De la crise du Covid-19 aux institutions : remettre la Ve République sur ses pieds

DE GAULLE

Jamais un pouvoir n’a fait preuve à ce point d’un autoritarisme brouillon, mais inscrivant dans la durée les restrictions les plus graves aux libertés d’expression, de prescription, de manifestation. Depuis 2017, le gouvernement Macron mène l’offensive sur deux fronts : l’un a été la déconsidération des corps intermédiaires. Ils étaient déjà moribonds. Le deuxième front a été la liquidation de tout mouvement référendaire d’initiative populaire. La récupération des gilets jaunes par l’extrême gauche a été une des étapes de ce mouvement. Nos élites ne croient pas à « l’existence solidaire d’un peuple » (Vincent Coussedière). Ils tiennent d’autant moins à ce qu’il s’exprime.

C’est la stratégie de l’atomisation sociale. Une société atomisée n’est pas le contraire d’une société totalitaire. C’est, au contraire, le plus court chemin vers celle-ci. Par contre, une société atomisée est le contraire d’une société subsidiaire, d’une société où la démocratie se déploierait sur plusieurs niveaux. Pour que les Français croient à nouveau en la parole des hommes politiques, il faut que ces derniers soient responsables à la fois des décisions, des moyens et des résultats. Il faut que tout ce qui peut être décidé, exécuté, mise en œuvre au niveau le plus proche des gens le soit. C’est le principe du localisme, à la fois politique et économique.

Mais si le localisme est nécessaire pour qu’il y ait une souveraineté du peuple, il ne suffit pas. Il faut un double mouvement de référendum pour qu’il y ait souveraineté populaire : du haut vers le bas, c’est-à-dire d’initiative présidentielle, et du bas vers la haut, d’initiative populaire.
Il y a quelque chose qui rend cela impossible. C’est le quinquennat, instauré en l’an 2000, par un référendum avec 70 % d’abstention. Depuis, tout le monde a descendu d’un cran. Les ministres font le travail des préfets. Le Premier ministre n’est plus qu’un collaborateur du Président. Et le président de la République n’est plus qu’un super Premier ministre. Il n’y a plus de chef d’État. Le président de la République devient chef de la majorité, ce qui est le rôle du Premier ministre, et, même, il devient chef de parti, celui-ci fût-il croupion comme LREM. Le président de la République est bien en peine, le voudrait-il, de sortir du gouvernement des juges par le référendum. Il lui faudrait, pour cela, ne pas être bloqué dans les cinq ans d’un quinquennat qui le fait gouverner « le nez sur le guidon ».

Précédée par l’élection présidentielle, l’élection législative connaît des taux d’abstention énormes : en 2017, plus de 50 % au premier tour, 58 % au second tour. Pour changer cela, plutôt que d’inventer une VIe République, il faut tout simplement revenir à la Ve République. Revenir au septennat, faciliter la pratique référendaire, d’initiative populaire et présidentielle, redonner plus de pouvoir à la Chambre de députés en limitant la durée de ses sessions, comme avant 1994, mais en lui donnant plus d’initiative. Il faut aussi, bien sûr, rendre le Parlement plus représentatif, avec au moins un quart des sièges à la proportionnelle à l’Assemblée nationale, ou une proportionnelle avec prime majoritaire. Le système actuel est le pire des systèmes. Le quinquennat présidentiel a tué le meilleur de la Ve République.

Il faut remettre notre République sur ses pieds : un septennat pour prendre du recul, un régime parlementaire et primo-ministériel pour le quotidien, le référendum pour impliquer le peuple et lui faire trancher les grandes questions. De bonnes institutions sont celles qui permettent au peuple et au Président de trancher.

Pierre Le Vigan
Pierre Le Vigan
Écrivain, journaliste, juriste

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