Dans son livre, Sarkozy règle ses comptes à droite et soutient Darmanin

SARKOZY

Avec Le Temps des combats (Fayard, publié le 19 août), Nicolas Sarkozy, qui fut président de la République de 2007 à 2012, s’impose simultanément dans trois rentrées distinctes : la littéraire, la politique mais également celle de la droite. Comme à son habitude, l’ancien patron de la droite a su rencontrer son public. La soirée de lancement à La Baule, fief de son ancien homme lige Franck Louvrier, a permis à l'ancien chef de l’État de mesurer sa popularité, certes dans des lieux de villégiature prisés par les retraités aisés puisque, après La Baule, il se rendra à Biarritz.

L’éternelle boussole de la droite de gouvernement

Pour le meilleur et pour le pire, Nicolas Sarkozy garde une certaine influence au sein des LR. Si sa défaite en 2012 a marqué le déclin de la famille UMP, l’ancien Président a encore une voix écoutée et le geste épié. Ainsi, il est revenu sur l’élection présidentielle et sur son refus de soutenir Valérie Pécresse alors qu’elle représentait son camp. Et il n’est pas tendre avec la patronne de la région Île-de-France : « Quelle que fût sa bonne volonté, elle n’était pas prête. Elle n’avait ni l’équipe ni la maturité pour affronter une telle épreuve. La barre était trop haute, comme le résultat l’a montré. Je pressentais une catastrophe. Ce fut un désastre ! »

Si Valérie Pécresse n’a pas trouvé grâce à ses yeux, Nicolas Sarkozy a cependant tissé les louanges d’Éric Ciotti et, surtout, a souhaité la victoire de Gérald Darmanin en 2027 ! Un choix politique logique pour Sarkozy, qui s’était signalé quelques semaines auparavant en déjeunant avec des députés Renaissance issus de la droite. « En aidant Macron, on aide la France », avait alors assuré celui qui ne cache pas son rêve de voir la droite revenir au pouvoir après le départ d’Emmanuel Macron. « En aidant Macron, on aide Sarkozy », avait grincé, à l’époque, un député LR.

« Tu as de la chance : toi, tu aimes la France ; moi, je ne ressens rien  »

D’ailleurs, l’ancien maire de Neuilly revient aussi sur les différents ralliements des anciens cadres LR. « J’ai compris, sans les partager à l’époque, écrit-il, les choix de Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et Sébastien Lecornu en faveur d’Emmanuel Macron après le désastre de la présidentielle de 2017 et le rétrécissement idéologique des Républicains qui s’ensuivit. » Précisant sa pensée, l’auteur va même plus loin, quelques lignes en dessous : « On peut être de droite et ne pas souhaiter être réduit au combat contre le mariage pour tous ou la procréation médicalement assistée ! » La formule est typiquement sarkozienne : les principes et les idées ne doivent jamais supplanter l’instinct de gouvernement d’une droite faite pour diriger et non pour penser. En lisant ce livre qui voit le mot « France » apparaître 435 fois, on ne peut s’empêcher de se remémorer cette anecdote rapportée par Jérôme Rivière dans son ouvrage sur la campagne Zemmour aux Éditions du Rocher : s’adressant à Philippe de Villiers, Nicolas Sarkozy lui aurait dit : « Tu as de la chance : toi, tu aimes la France ; moi, je ne ressens rien. »

Laurent Wauqiez évincé

L’autre information de cet ouvrage est davantage le signalement d’une absence : celle de Laurent Wauquiez. Il n’est cité que quatre fois dans l’ouvrage, et jamais en qualité de potentiel candidat de son camp à l’élection présidentielle. On sait que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes est déjà sur la ligne de départ pour 2027, il est maintenant certain que si course de relais il y aura, Nicolas Sarkozy ne sera pas dans son équipe !

Au fond, ce livre traduit assez bien les pensées et les actes de son auteur : une ligne de crête pour reconquérir le pouvoir. Avec, au fond, cette tenace impression que les valeurs et le patriotisme ne sont que des moyens. Nicolas Sarkozy prouve une fois de plus qu’en politique, les idées ne sont bien souvent que des variables d’ajustement.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

76 commentaires

  1. Après sa trahison sur le choix démocratique des Français, ce pauvre personnage devrait avoir la pudeur de se taire sur tout sujet les concernant. Ma porte lui est fermée mais celle donnant sur la rue lui est grande ouverte. Et dire qu’il touche des dizaines de milliers d’euros à chaque conférence qu’il donne à des représentants de pays démocratiques. Cherchez l’erreur !

  2. Pas d’inquiétude. Le vrai problème de Sarkozy, c’est sa façon de marcher : un pas en avant, deux pas en arrière…

  3. S’adressant à Philippe de Villiers, Nicolas Sarkozy lui aurait dit : « Tu as de la chance : toi, tu aimes la France ; moi, je ne ressens rien. »
    Le pire c’est que c’est vrai. Je reçois des coups de couteaux tous les jours quand je vois comment certains traitent la France, et pas des moindres. S’il a vraiment prononcer ces paroles, alors qu’il ne s’étonne pas si d’autres, comme les « melons » détestent la France.

  4. Toujours le même malaise quand je vois situer Sarkozy à droite, cette Droite qu’il a constamment trahie…Cet homme et ses amis ne sont que des opportunistes qui se moquent bien de la France. Ce sont eux les « karchérisables », coupables d’avoir abusé tant de braves gens!

  5. « Nous irons ensemble vers ce nouvel ordre mondial, et personne, je dis bien personne, ne pourra s’y opposer. » Nicolas Sarkozy (16 janvier 2009)

  6. Ils ont quand même un sacré ego ces gens là pour croire, après toutes leurs fourberies, que les Français attendent quelque chose d’eux. Son mandat à été une échec total et il a le culot de la ramener ! Pourquoi donner de l’audience à de tels cuistres !

  7. Ca fait un peu tambouille que tout cela. Les gens n’aiment pas ( n’aiment plus ) la politicaille politicienne. Ils en ont soupé !

  8. Ca fait un peu tambouille que tout cela… les gens n’aiment pas ( n’aiment plus ) la politicaille politicienne. Ils en ont soupé !

  9. L’état des LR est bien en partie l’œuvre de ce personnage ; ils n’ont jamais su prendre une décision sans l’avis du gourou.
    Quant à Darmanin, il est encore plus indigeste que Macron. Ses sourires en coin ne reflètent que sa méchanceté, sa perversité:.

  10. Avoir réussi le tour de force de nous présenter Sarkozy comme un nouveau phare de la pensée nous donne une idée du niveau général de nos politiciens.

  11. Nicolas Sarkozy lui aurait dit : « Tu as de la chance : toi, tu aimes la France ; moi, je ne ressens rien. » Tout est dans la formule , on s’en doutait mais le disant c’est plus clair . Ce type est l’opposé d’un patriote , un mondialiste , carriériste politique qui ne voit pas sa vie autrement alors qu’il vit une retraite dorée avec multi-avantages payés par nous même .

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