Damien Abad : il n’aurait pas pu perdre les élections, celui-là ?

damien abad

Si, au moins, il avait pu perdre les élections. Même pas ! Dimanche, Damien Abad a été réélu, les doigts dans le nez, député de l’Ain : 57,86 % des voix face à une candidate de la NUPES. Net et sans bavure. Les accusations d’agressions sexuelles pesant sur le tout nouveau ministre n’ont visiblement pas ému les électeurs de la 5e circonscription de ce charmant département. Donc, il reste au gouvernement. Pour l’instant. À la différence d’Amélie de Montchalin qui, à cette heure, doit être en train de faire ses cartons au ministère de la Transition écologique où elle n’aura donc fait que… transiter.

S’il avait perdu les élections, Damien Abad aurait donné sa démission du gouvernement et l’affaire aurait été réglée. Mais là, à peine réélu, le tout nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées doit subir les foudres d’un collectif de 188 femmes qui réclament sa démission du gouvernement dans une tribune publiée, le 20 juin, dans Le Monde. Parmi les signataires, évidemment, la socialiste Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat, évidemment Clémentine Autain, députée LFI, évidemment Alice Coffin, qu’on ne présente plus, évidemment des militantes féministes, des élues de gauche, des collaboratrices d’élus (de gauche, forcément), etc. Bien évidemment, le fait que l’on retrouve dans la liste des signataires pas mal de femmes évoluant dans la galaxie « nupésienne » n’est que pure coïncidence.

Cette tribune pose cette question : « Damien Abad peut-il, comme ses fonctions le requièrent, incarner l’intérêt général ? » Selon les signataires, la réponse est évidemment non. Abad est peut-être coupable des faits qui lui sont reprochés. Il est peut-être innocent. Les femmes de ce collectif n’en savent pas plus que vous et moi mais elles estiment qu’en « reléguant à la Justice le pouvoir unique de trancher, le gouvernement fait preuve d’une grande lâcheté ». Imaginons, un seul instant, qu’effectivement Abad soit innocent des crimes qui lui sont reprochés, n’y a-t-il pas quelque chose d’effrayant à préjuger ainsi ? Mais ce collectif n’a pas complètement tort lorsqu’il ajoute : « Ce n’est pas la Justice qui décide de la nomination des ministres, ce n’est pas à elle d’en décider la démission. » Il n’a pas complètement tort ; il a même totalement raison ! Car, en fait, si tout avait bien fonctionné, tout simplement, Damien Abad n’aurait jamais dû être nommé ministre. On sait, en effet, que l’exécutif savait. Qu’il avait eu connaissance qu’une plainte avait été classée sans suite en 2017, comme le révélait BFM TV, le 24 mai dernier. Cette seule information, dans le contexte actuel « post-MeToo », pour faire court, et d’autant plus lorsqu’on a un président de la République qui se targue de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité, la prudence et le bon sens auraient commandé de barrer de la liste des ministrables ce personnage qui, il y a encore trois mois, vomissait la Macronie (On peut avoir son chemin de Damas, que voulez-vous). Son nom aurait circulé dans les rédactions et les coursives du pouvoir comme tant d’autres pendant quelques jours et puis, in fine, on en serait resté là. Des qui ont failli être ministres, pour de vrai, de faux ou de rire, il y en a des wagons, dans notre histoire politique. Abad y aurait trouvé toute sa place en seconde classe, faute de voitures de troisième, et on serait passé rapidement à autre chose. Moyennant quoi, de ce traître de comédie, on fait aujourd’hui un traître de tragédie. Ce qui en rajoute au sentiment que tout se délite dans le bel édifice macronien.

Avouez, en effet, que le monde est bien mal fait : d'un côté, des têtes de gondole de la firme, comme Castaner, Ferrand et Montchalin, renvoyées à leurs études après leur échec électoral et, de l'autre, un Damien Abad pour lequel on a sans doute formulé en haut lieu des vœux in petto qu'il se plante et qui, finalement, gagne l’élection. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas, si l’on peut le dire ainsi…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

17 commentaires

  1. De toute façon on comprend, en voyant Abad monter les marches de l’Elysée, que le gouvernement est brinqueballant!!!!!!

  2. On apprend ce jour qu’une sous-Ministre, gynéco de métier, est accusée aussi !
    Son nom ? Imprononçable…
    Quelle équipe ! Qui se ressemble s’assemble !

  3. « Cela donne le niveau intellectuel, moral, politique du français moyen » Cela prouve que les electeurs qui l’ont choisi ont encore eux le sens du respect des decisions de justice. Faut il rappeler qu’il n’a pas été condamné et que les accusations relayées par des ultra feministes qui ne représentent qu’elles mêmes ne valent rien en justice si elles ne s’accompagnent pas d’un dépôt de plainte. Une Justice independante pas de bucher mediatique allumé par des hystériques du sexe fruit du Freudisme.

  4. Toujours surpris de voir des mis en cause dans différentes affaires être élu , même réélu
    Ce collectif de mégères se retrouve dans tous les bons ou mauvais coups, la justice n’ étant pas leur soucis premier mais des tentatives de se donner un semblant d’existence .Pour rester dans le sujet, la réalité est qui est à blâmer , le mis en cause, les mégères ou l’ électeur?

  5. Vu son état physique j’ai beaucoup de peine à croire qu’il a violé une femme .
    Si une femme lui a fait une fellation c’est qu’elle était consentante .

  6. Cela donne le niveau intellectuel, moral, politique du français moyen une formule, a dit un belge célèbre, qui serait un pléonasme….

  7. Le Président aura décidément été un très mauvais DRH ! Mais il paraît qu’il n’écoute personne et n’en fait qu’à sa guise. À suivre …

    • Il est comme les petits singes : il ne voit rien, n’entend rien mais … il cause beaucoup pour ne rien dire et brasser de l’air!!!

  8. Non! c’est parfait au contraire : c’est une bombe retardement qui va couler le rafiot et le capitaine.

  9. Tout de même sans rien présumer, quand on voit évoluer l’individu, on se demande comment il peut forcer des jeunes femmes en possession de tous leurs moyens. Ceci n’est qu’une remarque.

  10. déjà Castaner, Ferrand et Montchalin c’est du petit lait, quelle joie de les voir disparaitre du gouvernement et certainement réapparaitre ( à la manière macron) dans une tour dorée…(tout comme buzin et tant d’autres)

    • Hélas, c’est sûrement ce qui va se produire, ils auront bientôt un job en or.
      Mais ne boudons pas notre plaisir: ils ont pris une bonne claque.

  11. Tout à fait de cet avis : sachant les casseroles qu’il traînait – sans pour autant lui dénier sa présomption d’innocence, EM aurait pu et dû s’économiser d’une cabale menée à tort ou à raison par les féministes, le personnage étant par ailleurs traître à son parti dans l’espoir évident d’obtenir un maroquin en Macronie. Malgré son élection largement gagnée je n’ai guère d’estime pour le personnage notamment pour cette dernière raison.

  12. Darmanin et Abad tous les deux traitres, tous les deux avec des affaires embarrassantes aux fesses, (sans jeu de mot) tous les deux réélus, va comprendre leurs électeurs

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