Débat aux USA : les tacles mordants de Donald Trump contre Kamala Harris

Capture d'écran
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Le débat qui s’est tenu dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 septembre à Philadelphie fut âpre, entre les deux candidats à la Maison-Blanche. Kamala Harris et Donald Trump n’ont pas manqué l’occasion de s’écharper à de maintes reprises. Une confrontation en plateau, sans public et sans note, retransmise en direct via la chaîne de télévision américaine ABC News et qui a rassemblé derrière l’écran plusieurs millions de téléspectateurs. Sans surprise, le ton fut offensif, les deux candidats ayant passé la plupart de leur temps à s’accuser de mentir mutuellement. Quant à leur vision, opposée, de l’Amérique, les brides d’exposition de leur programme furent rares.

Le verbe taquin de Trump

Donald Trump, rompu à l’exercice du débat présidentiel (son septième), a fait en définitive ce qu’il sait faire : tacler ses adversaires. Les répliques acerbes ont donc naturellement fusé, comme celle-ci où il demande le silence à son opposante démocrate en reprenant ses propres expressions fétiches : « Attendez une minute, je suis en train de parler. Si cela ne vous dérange pas, s’il vous plaît. Cela vous dit quelque chose ? », nargue ainsi Donald Trump, face au sourire crispé de Kamala Harris.

Kamala Harris, une « horrible négociatrice », selon Donald Trump

Autre temps fort du débat, la réponse percutante de Donald Trump, interrogé sur les négociations avec les talibans en Afghanistan avant que le retrait précipité des troupes américaines ne soit ordonné par son prédécesseur, Joe Biden, en août 2021. « Les talibans tuaient nos soldats avec des snipers », rétorque Trump, qui revient sur son bras de fer avec « Abdul (Ghani Baradar), le chef des talibans ». « Je lui ai dit : "ne fais plus cela, si tu continues, tu vas avoir des problèmes". » Un cliché de la maison du mollah lui parvient depuis Washington : « Il faut que tu comprennes bien, Abdul », lance Trump, faisant revivre la scène. « Et pendant 18 mois, personne n’a été tué. Nous avions négocié un accord avec Mike Pompeo » (ancien secrétaire d’État des États-Unis sous la présidence de Donald Trump). « Nous n’aurions pas été aussi rapides qu’eux (l’administration Biden), mais nous n’aurions pas perdu des soldats, nous n’aurions pas laissé autant d’Américains et nous n’y aurions pas laissé 85 milliards de dollars d’équipement militaire flambant neuf. » « Ils ont tout gâchés », s’exclame Trump, en pointant du doigt la vice-présidente de l’administration démocrate. « Ils n'ont pas fait ce qu’il étaient censés faire. » Un péché d’orgueil de la part du camp démocrate qui selon Trump, a engendré « le moment le plus embarrassant de l’histoire de notre pays ». Même vindicte trumpiste concernant l’Ukraine. Si la Russie a envahi l’Ukraine, c’est « parce qu’ils ont vu à quel point elle [Kamala Harris] et son patron [Joe Biden] étaient incompétents ». « Ils l’ont envoyée [Kamala Harris] négocier la paix avant que cette guerre n'ait commencé. Elle était l’émissaire envoyée par Washington pour négocier avec Zelensky et Poutine. C’est ce qu’elle a fait, et trois jours plus tard, [Vladimir Poutine] entrait en Ukraine et commençait la guerre, parce que tout ce qu’ils disaient était faible et stupide […]. Cette guerre n’aurait jamais dû commencer » martèle l’ancien président des États-Unis. Ce à quoi Kamala Harris réplique : Donald Trump aurait accordé son allégeance à Vladimir Poutine, qui n’aurait fait « qu’une bouchée » de l’ancien président américain, préférant « l’amitié d’un dictateur » plutôt que la « guerre contre la Russie ».

Donald Trump assassin avec l'administration démocrate sur l’immigration

Le candidat républicain s’est également fait le défenseur de la cause animale, concernant les immigrés qui, selon Trump, à Springfield (Ohio), « mangent des chiens […] des chats […] [et] les animaux de compagnie des habitants ».

Mais au-delà de cette séquence des plus atypiques, Trump s’est également montré incisif, prenant Kamala Harris à partie en suggérant d’interrompre le débat immédiatement : « J’aimerais la voir aller à Washington, D.C. et la laisser signer un projet de loi pour fermer la frontière, parce qu’ils ont le droit de le faire ! Le président des États-Unis, vous le sortirez du lit, vous le réveillerez à 4 heures de l’après-midi, vous lui direz, allez, venez au bureau et signez le projet de loi… S’ils font ça, la frontière est fermée », soutient Donald Trump, inflexible, sous l’air amusé de la colistière présidentielle.

Donald Trump donné grand vainqueur par son camp, malgré un traitement inéquitable

Donald Trump a jugé, de son côté, sur sa plate-forme favorite, Truth Social, qu'il avait livré son « meilleur débat ». Un sentiment d’autosatisfaction crédité par plusieurs sondages américains, republiés par le candidat à la Maison-Blanche, et qui donnent Donald Trump vainqueur. Mais cette victoire sur les plébiscites n’en a pas moins empêché les remontrances de ses partisans à l’égard des deux journalistes de la chaîne ABC, si prompts à interrompre Trump pour vérifier (« fact checker », disent les Anglo-Saxons) ses dires, quand Kamala Harris, elle, était plus libre de ses paroles et de son temps. Parmi eux, Elon Musk a estimé le traitement des candidats « non équitable ». Et si Kamala Harris s’est plutôt bien dépêtrée, pour cette première confrontation face à Trump, Elon Musk rappelle que ce ne sont que « de belles paroles » adressées de la part de celle qui « est aux commandes » depuis l’élection de Joe Biden. « Je crois fermement que Trump fera un bien meilleur travail », assure Musk, sur son propre réseau social X.

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Dernière nouvelle de ce matin : Trump a déclaré qu’il ne ferait pas d’autres débats, alors qu’avant il se disait prêt à en faire 3 ou 4 pour « démontrer a Harris qu’il est meilleur ». Il semble donc avoir conservé quelques instants de lucidité qui lui ont dit qu’il a raté le débat..

  2. Nous n’avons pas dû voir les mêmes extraits, car j’ai trouvé Trump tout le temps du la défensive. Harris a eu le débat à sa main pendant les 90 minutes. Ce que Trump lui-même a indirectement retenu puisque aussitôt après la fin, il a posté que le débat était « Truqué ». C’est sa spécialité : quand un résultat ne lui est pas favorable, c’est jamais sa faute, c’est parce que c’est truqué. Il a aussi dit que Taylor Swift allait « payer un prix élevé pour son soutient à Harris ». Bref, peu importe notre avis à vous ou moi sur qui a gagné le débat. Juste, le lendemain, le cours des actions de la holding de Trump ont perdu 10%. Les investisseurs ont donc aussi leur opinion sur qui a gagné le débat.

  3. Nous assistons à un contexte complètement pipé. Les « democrat » ne savent pas gagner sans tricher. Nous avons le même contexte en France. Au nom de la démocratie et de la liberté d’expression, le monde de gauche ne cesse de censurer. Comptez le nombre de loi liberticide en provenance de l’UE ou du gouvernement français.

  4. En matière économique les quelques blablas de Harris ont montré sa totale incompétence sur le sujet. Flou et mensonger comme du Ségolène Royal. Sentant le danger les deux « journalistes » d’ABC ont préféré changer de sujet et amener le sujet de l’avortement sur lequel Trump est objectivement plus en difficulté.

  5. Ce qui est paradoxal dans cette confrontation , c’est que ce soit la souriante et avenante Kamala qui défende le complexe militaro industriel avec sa vison de politique extéireure « va-t-en guerre » alors que l’affreux multi millionnaire veuille négocier et remettre en état une nation qui après avoir représentée le rêve américain est devenue le cauchemar de la classe moyenne américaine, à bien des égards .

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