[L’ÉTÉ BV] Darmanin : carrière politique ou destin national ?

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Cet article a été publié le 03/09/2023.

Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, nos chroniques du Macronistan.

En clair, on calme le jeu. Après le quasi-adoubement de Nicolas Sarkozy, parrain sous bracelet électronique de la « droite républicaine », l'adoubement en creux de Mélenchon qui en a fait le chaînon manquant entre l'extrême droite et le macronisme, la rentrée de Tourcoing du week-end dernier, sous le regard pas vraiment attendri d’Élisabeth Borne, Gérald Darmanin semble mettre la pédale douce. En bon nordiste, le ministre de l’Intérieur s’est rendu à la célébrissime et cinq fois centenaire braderie de Lille. Il en a profité pour évoquer devant les journalistes, en jouant le faux modeste comme il sait si bien le faire, son éventuelle candidature à la présidence de la République en déclarant : « C'est très difficile d'être candidat puis président de la République [...] Je pense qu'avant d'être candidat à la présidence de la République, il faut beaucoup réfléchir sur soi-même et se rendre compte qu'on est avec la nation. » Pas faux.

Il aurait pu ajouter qu’il faut aussi beaucoup souffrir. À l’exception d’Emmanuel Macron – et cela explique sans doute beaucoup de choses -, tous les présidents de la Ve République ont souffert, enduré, combattu, avant d’atteindre cette ultime marche. Celui qui a le moins souffert est peut-être Valéry Giscard d’Estaing, élu en 1974 en « surfant » sur la vague jeuniste post-Mai 68. Mais comme rien ne se perd, tout se transforme, son calvaire vint à la fin de son premier et unique mandat en 1981 et le supplice dura des décennies pour ne s’achever, sans doute, que dans la tombe. Or, Darmanin a-t-il souffert, jusqu’à présent ? Pas vraiment, pas beaucoup. Il doit son ascension ministérielle à sa seule trahison de 2017 et ne semble pas en souffrir particulièrement. Ou alors, il cache bien son jeu. Quant à ses origines modestes, portées comme un étendard et évoquées à l’envi, il faut bien reconnaître que cela va finir par ressembler à de la drague lourdingue. Quelque chose qui ne ressemble en rien au personnage…

« Beaucoup réfléchir sur soi-même et se rendre compte qu'on est avec la nation », nous dit le locataire de la place Beauvau, avec le français approximatif qui est sa marque de fabrique. Ça, c’est une réponse qui veut nous ramener aux fondements de la Cinquième : la rencontre d’un homme (ou d’une femme) avec la nation. On imagine que Gérald Darmanin va devoir encore beaucoup, beaucoup réfléchir. Sous-entendu : il y réfléchit déjà. Sans nous dire si c'est en se rasant, ou pas, chaque matin.

Le Sarkozy des corons embraye ensuite sur un grand classique (« Moi, je suis tout à ma charge ») en déclarant : « Moi, je suis en train d'être ministre de l'Intérieur, c'est un métier très difficile car il faut aider les Français à être plus en sécurité. J'ai compris les exigences qu'avaient les Françaises et les Français, qui sont les mêmes que celles du président de la République, et donc j'y travaille matin, midi, soir et nuit. » Visiblement, étant donné l’état d’insécurité du pays, ça ne semble pas suffire…

On l’aura compris, Gérald Darmanin, qui est tout sauf sot, a bien saisi que ce n’est pas l’heure de franchir le Rubicon. En février 1969, alors que le général de Gaulle était en fin de course, affaibli par les événements de mai 68, Georges Pompidou, qui était à l’évidence d’un autre tonneau que celui dans lequel Darmanin mijote, avait déclaré aux journalistes qui l’interrogeaient à Genève sur son avenir : « Je ne crois pas avoir ce qu'on appelle un avenir politique. J'ai un passé politique. J'aurai peut-être, si Dieu le veut, un destin national, mais c'est autre chose. » Alors, Darmanin devra-t-il se contenter d'une carrière politique ou peut-il aspirer à un destin national ? Dieu seul le sait, s'il s'intéresse encore un peu à la France…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

71 commentaires

  1. D’un peuple médiocre ne peut émerger que des dirigeants médiocres… Des de Gaulle, la race est éteinte. Ce pays n’en fabrique plus. Il ne sait plus que nous vendre des « Young leaders » qui se révèlent surtout être des « Young loosers ». Des êtres interchangeables, sans racines, sans culture, sans vision. Quand ce ne sont pas carrément des toxiques à la sauce LFI.

  2. Dans un monde où un candidat sans programme, sans faire campagne arrive à être élu, toute personne dénuée de principes mais prête à se vendre à toute ses chances pour être élue. Quand la politique se résume à une campagne publicitaire, seul un peuple conscient de la supercherie pourra renverser la tendance et remettre à sa tête des hommes de valeurs.

  3. Si ce cancre plein de morgue, d’orgueil et de mensonge a un destin national alors c’est à désespérer de la Nation.

  4. Acoller « destin national » à Darmanin, donne une idée lapidaire de la déchéance française en général et du parti gaulliste en particulier qui n’a de cesse de se saborder depuis 2017 quand ses électeurs lui avaient imposé par surprise le candidat interdit par le « système » (trop pro russe). Darmanin, candidat idéal de la gauche, facile à pulvériser en dernière ligne droite à cause de ses petits travers personnels, et de Sarkozy qui redoute les geoles de la République des juges rouges….What else ? Seul Wauquiez ( pourtant pas trop dangereux pour le système mais juste trop brillant par rapport à Maron) fait peur à gauche et chez Macron….ce qui est la même chose.

    • Parti Gaulliste de nom uniquement.
      Je crains que le Général depuis son bureau au Paradis, ne soit en complet désaccord de voir son patronyme lié à ce cirque !

  5. Les deux pires calamités qui nous attendent en 2027, mais qui ont hélas de grandes chances de se faire une bonne place au motif que « tout plutôt que Marine », sont Darmanin et Philippe, qui ne sont que deux clones de Macron, tout aussi invertébrés que lui.

  6. CHIRAC a été le plus grand traitre; en 81 il demande à ses proches de voter MITTERRAND puis avec ses amis DEBRE etc.. ils votent pour le couple HOLLANE MACRON. Il a divisé le parti LR dont certaines victimes dont DARMANIN, LEMAIRE etc..
    ont bien été contraints de rejoindre la clique de MACRON, comme l’a un peu fait SARKO . Puisse CIOTTI réussir à rassembler LR y compris avec l’accord de SARKO

  7. Je rajoute à mon commentaire de ce matin que tous ceux qui ont trahi et rejoint la macronie doivent être écartés du pouvoir. Que ce soit le maire, philippe, darmanin, woerth, bayrou et autres …

  8. Les français seraient sans doute assez sots pour voter pour ce baratineur de foire qui concours pour le roi des menteurs !
    Il faut bien dire que dans cette équipe de pieds nickelés ils sont nombreux à revendiquer ce titre de « roi des menteurs »…
    Nous en connaissons de des Kévin, de Matéo et autres Gérald qui se revendiquent « français », mais ont-ils l’âme ?

  9. Depuis la disparition de Pompidou, nous n’avons plus eu de choix par manque de candidat d’envergure nationale, et ça n’a fait qu’empirer jusqu’à aujourd’hui ou c’est le néant. Darmanin, non merci.

  10. Un président c’est fait pour rassembler et non diviser ! Parler des « Kevin et Mattéo » n’est-ce pas discriminatoire voir raciste dans le contexte ou ces références ont été sorties ? On a donc pas besoin d’un tel personnage

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