Débarqué en 1981, Giscard aura son quai à Paris

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De Gaulle est à sa place à L’Étoile, Pompidou a sa voie rappelant le temps béni des années bagnole, Mitterrand qui aimait autant les livres que les femmes a sa bibliothèque, Chirac son musée des arts premiers, et si l’on remonte plus loin, même René Coty, « notre raïs », a droit aux honneurs d’une avenue et Vincent Auriol à ceux d’un boulevard. Tout cela à Paris. Donc, c’était un peu au tour de Giscard, mort en 2020. Celui qui fut débarqué de l’Élysée en 1981 aura droit à son quai. Le Conseil de Paris en a décidé ainsi.

On ne va pas faire ici le bilan politique de VGE : pour les uns, son passif serait à mettre à son actif, et pour les autres, inversement. En vrac, le lecteur fera le tri selon ses goûts : majorité à 18 ans, avortement, revalorisation de la condition militaire, fondation du G7, Kolwezi, regroupement familial (décret signé par Chirac, rappelons-le), déficit budgétaire, poursuite et développement de la politique énergétique nucléaire, démantèlement de l’ORTF, Françoise Giroud et le général Marcel Bigeard, secrétaires d’État... Sans parler de Danièle Gilbert, qui faisait les délices d’une France qui rentrait encore déjeuner à la maison à midi sans raser les murs !

C’est donc le quai passant devant le musée d’Orsay, rive gauche, qui portera désormais le nom du troisième président de la Ve République. Rien de plus normal, puisque c’est Giscard qui fut à l’initiative de la transformation de la vieille gare d’Orsay en musée des arts du XIXe siècle, inauguré seulement en 1986… sous Mitterrand. Rappelons qu’en 2021, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, avait annoncé que le nom du Président Giscard d’Estaing était ajouté à la dénomination des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Une décision qui faisait suite à une résolution votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Beaucoup d’honneurs post-mortem, trop diront certains, pour celui qu’on appela des décennies durant « L’Ex ».

On aime, on n’aime pas Giscard (les Français ont sans doute adoré le détester), mais alors qu’on a trop souvent voulu nous faire passer le macronisme comme une sorte de giscardisme, autant dire des vessies pour des lanternes, rappelons ce que l’écrivain Jean-Marie Rouart disait en 2004, dans son discours de réponse, lors de la réception de VGE à l’Académie française : « Le giscardisme est une exhortation à l’apaisement politique par l’intelligence, un appel à substituer le dialogue au conflit, la négociation à la lutte. » Et il ajoutait : « Cette inspiration qui vise à conjurer la fatalité de la bipolarisation est à l'opposé de la conception gaullienne du "moi ou le chaos". » Rien à voir, donc, avec le macronisme qui ressemble plus à « moi et le chaos ».

Au fait, en faisant une petite recherche, je viens de découvrir que le Président Gaston Doumergue (1863-1937), président de la République de 1924 à 1931, le mandat sous lequel était né Giscard, n’a pas son nom de rue à Paris. C’est injuste. Pourtant, il était le premier protestant à accéder à la fonction suprême depuis Henri IV, sans passer par la case messe ! Son mandat terminé, il se retira de la vie politique pour aller vivre tranquillement en province avec son épouse. Un exemple à suivre ? Certes, ce ne fut pas définitif, puisqu’il fut rappelé en 1934 pour présider le Conseil des ministres, mais tout de même…

En tout cas, un quai, c'est bien. On en débarque mais on y embarque aussi. C'est autre chose qu'une impasse.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Et pour le jardin de l’Observatoire, François Mitterrand, grand gagnant du steeple chase du 16/10/1959!

  2. A Bordeaux, le pont d’Arcins qui enjambe la Garonne est devenu le pont F.Mitterrand.

    A côté de chez moi, j’ai un collège du même nom.

    Alors un quai Giscard, rien de bien singulier. On laisse à la postérité des noms peu glorieux.

    Vous imaginez une place Macron ? Moi pas.

  3. Bien vu par la macronie ce nouveau bras d’honneur à la «  droite » post-gaulliste , non ? Le  musée préféré de Chirac  sera ceinturé par le goudron giscardien qui aide encore bien la Macronie avec le modem.

  4. Ce monsieur n’a aucun titre de noblesse, il a acheté sa particule en soudoyant les villageois d’Estaing…
    Allez à Estaing et demandez leur !!!

  5. Giscard devrait plutôt avoir son quai à Bruxelles, je verrai bien le ‘quai des péniches’ lui qui nous a mené en bateau avec sa constitution européenne…

  6. Sur mon plan de Paris le quai devant le musée Jacques Chirac s’appelle Quai Jacques Chirac ( anciennement Quai Branly )!
    Va-t-on débaptiser une deuxième fois ce quai pour l’appeler Quai Giscard d’Estaing ?
    A quand le Quai François Hollande ? et plus tard le Quai Emmanuel Macron ! A moins que l’on juge que pour ce dernier cela ne soit pas assez élogieux et l’on débaptise les Champs Elysées pour les appeler Avenue Emmanuel Macron ?

  7. La France honore tous ces ex présidents qui ont plongé ce pays en pleine décadence Pauvre France!!!!!

  8. Bonjour Georges Michel, un homonyme célèbre. Je reste sans voix, votre très bon article démontre toutes les ambiguïtés de VGE. Compte tenu de ses compromissions dans l’affaire des « diamants », de sa particule « achetée »… Je ne comprends pas bien qu’on lui attribue un quai, pour quels faits glorieux?

    • A 18 ans il quitte de brillantes études pour s’engager dans la résistance, puis suit la 2 DB, comme brigadier tireur dans un char.
      C’est pas glorieux ça ?

  9. A Evry ville Ps tenue maintenant par un ex Lr Beaudet, nous avons aussi ce douteux honneur!

Commentaires fermés.

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