De la crédibilité politique : Xavier Bertrand, ou l’art de la conviction à géométrie variable

Capture d'écran
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Tiens, revoici Xavier Bertrand qui veut prendre « en marche » le train Lille-Paris. Jusqu’à la station Élysée ? Ce baron régional aux allures bonasses, devenu sous l’ère hollandienne patron des Hauts-de-France, que ses jaloux plus capés de l’ENA voyaient « plouc de province », que son ami Gérald Darmanin décrit en « vrai popu », qui « mange des frites avec les doigts, écoute les Enfoirés », qui, de son propre aveu, regarde « Intervilles » et « Miss France », n’a-t-il pas tous les atouts qui conviennent pour attirer la sympathie des électeurs déboussolés ?

Le voici qui sort du bois, en cette fin d’août caniculaire et orageuse, pour faire, lui aussi, sa rentrée de septembre. Invité, ce jeudi matin, de BFM TV-RMC, le président des Hauts-de-France reprend sciemment une expression connotée. Nous avons traversé, dit-il, « un été Orange mécanique » ! Et d’essayer de s’emparer de la question sécuritaire qui préoccupe, à bon droit, les Français.

Pour rallier à lui le peuple qui souffre, Bertrand cogne d’abord sur Macron : « Il a un problème non seulement avec l'autorité », dit-il, mais il n’a « pas conscience », non plus, de la gravité de la situation. Par absence d’expérience politique locale. Et il sait – avec un président de la République dont la cote d’amour n’a pas dépassé les 36 %, ce mois-ci, et qui réussit à rassembler contre lui les deux tiers des Français – qu’il fera consensus. Au passage, un bourre-pif à Castaner, une calotte à Belloubet ; facile, ils sont déjà virés. Un hommage aux gilets jaunes, ceux des ronds-points, les besogneux légitimes. Hop ! Il faut ratisser large. Un discours rassembleur des « braves gens », pour « tous les Français » !

Alors, pour les « individus qui ont un sentiment d'impunité », il réclame « les peines plancher ». Oui, Xavier Bertrand a bien lu Obertone, et sans doute compris les appels à une vraie justice qui courent les réseaux sociaux. Mais, des vrais coupables des meurtres, lui non plus n’en a pas parlé. Et la région qu’il préside fait partie, avec la Provence-Alpes-Côte d'Azur et l'Île-de-France, des trois régions métropolitaines présentant les plus forts taux de coups et blessures volontaires par habitant, avec environ 5 victimes pour 1.000 en 2019.

Peut-on, par conséquent, voir en lui un recours face aux gabegies actuelles ? N’est-il pas de ces hommes politiques qui sentent bien le vent sans être pour autant vrais chasseurs de tempête ? À 27 ans, en 1992, jeune loup RPR, il défendait le « non » au traité de Maastricht ; député UMP, en 2005, il soutenait le « oui » pour l’adoption de la Constitution européenne. On sait ce que tous ces élus et leur Président Sarkozy ont fait du vote-rejet populaire !

Jean-François Copé disait de lui, à Sarkozy : « Tu as prévu de filer les clés de l'UMP à Xavier Bertrand ; tu devrais en garder un double. » Pour le malheur possible de l’actuel locataire de l’Élysée, ce jeudi, Xavier Bertrand n’a pas caché ses intentions de s’emparer des clés présidentielles. Bonne nouvelle : s’il est élu, il ne veut faire qu’un mandat… de six ans. Doit-on le croire ? Réfléchissons quand même à ce que cet hypothétique « sextennat » qu’il souhaite ne devienne pas, pour nous, citoyens, le « sextennat » de trop !

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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