cette « vallée de larmes » qu’est la vie et dont parle le chant traditionnel Salve Regina, on traverse le désert de l’existence en ayant faim – et « pas seulement de pain », mais aussi de « tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4), puis on meurt et (si on a correctement bossé) on monte au Ciel pour y vivre éternellement. À la différence de nos vies simplement humaines, cependant, le Christ revient juste après Sa résurrection pour se montrer aux apôtres, et même à Thomas, patron apocryphe des complotistes, qui a besoin de voir les stigmates pour croire. C’est normal, après tout, c’est le patron.
L’Ascension est le moment où Jésus envoie ses disciples en mission, ce qu’indiquent les Actes des Apôtres, cet incroyable récit de l'apostolat des compagnons du Christ : « Vous allez recevoir, dit Jésus, une force, celle de l'Esprit saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la Terre » (Actes 1, 8). Le récit de la Pentecôte, qui leur donnera les forces spirituelles nécessaires pour évangéliser la Terre, confirmera la mission des « envoyés » (c’est le sens étymologique du mot « apôtre »). Notons que, jusqu’au concile Vatican II, l’Ascension était précédée de trois jours de rogations, c’est-à-dire de prières de supplication, généralement pour les moissons. La disparition de cette forme de piété populaire a précédé la disparition de la piété tout court, mais c’est peut-être une coïncidence.
Tout ça vaut bien un pont
Avec l’Ascension, en somme, les apôtres, comme nous dans ce monde qui a oublié le Bon Dieu, se retrouvent à la fois seuls comme jamais, mais incroyablement sereins, avec la certitude d’être aimés et d’avoir reçu les forces nécessaires pour que ça se passe bien. Tout ça vaut bien un pont…
Pour nous faire pardonner ce petit abrégé de catéchisme, terminons plus légèrement sur une version remaniée du questionnaire de feu Bernard Pivot, disparu cette semaine, on le sait. Le mot qui correspond le mieux aux jours fériés de l’Ascension ? « Nonchalance ». Et surtout : si Dieu existe (bien sûr que oui…), qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ? Peut-être « Eh bien, tu ne t’en es pas si mal tiré ». Alors, avant d’entrer « dans la joie de [notre] maître » (Mt 25,23), célébrons, avec espérance (qui est d’ailleurs le fruit de ce deuxième mystère glorieux qu’est l’Ascension), c’est-à-dire avec une cohabitation de tranquille certitude et de tension vers l’infini, cette belle fête dont nous avons trop tendance à oublier la si belle signification !
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17 commentaires
Merci Mr Florac. En tous cas le Christianisme est bien utile aux adeptes des ponts chômés. Curieux que les laïcards – il y en a de fort intéressants, n’aient pas supprimé ces « fêtes de la superstition ».
Bravo à Arnaud Florac our ce rappel de nos fêtes religieuse un peu oubliées .Ce qui nest pas le cas duRamadan et de l’Aïd
Pâques n’est pas une fête chrétienne mais païenne, mobile et lunaire : toujours le premier dimanche qui suit la première pleine lune de printemps. Chacun croit ce qu’il veut et à chaque religion, ses croyances et ses coutumes. Que chaque religion se pratique dans la paix et le respect des autres et tout ira mieux dans ce monde devenu complètement fou.
Il me semble que vous n’avez qu’un assez vague idée des religions. Il faut un peu dépasser le stade si tous les gars du monde…
« Si on a correctement bossé » Le bénéfice du Salut n’est pas lié aux œuvres mais nos œuvres sont les fruits du Salut accordé gratuitement par le Seigneur! . « En effet, (Paul enseigne) c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter » (Lettre aux Éphésiens 2: 8-9)
C’est bien évidemment en plaçant notre foi en Jésus-Christ que avons l’assurance du salut.
Bonne fête de l’Ascension en Jésus-Christ !
Phil
Les làicards ne veulent plus de symboles religieux mais veulent profiter des jours fériés des fêtes religieuses !!
Pas très cohérent et pas beaucoup de fierté !!
Comme je m’occupais des « perms » lors de mon sévice militaire je raillais ceux qui venaient me trouver pour le « pont » de telle ou telle fête religieuse alors qu’ils n’allaient pas à la messe, l’immense caserne disposant d’une église pour cela.
Et, oui malheureusement … Il est vrai que nos médias nous bassinent à longueur de journée avec le ramadan, mais les fêtes religieuses qui ont fait notre culture judéo-chrétiennes ne sont jamais ni rappelées, ni expliquées. C’est tellement gros qu’on a l’impression que c’est voulu ainsi ; enfin, seulement l’impression ?
Il est temps que ceux qui profitent de ces ponts apprennent d’ou ils viennent.
« Si on a correctement bossé », dites-vous. Oui, peut-être. Mais surtout, n’oublions jamais que c’est le Christ qui a tout fait (qui a bossé à la perfection, jusqu’à mourir sur la croix pour nous) pour que nous puissions monter au ciel et y être accueillis par le Père. Nous ne saurions gagner notre place au ciel. C’est un don de Dieu, accordé à tous ceux qui placent leur confiance en lui. Bonne fête de l’Ascension!
Et bien, j’ai rarement lu des paroles aussi sensées et réconfortantes, merci Christode, car j’ai un peu peur de rester sur le côté au-delà, je n’ai rien fait de particulier sur terre….Bonne fête.
Que tout cela est bien dit « mon Père ».
Les « pères », même s’ils ont quinze ans de moins que vous , il faut les écouter plus souvent ; et plus attentivement..
Merci pour ce rappel , ils profitent tous de ce jour de congé mais il n’y en a plus beaucoup pour savoir à quoi celà correspond .
sans doute, pourtant il me semble que le mot est assé explicite…. enfin pour ceux qui savent encore parler le français correctement – D’ailleurs à cet égard, comme vous dite » ils profitent tous de ce jour de congé », comme Noël, comme Pâques, mais » ils » continuent de conspuer la France, sa culture, ses us et coutumes, et ces » Français dégénérés et racistes » !!!
hm, pour Pâques, ils viennent pour la chasse aux oeufs !
Pas beaucoup de commentaire ! Parce que l’Ascension (a fortiori l’Assomption), c’est devenu difficile d’y croire ? Voilà, avec le lundi de Pentecôte, des jours fériés appelés, un jour ou l’autre, à mourir de froid, ce qui sera bien tristounet pour les organisateurs de tournois de pétanque ou de football…