De quoi PISA est-il le nom ?
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L’étonnant, quand on commente les résultats de ce fameux PISA qui, comme un serpent de mer, réapparaît régulièrement pour ficher la trouille aux commentateurs avisés, c’est justement que ces analystes, surtout journalistes, mais aussi ceux qui, comme des poissons-pilotes, tournicotent dans leur sillage, acceptent comme une évidence ce que ce type d’évaluation internationale (entendez « mondialiste ») implique comme postulat.
Il n’est qu’à jeter un coup d’œil sur, par exemple, les « tests » (terme idoine pour le projet préprofessionnel qui est le véritable rail qui guide cet examen) pour jauger la nature de ce qui est véritablement diagnostiqué. Car non seulement l’instrument utilisé, l’ordinateur, pour cette détermination du niveau des élèves de 15 ans issus de 80 pays induit une certaine pratique de la lecture et de l’écriture qui, comme Michel Desmurget le démontre, est limitée et catastrophique pour les capacités de discrimination, de mémorisation et de construction de la pensée, mais le fond même de l’« analyse » des textes, si on ne prend que l’épreuve de lecture, est singulièrement chétif, bricolé de QCM, de questions simplettes, sollicitant parfois des réponses étiques, les textes proposés étant très loin d’avoir la complexité des créations littéraires, puisqu’il s’agit d’énoncés informatifs, explicatifs, parfois scientifiques, en tout cas aptes à être à la portée d’un futur producteur-consommateur à qui on demande de se débrouiller honnêtement, dans un monde où l’écrit et l’image, même réduits à leur utilité fonctionnelle, sont encore présents, sans verser dans le fossé des assistés sociaux.
Ce qui frappe aussi, dans cette évaluation des aptitudes et compétences (dont l’une consiste à répondre n’importe quoi, si on n’a pas de réponse solide, même si c’est nul), c’est qu’elle concerne un corpus globalisant, à savoir les « apprenants », comme les nomme le jargon pédagogique, de toute une nation, bien que les résultats du diagnostic prenne en compte les disparités sociales des élèves. À ce titre, la dénonciation des « inégalités », lesquelles existent depuis que l’École est apparue chez les Grecs, arrive chaque fois comme un leitmotiv pour enjoindre l’État à « démocratiser » le système, c’est-à-dire, in fine, à le simplifier outrageusement, à le niveler vers les réquisits les plus débilitants, aux dépens des élèves méritants. Il est une loi que tout un chacun peut vérifier depuis que le pédagogisme sévit, c’est que l’injonction d’égalité et de démocratisation a toujours engendré la suppression des exigences qui ont un sens. L’indignation suscitée par la place médiocre occupée dans les rangs des pays participants est alors complètement déplacée, hormis si l’on tient compte des causes du succès des dragons asiatiques, qui misent sur le travail, l’effort (ce que nous faisions jadis). Il est donc inutile de s’attarder à commenter ce qui s’apparente à un amoncellement de cadavres sur un champ de bataille.
Pour appréhender la question scolaire, il est sans doute nécessaire de revenir au bon sens. Quoi de commun entre un jeune dont la personnalité le porte à un devenir professionnel, certes digne, mais sans contraintes intellectuelles sévères, et un autre, dont l’appétence pour le monde des idées, des livres, des débats, des chefs-d’œuvre du passé et des destinées de la civilisation le destine naturellement à un cursus long et approfondi ? Toute société assise sur des bases saines doit donner toutes leurs chances aussi bien aux producteurs qu’à l’élite.
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