Débat LR sur CNews : le grand retour de la nation
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Tournant historique ou illusion ? Les candidats LR à la candidature présidentielle se retrouvaient, dimanche soir, sur CNews et Europe 1 pour un avant-dernier débat avant le vote des militants prévu le 4 décembre. Et c’est un nouveau concours de patriotisme à faire rêver les Français attachés à leur pays si malmené. Y aura-t-il un avant et un après débats des primaires LR de 2021 ?
Sous la houlette de Laurence Ferrari et de Sonia Mabrouk, souvent sceptiques, parfois piquantes, les candidats rivalisent de réalisme et de fermeté, non sans rappeler régulièrement les errements du président de la République et l’embrouillamini de ses priorités. C’est un Noël patriotique !
Valérie Pécresse privilégiera, durant son mandat, l’éducation et l’école. Une école où l’on apprendra « la fierté de l’Histoire de France, pas la repentance ». La grande cause de son quinquennat ? « Donner à chacun sa chance et l’amour de la France. » Éric Ciotti veut, lui, rétablir « la liberté de penser ». Il est ainsi « heureux de débattre sur CNews qui a cassé les codes de la pensée médiatique », ce que ne démentirait pas Gabrielle Cluzel. « Je suis sur des sujets que la gauche avait interdit de débattre à la droite », dit-il. Comment lui donner tort ? Il veut savoir si « la France sera toujours la France », entend « installer le droit du sang » et « interdire le regroupement familial ». Xavier Bertrand, lui, démarre ce débat par une promesse d’attention aux handicapés. Le ton est donné. Les candidats peuvent plonger dans l’actualité, celle des émeutes en Guadeloupe, emblématiques. Barnier revient de Mayotte et de La Réunion. « La situation est très grave, il faut rétablir l’ordre », tranche-t-il. Il veut de la sécurité, de l’autorité et du dialogue. Bertrand, comme il le fera régulièrement au long du débat, stigmatise la gestion macronienne : voilà « des mois que des ministres ne se sont pas rendus là-bas », regrette-t-il. Il insiste sur la sécurité : « On ne tire pas sur les policiers, on ne dresse pas des barrages. » Et que dire des hôpitaux sur place ? Macron avait promis 10.000 lits. « Où sont-ils », demande-t-il. La droite a quitté les affaires depuis dix ans, on n’a jamais connu une telle crise avec des hôpitaux « au bord de l’effondrement ». À qui la faute ? Pour Michel Barnier, « notre pays n’a pas été bien géré » par un dirigeant au style « solitaire et arrogant ».
Sécurité sanitaire et sécurité tout court. Sur ce thème, les candidats font tous des efforts considérables pour montrer que leurs intentions n'en resteront pas à ce stade et se traduiront en actes. Car la situation réelle le réclame. « Cinq cents quartiers échappent aux lois de la République selon un préfet », martèle Éric Ciotti, qui veut mobiliser les douanes, la police ou la gendarmerie. « Nous sommes en guerre, il faut réinstaller dans ces quartiers la République. » Michel Barnier parle… de rétablir le service militaire. « Arrêté en 1995, il a servi pendant presque deux siècles. Ce moteur de l’intégration républicaine nous manque aujourd’hui. » Il lancera un débat parlementaire, prélude à un référendum sur le sujet. Bertrand évoque, lui, les tirs de mortiers. Pécresse considère que « la peur doit changer de camp », veut « des opérations coup de poing dans les quartiers », notamment dans les 62 zones dites « de reconquête républicaine ». Les policiers « doivent pouvoir faire ouvrir les coffres de voitures », dit-elle, un acte illégal pour l’instant. On rêve... « Est-ce que vous avez vu BAC Nord, Madame Mabrouk ? », demande Valérie Pécresse, qui évoque la réalité des banlieues chaudes, les supermarchés qui ferment à 15 heures et les femmes qui ne se promènent plus en jupe. Le film BAC Nord, hyperréaliste et effarant sur la situation des banlieues françaises, entre décidément dans le débat politique. « Il n’y a ni réponse ni fermeté, aujourd’hui », regrette Bertrand, tandis qu’Éric Ciotti cite les chiffres du Parisien : 79 morts par règlements de comptes depuis le début de l’année, soit un bond de 47 % sur un an… À rapprocher des discours de sociologues sur « l’illusion » de l’insécurité. Ils sont unanimes, ces candidats, sur des thèmes qui ont valu des volées de bois vert à bien des politiques, et notamment dans le camp LR, à un certain Laurent Wauquiez. « Laurent Wauquiez a eu raison avant d’autres », reconnaît Barnier. Hommage à Wauquiez mais pas à Le Pen père et fille, qui ont pourtant soulevé ces thèmes depuis bien plus longtemps. Xavier Bertrand assure qu’il y a « les laxistes d’un côté, les extrémistes de l’autre. Pour Madame Le Pen, ces problèmes sont son carburant : elle ne va pas les régler ! » No comment. Comme Philippe Juvin, comme Valérie Péacresse, Bertrand veut pourtant le retour des peines plancher supprimées par Taubira. Juvin est, aussi, favorable à de courtes peines de prison. Il aimerait que le délinquant attrapé parmi une bande paie pour les dégâts commis par le groupe via un principe de responsabilité in solidum. Mais la prison suffira-t-elle ? Ciotti rappelle les faits sur les auteurs des violences : « 23 % des détenus sont étrangers, sans parler des détenus d’origine étrangère. » Pour lui, la réponse doit être simple : c’est « la prison et l’avion ».
La bataille contre Macron revient toujours en fond de tableau. « Vous ne m’entendrez pas parler de violences policières, comme l’a dit le président de la République : ils nous protègent, le président de la République doit les protéger », affirme Barnier. Pécresse va dans le même sens : « Un président de la République ne peut pas dire cela. » Pour Ciotti, c’est « une ignominie, une honte absolue ».
Plus tard dans la soirée, les candidats communieront dans l’hommage à l’identité de la France, la nécessité d’aimer notre pays, de défendre son Histoire et son modèle de civilisation « supérieur aux autres », assure Juvin. « L’immigration doit s’adapter aux besoins de la France et non l’inverse », insiste Bertrand. Tous veulent renforcer les exigences du pays vis-à-vis des nouveaux arrivés ou des impétrants. « On ne vient pas en France pour toucher des prestations familiales », martèle Valérie Pécresse. Chez LR, le patriotisme ne s’est jamais si bien porté. Une étape dans le discours politique semble franchie, étape de vérité et de franchise sur les faits et les chiffres. Enfin ! Comment ne pas s’en réjouir ?
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