De Gaulle prenait les Français pour des veaux, Castex pour des chevaux, si l’on en croit Zemmour…

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On progresse : de Gaulle prenait les Français pour des veaux, Castex pour des chevaux. C’est, en tout cas, l’interprétation qu’on pourrait en faire si l’on en croit Éric Zemmour. Quelques heures avant sa conférence de presse de jeudi dernier, le Premier ministre donnait une interview au Monde dans laquelle il déclarait que ce n’était « certainement pas le moment pour desserrer la bride ». En clair, malgré le « petit ralentissement » de l’épidémie, il est trop tôt pour desserrer le dispositif visant à enrayer sa propagation.

Et Zemmour de déclarer, sur CNews : « Mais il nous prend pour qui ? On n’est pas des chevaux. » C’est plutôt flatteur, d’être comparés à des chevaux, non ? Le cheval, plus belle conquête de l’homme… Réaction de polémiste. Il aurait tort de se gêner. À l’évidence, Jean Castex n’a pas l’allure de Jacques Dufilho, campant un écuyer du Cadre noir dans Milady, le téléfilm adapté de la nouvelle de Paul Morand, et on l’imagine mal en cavalier. Son sport serait plutôt le rugby. Il y aurait pourtant une certaine philosophie politique à tirer des leçons d’équitation du commandant Gardefort : « Ce qu’il y a de plus difficile, de plus extraordinaire, Monsieur : marcher droit. »

Cette saillie zemmourienne est cependant l’occasion de faire un petit tour de manège, au trot assis, s’il vous plaît. D’abord, on aura bien compris que la bride abattue pour les Français, ce n’est pas pour demain. Pas question d’aller galoper en forêt, naseaux fumants et dilatés, à plus d’un kilomètre de l’écurie. Paddock, manège, paddock. Point barre. À la limite, un petit tour en carrière et puis c’est tout. Dans le manège, interdit de renifler la queue du cheval de devant et pas plus de six pour la reprise.

Jean Castex ne lâche donc pas la bride et Gérald Darmanin tient la cravache en jockey de la sécurité. Napoléon, qui avait une approche pratique et non esthétique de l’équitation (ne disait-il pas « Quand j’ai un cheval entre les jambes, l’envie me prend de courir » ?), affirmait qu’il fallait « mener les hommes par les brides qu’ils ont aujourd’hui, non par celles qu’ils avaient autrefois ». Quelles sont les brides d'aujourd'hui ? Il disait aussi : « Si je lâche la bride à la presse, je ne reste pas trois mois au pouvoir. » Emmanuel Macron est au pouvoir depuis bientôt quatre ans…

La question qui se pose est de savoir si le gouvernement, dans sa stratégie pour lutter contre la propagation du virus, ne bride pas son cheval par la queue ; en clair, s’il ne s’y prend pas comme un manche. Aux bavardages incessants, on aimerait parfois le silence religieux de ces petits matins dans le manège glacial, lorsqu’on essayait, en vain, d’aller en avant, calme et droit.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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