Débat ou bla-bla ?
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Le débat organisé par BFM TV entre les onze candidats à la présidentielle a quelque chose de frustrant : évidemment, laisser une minute trente à chacun pour exprimer son opinion aboutit à un échange de phrases toutes faites. Impossible de résumer ici tout ce qui a été dit, au risque d’être aussi lassant que les intervenants. Mais certains propos méritent d’être relevés.
Baratin : l’Europe donne lieu aux habituelles âneries des béni-oui-oui fédéralistes. Il faut entendre Fillon et Macron proposer ensemble simplification administrative et baisse massive des charges et des impôts. On ne saurait leur donner tort, mais leur allégeance à l’Union européenne les en empêchera. Et ils le savent.
Bottes : souliers dans lesquels Fillon se tient raide.
Cravate : "Ce n’est pas parce que je n’ai pas de cravate qu’il faut me couper" (Poutou).
Droits d’auteur : Hollande est furieux que Fillon ait ressorti, sans brio, sa célèbre anaphore de 2012.
Europe : sa répétition rythmée en fait une sorte de rosaire moderne sans Ave Maria. Peu d’adeptes, mais ils sont en voie de radicalisation…
Forfaiture : jolie tirade de Nicolas Dupont-Aignan envers François Fillon, qu’il accuse de forfaiture à cause du vote du traité de Lisbonne, violant l’expression de la volonté populaire.
Keynes : Hamon semble n’avoir aucune autre référence. Tous les problèmes de notre société seront réglés par la relance, le revenu universel et l’injection de milliards dans l’économie. Nul ne sait où il les trouvera. Lui non plus, mais il ne le sait pas.
Patronat : l’extrême gauche fidèle à elle-même. Nathalie Arthaud fait preuve d’une agressivité non contenue, son propos suinte la haine de classe, le léninisme le plus éculé. À côté d’elle, le pâle Philippe Poutou fait presque figure de modéré. Pourtant, une feuille de papier à cigarette les sépare : interdiction des licenciements, prendre aux patrons et réduire le temps de travail. Chaque sujet la ramène à leur obsession communiste.
Pipotron : l’appareil préféré de Macron semble dysfonctionner. L’intéressé a sorti des phrases qui signifient quelque chose.
Police : Poutou souhaite son désarmement parce qu’elle réprime le mouvement social. Puis reproche à Le Pen de ne pas se rendre aux convocations policières. Réponse de l’intéressée : ce coup-ci, vous êtes du côté de la police…
Rocaille : Jean Lassalle n’a pas grand-chose à proposer, mais il le fait avec son accent rocailleux de berger béarnais qui nous change des bégaiements d’un autre Béarnais. À noter, quand même, une idée intéressante : créer une 4e arme consacrée à la cybercriminalité.
Tradition diplomatique : Cheminade, malgré ses propositions hétéroclites et peu convaincantes, trouve soudain les accents d’un Richelieu et rappelle, à propos de Poutine, Trump ou Assad, que la France reconnaît des États, pas des régimes ; sans doute la phrase la plus intelligente de la soirée.
Il paraît qu’ils ont parlé du fond. Je crains que cela m’ait échappé…
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