De Jacline Mouraud à Jacqueline Gourault : à quand la fin de la grande récré ?

Tous les observateurs sensés sont stupéfaits de constater qu'un mouvement de révolte contre les taxes est en train d'aboutir à un concours pour trouver de nouveaux impôts.

En octobre, le mouvement des gilets jaunes se cristallisait à partir de la vidéo virale de Jacline Mouraud, vue plus de six millions de fois, qui égrenait les multiples taxes et augmentations auxquelles était soumis l'automobiliste. La France périphérique et populaire s'identifiait à ce ras-le-bol plein de bon sens et à la gouaille de Jacline Mouraud.

Moins de six mois après, le macronisme a fait monter au front sa Jacqueline de service, Mme Gourault. Spécialiste des trous de mémoire pendant les interviews, des approximations, gentiment caricaturée en Mère Denis sur les réseaux sociaux, elle était la candidate toute désignée pour lancer l'idée de l'impôt sur le revenu pour tous dès le premier euro. Un ministre qui fait peuple pour faire payer le peuple : on a de la suite dans les idées, dans la team Macron. L'idée a séduit sur les plateaux télé, où certains animateurs redevables de l'impôt sur le revenu ("Les Grandes Gueules"), se sentant concernés, ont repris l'antienne des 2 % de Français s'acquittant de 40 % des recettes de l'impôt sur le revenu. Ben oui, ils se sentent un peu seuls, alors pourquoi ne pas faire payer davantage les autres ?

Le Premier ministre et Bercy ont rapidement désavoué le ministre. C'est l'avantage du grand débat : le grand déballage est permis, jusque dans le gouvernement, pourtant en charge de conduire la politique de la nation. C'est amusant, et l'on peut remercier Jacqueline Gourault pour avoir assuré le spectacle trois jours, histoire de relayer son patron qui se démène depuis un mois.

En effet, depuis le début du grand débat, on a vu défiler : le retour de la taxe carbone, la réforme du quotient familial, la fin de l'universalité des allocations familiales et, donc, maintenant, cet impôt sur le revenu pour tous... Plus symbolique qu'autre chose, selon les exégètes de la pensée de Jacqueline Gourault : puisqu'il s'agirait, pour chaque contribuable, de verser un euro. Une sorte d'opération pièces jaunes. À l'efficacité financière nulle. Merci, Jacqueline Gourault, pour votre participation, vous pouvez regagner votre place !

À qui le tour, pour tourner la roue ? Ce serait drôle s'il ne s'agissait des finances de la France, qui sont dans l'état que l'on sait, et des nôtres, qui ont poussé les gilets jaunes à la révolte.

On devient quand même un peu impatient de voir la fin de cette fête foraine et de ce qui sortira du chapeau fiscal.

Pas sûr que cette grande récré aient rassuré les ménages, les investisseurs, les contribuables que nous sommes tous. Les spécialistes nous disent que la confiance, en matière fiscale comme ailleurs, a besoin de visibilité, de stabilité, de constance. Or, on y voyait plus clair avec le réquisitoire de Jacline Mouraud en octobre qu'avec la trouvaille de Jacqueline Gourault en février...

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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