Daniel Sauvaget : « L214 se sert de la dimension émotionnelle liée à la maltraitance des animaux pour anéantir l’élevage en France »
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Depuis lundi, il a déjà reçu mille courriels de la part de militants antispécistes. Face à la pression exercée par L214, Daniel Sauvaget, PDG d’écomiam (entreprise de produits surgelés regroupant 62 magasins et près de 180 salariés), ne compte surtout pas céder aux intimidations et entre en résistance. Il vient de publier une vidéo devenue virale.
Quels sont les moyens de pression effectués par l'association végane ?
C’est inimaginable. Ils inondent nos réseaux sociaux de messages associant le surgelé à la cruauté, ils pratiquent le name and shame : ils essaient de vous faire peur en dégradant l’image de votre marque. Ils nous harcèlent de mails, nous en avons reçu près de mille, depuis lundi. Ils ont les moyens de faire très mal quand ils ont décidé de nuire à quelqu’un. Et ils jouent sur des images parfois habilement montées. En général, au bout de 18 mois, les entreprises cèdent et prennent l’engagement d’exiger auprès des fournisseurs, dans les trois-quatre ans qui suivent, le respect de nouvelles normes d’élevage plus contraignantes.
Que vous inspirent ces injonctions ?
Je suis fils d’agriculteur. Le lien avec l’animal, je l’ai vécu toute ma jeunesse. Mes parents étaient producteurs de lait, j’ai vu ma maman donner des biberons à des petites génisses. Donc, je ne peux pas cautionner des associations affirmant que les animaux seraient maltraités en France, c’est faux ! Quand on connaît le monde de l’agriculture, on ne peut pas laisser dire des choses comme celles-là. De plus, la performance économique d’un élevage passe par le bien-être, parce que si vous maltraitez un animal, vous aurez moins de production de lait, moins de croissance en viande. L214 se sert de la dimension émotionnelle liée à la maltraitance des animaux pour anéantir l’élevage en France. Ma ligne, c’est de protéger au maximum les agriculteurs et les éleveurs, et trouver un modèle économique qui leur permette de gérer sereinement les ressources qu’ils engagent dans leur métier.
Avez-vous échangé avec cette association ?
Oui, je leur ai expliqué que nous respections leur combat mais qu’ils n’avaient pas à nous imposer quoi que ce soit. Je n’ai pas à recevoir d’injonctions de ces personnes dont la seule légitimité est leur capacité à harceler les entreprises. Le bien-être animal est un prétexte, pour eux. Ce qu’ils veulent, en réalité, c’est qu’on arrête de consommer de la viande. Il y a une imposture sur l’intention. Et à mon avis, les gens qui ont cédé pour se soustraire de la pression immédiate vont amèrement le regretter dans quelques années, quand L214 viendra leur demander des comptes sur leur engagement.
Pourquoi résistez-vous ?
J’ai la chance d’avoir une proximité avec nos clients et avec nos fournisseurs qui nous permet d’oser prétendre qu’on va résister à ce diktat de gens qui ont vu une ferme de très loin. Je préfère agir aujourd’hui en ayant un comportement plus éthique et plus loyal vis-à-vis de la filière de production, en donnant aux éleveurs des moyens pour travailler correctement, tout de suite. Les autres ont simplement accepté de mettre sur leur site que, dans trois ans, ils changeraient telle ou telle chose, et continuent de se comporter de manière très rude, vendent des produits importés dont on ne connaît pas les conditions d’élevage, il n’y a aucun engagement immédiat. Tandis que chez écomiam, nous sommes dans la preuve plutôt que dans la promesse et tous nos produits sont français. Je me trouve victime d’une grosse injustice, j’essaie d’être vertueux et je suis cloué au pilori !
Qu’attendez-vous de la médiatisation de cette affaire ?
Il y a un vide juridique. Aujourd’hui, on ne peut se défendre face à ce harcèlement, ils abusent de cette situation. Chacun doit prendre ses responsabilités. J’aimerais donner l’occasion aux autres d’oser réagir. J’espère être un point d’appui pour que les gens retrouvent un peu de bon sens et défendent l’agriculture française. Il disent qu’il faut se battre pour le bien-être animal : mais qu’est-ce qu’ils en savent ? J’ai vécu dans une ferme et je sais qui se levait la nuit pour s’occuper des vaches. Qui sont ces gens pour nous donner des leçons ? Voilà pourquoi je résiste, et s’il faut un village d'irréductibles Gaulois, ce sera écomiam !