Débat Attal-Bardella-Bompard. Ni morts, ni blessés : on a vu duels plus cruels

BARDELLA ATTAL BOMPARD

Gabriel Attal l’a annoncé la semaine dernière : les Français seront donc appelés à choisir leur Premier ministre les 30 juin et 7 juillet prochains. Michel Debré, père de la Ve République, a dû se retourner dans sa tombe. Mais, bon, au point où nous en sommes… Au cinéma, on connaissait Le Bon, la Brute et le Truand. Pour aider les Français dans leur choix, TF1 leur a offert, ce mardi 25 juin, un match à trois : Attal-Bardella-Bompard. De là à penser que TF1 a voulu offrir un remake du western de Sergio Leone, ce serait aller un peu vite en affaires. Quoique... Aider les Français à faire leur choix ? Disons-le tout de go : chaque protagoniste a joué sa partition, couru dans son couloir et dit ce que son camp voulait entendre. Il n’est donc pas certain que ce débat fasse bouger les lignes.

Certes, on aura échappé à Mélenchon

Une remarque sur le casting. Attal, chef de la « majorité présidentielle », candidat à sa propre succession : normal. Bardella, chef de la coalition nationale et aspirant revendiqué depuis des mois au poste de Premier ministre : normal. Et Bompard ? Pourquoi lui ? Si Michel Debré peut se retourner dans sa tombe, un autre « grand ancêtre » a dû en faire autant : François Mitterrand. En effet, Bompard incarne une réalité qui devrait, dans un monde normal, faire sortir de leur somnambulisme les sociaux-démocrates sincères : le Nouveau Front populaire est tout simplement sous domination de l’extrême gauche. On aura échappé à Mélenchon (cela dit, le débat aurait eu plus de punch !) et Bompard n'a pas été antipathique, mais personne n’est dupe. Et le fait que Bompard ait fait l’effort de mettre une cravate, sans doute pour faire plus « premier-ministrable », ne trompe personne, d’autant que le député sortant des Bouches-du-Rhône est venu accompagné de Boyard et Keke en « back seat » et non d’Olivier Faure. Un détail, peut-être. Peut-être pas.

Une avalanche de chiffres qui nous font regretter les débats d’antan

Sinon, le débat en lui-même ? Une première partie, disons plutôt technique, pour ne pas dire autre chose, sur les questions du pouvoir d’achat, des salaires, des retraites, des impôts. Chacun y est allé de ses solutions (mais que n’avez-vous donc fait, M. Attal ?), avec une avalanche de chiffres qui nous font regretter les débats d’antan. Attal tente de jouer à domicile sur ces sujets, malgré le handicap des 3.000 milliards de dettes, Bompard veut rassurer, malgré la couleur de sa cravate (rouge). Bardella, quant à lui, est déjà dans le costume de Premier ministre, dégageant un volontarisme assuré et revendiquant le sérieux budgétaire. Sérieux et crédibilité que lui conteste le Premier ministre sortant. Si vous étiez crédible, lui rétorque Bardella, nous ne serions pas là, ce soir, à débattre ! Pas faux.

Vient ensuite le chapitre environnement et transition énergétique. Visiblement, Attal a du mal à assumer les années antinucléaires de la Macronie et Bompard explique que la question sera tranchée au Parlement, histoire d’enjamber les divergences profondes qui traversent le Nouveau Front populaire sur ce sujet crucial. Bardella défend le nucléaire, explique que la réduction des émissions des gaz à effet de serre passe par le retour de la production en France et que l’agenda 2035 sur le « tout véhicule électrique » n’est pas tenable pour les classes populaires.

Attal capitalise sur son coup de l’interdiction de l’abaya

Le débat s’achève sur les questions d’immigration, de sécurité, d'école et d’autorité. Sans surprise, Bompard affirme que l’immigration rapporte 10 milliards à la France par an. Alors, que n’augmentons-nous l’immigration, lui rétorque Bardella ! Et le président du RN « dézoome » la question migratoire lorsqu’il est interrogé sur le droit du sol : le droit du sol n’a plus de sens, aujourd’hui, dans un monde à huit milliards d’individus. Sur cette question de l’immigration, Attal ne propose rien, ne dit rien, si ce n’est reprocher à Bardella de vouloir interdire aux binationaux d’occuper des emplois sensibles. Sans surprise Bompard, veut rétablir la police de proximité, visiblement à ses yeux la véritable panacée à l’insécurité. Attal capitalise sur son coup de l’interdiction de l’abaya, véritable alpha et oméga de son court passage à l’Éducation nationale. Et il propose, propose encore et propose toujours. On dirait qu’il sort d’une cure de sept ans d’opposition… Bardella, lui, veut rétablir les peines planchers, supprimer l’excuse de minorité pour les délinquants mineurs et martèle qu’il veut être le Premier ministre qui rétablira l’autorité dans le pays.

Personne n'est mort, dans ce duel - pardon, ce « truel » - et l'on aura vu des westerns plus palpitants. Et dans tout ça, qui était le bon, la brute et le truand ? À vous de juger...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Moi j’ai été marqué par la prise de position de décence de mademoiselle atall sur le sujet d’une audit des. Comptes public , vraiment sur la défensive , mais qu’y a t-il donc de si grave à cela ?
    Y a -il anguille sous roche ? Oui et oui cette audit doit être faite .

  2. À chaque fois que j’ai zappé dessus, Jordan (le bon) avait plus de hauteur, Attal (labrute) comme à son habitude parlait sans discontinuer sur ses « concurents » et Bompard (le truand) avait l’air égaré été nageait comme un poisson dans ses mensonges.
    Rien de bien nouveau si ce n’est que Jordan a pris de l’assurance et a sû dominer cette séance organisée par des journalistes décidés à le faire trébucher.
    L’ensemble des commentaires donne un bon aperçu de cette mascarade…

  3. Je n’aime pas ce genre de débat qui n’apportent rien.
    Autan les écouter chacun à leur tour nous présenter leur programme, etc., et faire un choix après.
    De toute façon le mien est fait depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale dans la somure macronienne.

  4. Bompard pretend que l immigration rapporte 10 milliards il diffuse son narratif mensonger car contribuables associées à chiffré que cette immigration nous coûte 50 milliards par an

  5. Débat inutile ..je sais pour qui voter ..comme toujours ..courage et méfiance Jordan ..les votes par procurations m’inquiètent …la magouille est dans l,ombre .

  6. Attal se réfère toujours à sa fonction de ministre de l’éducation nationale, il n’y est resté que 4 mois quand même

  7. Personne n’a vraiment proposé clairement de « Vision » avec un grand « V », dans laquelle les Français pourraient se reconnaitre et adhérer pour aller dans le même sens. Par exemple « Je veux que la France redevienne une grande puissance industrielle et culturelle ». Ne comptons pas sur LFI pour proposer ça, bien sûr. Mais Bardella aurait pu l’exprimer plus clairement, explicitement, même si c’était un peu en filigrane. Dommage.

  8. Je dirais : Attal en truand ; Bompart en brute et Bardella en bon ( enfant de choeur…)

  9. Des débats qui nous fatiguent pour la grande majorité des français la décision pour qui voter est prise point final

    • Oh que oui ….malgré la propagande éhontée des médias qui continuent à matraquer en toute vulgarité crasse le RN , les jeux sont faits . On vote pour l’ Assemblée Nationale , on observe les résultats , on rectifie le curseur s’il le faut mais il n’y a plus de place pour l’indécision….

  10. Je rejoins les commentaires, j’ai regardé 5 minutes ce pseudo débat qui ne servait à rien, les français ont compris et on fait leur choix, alors aux urnes citoyens et que le meilleur l’emporte.

  11. Je voterai RN, en effet les marconistes pendant sept ans n’ont pas fait grand chose pour notre pays, que ce soit la sécurité, l’enseignement et le pouvoir d’achat . Donc laissons la chance au RN . On nous dit que le RN n’a jamais été au pouvoir, et Macron à ses débuts , était-il au pouvoir ????

  12. Je n’ai pas regardé mais j’ai jeté un oeil par après sur le pc. Quelques instants pour me dire que je n’ai rien raté. Attal pénible, cravate rouge hallucinant, et Bardella digne comme un pharaon, l’air je ne descend pas à votre niveau. A lire BV et merci pour le compte rendu, je me confirme.

  13. Ces débats ne servent à rien. Nous ne sommes plus au temps ou un bon mot, une petite phrase, pouvaient faire pencher la balance… La situation du pays est trop grave, trop tragique.

  14. comme je le pensais, je n’ai rien raté ! et comme dit Anne Aurore Angélique, assé de blabla , aux urnes !

      • On a l’impression d’être devant la photo d’une poule qui vient de trouver un fourchette dans le tas de fumier …

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