Débat Hayer-Maréchal sur CNews : tous les poncifs de la Macronie

Capture d'écran
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Elles arborent la même veste de tailleur sombre et le même sourire radieux en coulisses, mais la comparaison s’arrête là pour les deux femmes têtes de liste Renaissance et Reconquête aux élections européennes. Invitées dans le Grand Rendez-vous sur CNews avec Europe 1 et le JDD, animé par Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk, Valérie Hayer et Marion Maréchal ont chacune joué leur partition, l’une représentant ce besoin de toujours plus d’Europe, l’autre revendiquant systématiquement la souveraineté nationale. Un face-à-face qui a rassemblé, lundi soir, 685.000 téléspectateurs (sources CNews).

Dès les premières minutes du débat, le ton est donné, les couteaux sont affûtés. Il n’y a qu’une heure pour convaincre les électeurs… de ne pas voter pour le RN aux européennes. Actualité oblige, la première question porte sur l’ensauvagement de la société à la lumière du jeune mort de Viry-Châtillon. De manière assez convenue, la candidate macroniste évoque des « actes inqualifiables et innommables » et dit « avoir une pensée » pour les familles de Dominique Bernard et de Samuel Paty. Elle dénonce, surtout, vigoureusement « ceux qui commentent et qui exploitent » ces affaires. On suit aisément son regard. Elle n'en appelle pas à la marche blanche, aux nounours et aux bougies, mais le cœur y est. Surtout, Valérie Hayer se situe elle-même dans « le camp de ceux qui agissent ». Mais faut-il encore bien agir...

Hayer : « accompagner »...

Marion Maréchal, tout sourire, mange son pain blanc, attend patiemment son tour et s’étonne, simplement, que « la moitié du temps de parole » de son adversaire « soit consacré à la dénonciation de l’instrumentalisation ». La candidate Reconquête va d'emblée au fond du sujet. Elle préfère évoquer « le laxisme judiciaire » et « la gangrène islamiste ». Mais quand Marion Maréchal évoque les Frères musulmans qui sévissent en France, Valérie Hayer rappelle le discours des Mureaux, ce texte dans lequel le président de la République avait évoqué le séparatisme islamiste, et vante l'examen des dossiers à la lumière du « pacte républicain ». Les faits et l'idéologie.

Valérie Hayer n’aura qu’un mot à la bouche, tout au long de ce débat : « accompagner ». Pour remédier au cyber-harcèlement ? Il faut accompagner les jeunes sur les réseaux sociaux. Pour aider les agriculteurs en détresse, il faut plus d’accompagnement : « On a négocié la PAC pour qu’elle accompagne mieux les agriculteurs », « on accompagne nos agriculteurs dans la transition environnementales », « j’assume les nouvelles techniques génomiques qui permettent d’accompagner nos agriculteurs », répète Valérie Hayer… La candidate macroniste veut plus d’Europe (air connu), elle évoque une harmonie fiscale entre les pays européens. Pour Marion Maréchal, tout cela débouche déjà sur « un tsunami de normes, de règles et de taxes aux objectifs écologiques ». La candidate Reconquête rappelle, au passage, qu’il aura fallu que « les agriculteurs soient aux portes du Parlement européen pour que leur détresse soit enfin entendue ». Et dénonce le projet du macronisme, celui d'une « décroissance agricole » et d’une augmentation sans frein des importations.

Menace russe ou menace islamiste ?

Révélateur, ce moment du débat où les deux candidates déterminent la menace qui pèse le plus sur la France. La candidate macroniste insiste : « Clairement, il faut expliquer aux Français l’impact de la guerre en Ukraine sur la stabilité européenne. » Valérie Hayer voit, avant tout, « la menace russe » et pense, en premier lieu, « au peuple ukrainien ». Loin de nos frontières. Marion Maréchal pointe, elle, « la menace islamiste et la submersion migratoire ». Plus proche de nous... Rappelant que « même le ministre de l’Intérieur fait le lien entre immigration et insécurité », elle pousse Valérie Hayer dans ses retranchements. En vain, la candidate macroniste refuse le lien entre les sujets migratoires et l’insécurité. Et souligne la « vocation européenne de l’Ukraine » quand sa rivale voit, dans le conflit, « le risque d’une Troisième Guerre mondiale et d’une guerre nucléaire ».

Enfin, la question cruciale du pacte migratoire vient confirmer les visions diamétralement opposées des deux candidates. Pour Valérie Hayer, cette « problématique est extrêmement difficile et complexe », mais le problème sera résolu, selon elle, assez rapidement, au point que « demain, on n’aura plus d’immigration, il n’y aura plus de Lampedusa ». Comment cela ? En accueillant les migrants aux frontières, en examinant les critères et en voyant s’ils ont vocation à être renvoyés. « Parce qu’on a apporté des réponses concrètes ! » ose-t-elle. Elle en est certaine : « La France va être bénéficiaire de mécanismes de solidarité » européens. Marion Maréchal constate, elle, le déroulement implacable d'un « projet de répartition migratoire ». Réponse en forme de provocation de la candidate Renaissance : « Qu’est-ce que vous en faites, vous tirez sur les migrants, c’est cela ? »

Éléments de langage

La fin de l'heure convenue approche. Valérie Hayer, dans la continuité de son maître à penser Emmanuel Macron, aura coché toutes les cases de la bien-pensance. Opposée comme lui à « l’extrême droite », elle aura accumulé tous les poncifs habituels, tous ces éléments de langage déjà entendus, des « connivences avec Vladimir Poutine » à « l’instrumentalisation » de la violence. Marion Maréchal ne s’est pas contentée de combattre une rivale en politique, ce lundi soir, elle a tenté d'écarter l'idéologie, les postures et les facilités pour évoquer les sujets qui intéressent les Français et pèsent sur leur quotidien : l'islamisme, les risques d’attentats, l'insécurité ou l'écologie punitive. Face à une Valérie Hayer incapable de laisser son adversaire développer une idée, Marion Maréchal reste solide sur ses bases, ses chiffres et ses arguments. Le débat parviendra-t-il à relancer les deux candidates, toutes deux en panne de croissance dans les sondages ? Réponse dans quelques semaines.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/04/2024 à 11:45.
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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

107 commentaires

  1. Un peut déçus globalement, chez Hayer rien de nouveau, à même de changer nos maux, l’hypothèque menace Russe d’envahir l’Europe occidental refrains entendu depuis 60 ans malgré l’Otan qu’elle semble ignorer et annoncer encore et toujours contre la vrais menace qu’est l’islam en !Europe tout au moins en France., bon Hayer à éliminer comme issue du monde agricole elle semble complètement à côté de la réalité, la zapper.

  2. Mme Hayer veut Accompagner les migrants ! Ben , Non , il faut les Raccompagner ! Quand à la menace Russe , il faut remettre à niveau notre armée , aider l’Ukraine en matériel , mais aucun soldat Français comme le voulait à un moment Macron . La menace la plus prégnante c’est celle de ces islamistes , qui veulent remettre ne cause notre façon de vivre . Les dernières affaires en sont la parfaite illustration. Un jeune tué par les grands frères car il draguait leur soeur de 15 ans

  3. L’accompagnement de madame Hayer évoque plus les soins palliatifs qu’une politique audacieuse. La France serait-elle en fin de vie pour les macronistes ?

  4. Héhé… »il n’y aura plus de Lampedusa, il n’y aura plus d’immigration illégale »… Pardi, on les régularisera et on les répartira d’office ! Nous prennent pour des jambons, je pense, les macronistes ! Pour moi, le choix est fait, mais il l’était déjà en 2022. Je donnerai une chances à l’Europe des NATIONS. Une chance, la dernière, pour que nos enfants ne vivent pas en dhimmis, tête courbée. Ce sera M. Maréchal.

  5. Evident indéniable la tête de liste Renaissance biberonnée à la doxa gouvernementale européiste n’a déblatéré fidèlement que la plate logorrhée bien pensante contre le R.N sans jamais proposer les choix pour le pays.. Mme MARECHAL a en priorité pensé et dit ce qu’elle veut pour la France. Deux idées l’une pour l’Europe hégémonique et l’autre centrée sur notre peuple notre pays. Mon choix est évident et devrait être primordial essentiel.

  6. L’émission regardée, il n’y a pas photo ! Marion Maréchal dépasse largement sa rivale tant par le constat édifiant de l’absence de résultats de la Macronie que par l’absence de mesures à enrayer les constats délirants de ces dernières années. Je regrette cependant, que les sujets du déficit et de l’économie ne soient pas plus abordés dans cette frasque télévisuelle.

  7. Entre Hayer bien sur pro Macron et donc pro islam et anti France et Marion,anti islam mais pro Ukraine, je n’ai pas insisté, j’ai coupé le poste dès la présentation !!! Et pourtant, chez nous, nous avions voté Zemmour en 2022 !

    • Je ne regarde plus la Tv depuis des lustres , donc j’apprécie votre synthèse de ce énième débat . Jusqu’où ira la Droite Patriote dans les concessions avec le camp du bien ?

  8. La macroniste écheveulée n’a eu de cesse d’appuyer sur Maréchal-Le Pen et oui bonnes gens il ne faut pas oublier que c’est une Le Pen. Quelle pauvre fille cette macroniste avec Lampedusa éradiqué dans 2 ans mais Poutine dans nos murs. Un tel degré de connerie est effarant.

  9. Par trois fois, à la fin de l’émission, Valérie Hayer a appelé Marion Maréchal « Le Pen » avec un petit air de haine et de mépris au fond de la gorge qui va si bien aux macronistes. Ce sont les seuls arguments qu’elle a opposés à Marion Maréchal. Le reste n’a été que du bla bla qui nous a mené où nous en sommes : la faillite.

  10. Reconquête du pouvoir avec 5% et Renaissance dans une magistrale chute libre. Débat inutile entre des politiciens tous attachés à l’Europe de Bruxelles et defenseurs des nazis ukrainiens. Le RN presque dans la même posture.

  11. « Débat » cacophonique de quatre poules dans le poulailler. Il faudra nous expliquer leur façon de décompter le temps de parole …

  12. Débat à regarder, équilibré et opposé, bien arbitré. Après, j’ai relu, de Jacques Attali, « C’était François Mitterrand » (2005). L’erreur d’une « UE instance politique » vient de cette gauche au sommet, anticipée par ce témoin (Attali), très bien placé. « 20 ans après », c’est cette « UE » que l’on doit »accompagner » vers la sortie. C’était UNE MAUVAISE IDÉE qui menace aujourd’hui la France. Faut-il VOTER pour renforcer cette erreur ? … Nous n’avons pas besoin « d’ennemis » à l’américaine, vu l’état du pays, ni de déficit, ni d’euthanasie, etc… C’est démoralisant pour toute la jeunesse, de surcroît !!!!!!

  13. Ce fut plus un combat d’épéistes qu’un débat, avec une hayer agressive et sans fond se défoulant finalement avec la bassesse d’appeler sa challengeuse « Maréchal Le Pen », cette nième provocation restant vaine.
    Dommage car nous n’avons pas pu profiter d’un débat clair sous la houlette de deux journalistes qui ont fait preuve d’une totale impartialité…

  14. Dès le début j’ai su que Valérie Hayer était aux fraises. Je pense que la macronie a perdu pas mal d’électeurs ce soir.

  15. Valérie Hayer est une bonne élève, pas très brillante, mais disciplinée, elle récite bien sa leçon sans conviction exagérée elle veut ignorer la France et ses problèmes au profit de l’Europe de Macron reniant ainsi notre histoire pour former une entité avec des composantes incompatibles et la rendant ainsi ingouvernable, moi je suis pour l’Europe de De Gaulle la seule chose peut-être qu’ à l’époque j’appréciais venant de lui, depuis comme beaucoup, et avec l’expérience que j’ai vécue venant des autres chefs d’état que nous avons connus, j’ai révisé mon jugement sur ce grand homme.

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