David Lisnard, maire de Cannes, dernier espoir des Républicains ?

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Dans cette droite naguère donnée pour être de gouvernement, la recomposition politique va bon train, histoire d'éviter la décomposition tout court. Son problème - il n’est pas neuf - réside évidemment en sa sincérité réelle ou supposée. En effet, comment croire un Gérald Darmanin, sorte de polycopié de Nicolas Sarkozy, qui aimerait visiblement se faire passer pour un nouveau Charles Pasqua ? Pas plus qu’un Laurent Wauquiez qui, issu de la technocratie européenne, voudrait tant nous faire croire que, par miracle, il serait devenu un leader à vocation populiste ?

En revanche, voilà un reproche qu’on ne saurait faire à David Lisnard, maire de Cannes, réélu avec 88 % des voix en 2020 et potentiel futur patron des Républicains. Lui, au moins, ne ment pas. Ça s’entend, ça se voit. Ceci, d’autant plus que le président de l’Association des maires de France, élu alors que tout le monde attendait l’élection d’un autre ectoplasme, François Baroin, nous épargne le traditionnel sermon des « valeurs républicaines ». David Lisnard, au moins, creuse son propre chemin. Bien droit et solidement tracé.

Son principal adversaire ? La chape étatique et son millefeuille administratif. En bon régionaliste, il persiste à croire en ce « principe de subsidiarité » cher aux ancêtres de la construction européenne. Bref, il n’est pas jacobin, la preuve en demeure son ingénieuse gestion de la pandémie coronavirienne, menée en faisant fi des directives parisiennes. D’où ce pavé jeté dans le marigot politicien sur Europe 1 (17 juillet) : « On n’a jamais eu autant de fonction publique en France et aussi peu de service public sur le terrain. La différence vient de la surcharge administrative qui représente 8 % des effectifs, soit l’équivalent de 500.000 fonctionnaires. »

Depuis longtemps, note CNews, cet édile turbulent ayant interdit le port du burkini sur les plages cannoises dès 2016 n’en finit plus de faire avancer ses idées : « Lutte contre l’immigration, diminution du poids de l’administration et endiguement du déclassement éducatif de la France, avec la culture comme socle de vivre ensemble. » Certains tiendront ce bréviaire pour iréniste. Pourtant, il se tient et, indubitablement, c’est le sien.

Voilà qui fait écho aux propositions jadis avancées par la défunte académicienne Jacqueline de Romilly, qui estimait que seul l’approfondissement de l’enseignement helléniste était susceptible de rapprocher les deux rives de la Méditerranée. Cette Mare Nostrum, autrefois si chère à Homère, permettrait éventuellement de dresser un tronc commun entre Français de souche et Français de branche.

D’un point de vue plus strictement politicien, on remarquera que David Lisnard n’a jamais participé de la chasse au dahu lepéniste et a fermement refusé de voler au secours de Renaud Muselier, LR tout comme lui, mais parti demander asile politique chez LREM, lors des dernières élections régionales.

Plus sérieusement, c’est une société de fous que dénonce notre homme, dans laquelle une administration omnipotente entend présider à l’action d’un gouvernement de plus en plus impotent et dans lequel des fonctionnaires, recrutés en des proportions pléthoriques, finissent par donner corps à cette vieille blague remontant aux grandes heures de l’URSS : « Les fonctionnaires vont toujours par trois. Il y en a un qui sait lire, le deuxième qui sait écrire et le troisième qui surveille les deux intellectuels… »

Ce qui explique, pour reprendre ses propres mots sur Europe 1, « cette crise civique », exemple à l’appui : « Quand on achète des vêtements et des médicaments contrefaits, on se comporte comme un consommateur et non plus comme un citoyen. Ça ne suffit pas à faire une existence. » Bien vu ! Et il y aurait de quoi méditer sur un tel sujet, a priori anodin, mais si lourd de conséquences pour un David Lisnard refusant de faire son deuil de l’idée même de « communauté nationale ». Qui a dit qu’à droite, on ne pensait pas, on ne pensait plus ?

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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