Débat Marine Le Pen-Emmanuel Macron : Une femme face au robot

C’est dur d’arrêter le robot présidentiel. Marine Le Pen fait face à une machine. Une machine coupante, méprisante, technoïde et froide, une machine nommée Emmanuel Macron.
le pen macron

« Emmanuel Macron, laissez-la parler ! » Il est 22 h 50 et Léa Salamé rappelle le président de la République à l’ordre. C’est dur d’arrêter le robot présidentiel. Marine Le Pen fait face à une machine. Une machine coupante, méprisante, technoïde et froide, une machine nommée Emmanuel Macron.

Elle s’est mise en route dès les premières minutes du grand débat d'entre-deux-tours, à quelques jours du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2022. Marine Le Pen a évoqué le peuple qui a souffert cinq ans, son besoin de protection, son souci de pouvoir d’achat, son besoin de justice. Macron admet que la période a été difficile. Il y a eu la pandémie, le retour de la guerre sur le sol européen. Mais au fond, il s’en moque. Il veut que le pays devienne une grande puissance écologique, il veut une Europe plus forte. Il veut, en somme, développer ce qui a provoqué le malheur des Français. Le ton est donné.

Lorsque Marine Le Pen détaille ses mesures pour l’amélioration du pouvoir d’achat, le robot présidentiel explique qu’il veut sortir des énergies fossiles, qu’il a créé 1,2 million de fiches de paie. Il évalue le niveau des retraites qu’il versera, celui que son adversaire servira, se lance dans des calculs complexes.

Il montera la prime de pouvoir d’achat de 1.000 à 6.000 euros. Avec quel argent ? Et il attaque : « Ce que vous avez dit est factuellement faux. ». Il stigmatise « des mesures inefficaces et injustes » et en appelle à « une Europe forte » pour lancer, quelques secondes plus tard : « Nous ne sommes les vassaux de personne. ». En même temps.

Lorsque Marine Le Pen souligne que l’embargo sur le pétrole et le gaz russe « va faire énormément de mal au peuple français. On ne peut pas se faire hara kiri », le robot ne répond pas. Il attaque à nouveau : la Russie est intervenue dans la première campagne présidentielle de Macron « pour me déstabiliser », dit-il. Et il embraye : « Vous dépendez du pouvoir russe. » Il insiste. La banque de la démocratie promise par Macron n’a jamais vu le jour, explique Le Pen, seule cette banque russe l’a financée. Elle est d’ailleurs catégorique pour condamner la guerre en Ukraine. Le robot n’écoute pas. « Ce choix ne vous rend pas indépendante sur cette question. »

Sur l’Europe, Marine Le Pen explique qu’elle veut bâtir une Europe qui respecte l’identité des nations. « Vous voulez en sortir mais vous ne le dites plus », tranche le robot qui, à l’occasion, joue les voyants extralucides. S’il le dit, alors… Et il explique que, grâce à l’Europe, on sera plus indépendant pour l’énergie, la défense, l’agriculture. Les agriculteurs étranglés par l’Europe apprécieront. Pour lui, l’Europe, c’est une copropriété. Il interrompt, coupe, tranche, ce vague sourire sardonique aux lèvres.

Est-ce que je peux terminer une phrase ? demande Marine Le Pen.

Face à elle, Macron est tour à tour affalé sur sa chaise ou comme tapi, les yeux perçants, exorbités, prêt à bondir. Il traite son adversaire de « nationaliste » partisane d’un « rabougrissement sur le territoire national ».

Sur l’insécurité, les chiffres ne sont pas bons ? « Parce que la parole s’est libérée », répond le robot. Il vante son action et ce n’est pas subtil. « Je suis crédible, j’ai baissé les impôts », dit-il. Il a couvert la France de dettes mais n’assume pas, s’énerve et se lance dans un découpage confus. Il est encore nerveux, agressif, face à une Marine Le Pen qui encaisse les coups et marque des points sur l’hôpital.

Il se détendra plus tard dans la soirée. « J’ai vieilli, vous, ça ne se voit pas, moi, j’ai peur que cela se voie. » Le robot prononce une phrase humaine, enfin, comme la conclusion : « Je vous remercie, je vous respecte en tant que personne. » Marine Le Pen pense que le peuple aspire au « retour de la tranquillité et du bon sens dans la gestion des affaires de l’État ». Le match est joué. Les Français ont vu, une fois de plus, dans toute la splendeur de sa supériorité, le Président du mépris.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

101 commentaires

  1. « Le robot » excellente comparaison de Marc Baudriller. Face à l’excitation du « droide » Marine a fait preuve d’une sérénité que l’on a senti travaillée en amont. Sans surprise, la sphère médiatique déclare vainqueur le sensationnel président sortant et son action quinquennale extraordinaire. Jusqu’à dimanche le sac de frappe se nomme Marine. Je suis fatigué par cet acharnement et profondément inquiet pour l’avenir, seule consolation, ce chaos prédit ne sera pas la faute de l’extrême droite.

  2. Étant donné qu’il a eu la malhonnêteté de couper sans arrêt la parole de son interlocutrice, il aurait fallu compter ce temps de paroles deux fois. Cela aurait permis à Marine Le Pen de s’exprimer plus longuement sur les sujets. Ce monsieur est un jean-foutre.

    • Il est a noter que jamais nous n’avons vu les chronos quand il coupait (régulièrement) la parole à Marine !
      Quant aux animateurs ils n’ont jamais fait leur job, celui de faire respecter les règles

      • Etant des vassal bien rémunéré de ce triste guignol comment pourrait(ils se comporter avec neutralité.

  3. « Le président du mépris. » Sans aucun doute. Imbu de lui-même, cynique, bonimenteur, totalement dépourvu de sentiment. Un individu méprisable en tout point.

  4. Macron ou la science infuse incarnée qui a toujours raison même quand il se plante. Il y a un mot qu’il ignore : modestie. Il a raison il va y avoir une guerre civile mais par sa faute. Marine le Pen a bien maîtrisé ses sujets tout en restant courtoise . C’est clair Macron veut imposer ses vues sur tout et déconstruit les acquis de la France.

  5. MLP est une femme qui a de l’ éducation et doit se respecter
    Macron est un perturbateur menteur sans respect pour personne.
    Dés le début il coupe sans la moindre gène la parole, prend des poses, gesticule: un gamin turbulent. MLP doit subir ses attaques en restant calme, je lui reproche d’ arrêter de parles quand il la coupe, de l’ écouter comme une bonne élève écoute un prof, elle doit appuyer ses paroles par des gestes

    • Désolée, à son âge, on est plus un gamin, mais tout simplement un drogué protégé par ses pairs, prêt à gâcher la vie des français pour encore 5 ans.

  6. Un débat avec Zemmour aurait eu plus de gueule, l’autre petit aurait ravalé son arrogance et son mépris !

  7. Macron odieux et content de lui. Vous voulez ça encore 5 ans ? On ne retiendra de ce débat frustrant que les 2 conclusions. Macron y a été mauvais : désinvolte, hors sujet, sans hauteur de vues. Et MLP excellente et humaine. Une femme d’état. A retenir aussi la tentative de Macron d’interdire un referendum sur la constitution (!) et MLP l’a très bien contré sur ce point majeur : le peuple est souverain, pas le Conseil constitutionnel Mais ça Macron le refuse : c »est gravissime, Dehors !

  8. Et encore Macron était regardé par un maximum de Français, alors imaginez son arrogance, sa mégalomanie, ses suffisances hors de vue des électeurs ?

  9. Bien vu MLP , calme et sereine , face à un Macron assez énervé qu’on lui prouve que son mandat est loin d’être une réussite . Donc , Oui à MLP , 5 ans de Macron ça suffit .

  10. Bien évidement, lorsque on consulte l’actualité matinale, MLP a perdu, forcément. Sur le fond, est-il annoncé.
    Naturellement, ce n’est nullement une actualité d’influence mais neutre et impartiale; à 4 jours du scrutin.

    L’ont-ils vraiment vu, ce mépris, les Français ? Parce qu’il serait grand temps.
    Tout est orchestré ou l’a été pour les aveugler.

  11. Tout est dit dans cet article et je ne regrette pas mon choix d’avoir quitté le débat lorsque j’ai vu l’attitude condescendante et impertinente affichée dès le début à l’égard de son adversaire. J’ai compris qu’il ne quitterait pas cette posture. Bravo à MLP d’avoir su lui résister apparemment.

    • C’était prévisible , je n’ai pas même regardé le débat . Toutes les questions et réponses était préparées par des centaines de fonctionnaires rompus a l’exercice .

    • Malheureusement trop tendre MLP, trop manipulée et tenue par la peur, ces armes que sait si bien manier son adversaire. Elle a été insultée du début à la fin, notamment quand elle cite De Gaulle :  » avec le nom que vous avez, vous êtes mal placée pour citer ce personnage… » Rien ou si peu sur le scandale Mackinsey et leur rôle nocif, les énormes conflits d’intérêt avérés, aux frais des français, durant la gestion de la « crise » et pour l’hôpital, avec des médias et journalistes complices….

      • Rien non plus sur Alstom et la vente des brevets aux Américains. Mais j’ai lu que l’Elysée a demandé à M. Le Pen de ne pas aborder certaines questions qui auraient pu faire tache! Il eut été bon qu’elle le signale dès le début du débat.

      • Vous vous trompez : les Français moyens veulent toujours voter pour la gentille qui rassure et contre le méchant qui fait peur. Bien joué car il fallait
        rassurer la gauche et motiver les abstentionnistes. Mais évidemment nous avons tous été frustrés que la gentille ne flingue pas le méchant ! Taïaut !!!

    • Tout ce qu avait prédit Zemmour arrive, face à macron comme prévu elle ne fait pas le poids, c est à la rue de régler le problème si le monarque veut continuer à nous asservir sinon tout est foutu

      • Vous trompez ce n’était pas du catch : les Français moyens veulent toujours voter pour la gentille qui rassure et contre le méchant qui fait peur. Bien joué car il fallait
        rassurer la gauche et motiver les abstentionnistes. Mais évidemment nous avons tous été frustrés que la gentille ne flingue pas le méchant ! Taïaut !!!

  12. Rien à ajouter.
    Vous avez parfaitement décrit le personnage, sûr de lui, grossier, qui semble n’être là que pour remplir une inutile formalité.
    Beaucoup se laisseront séduire, je le crains.

    • Il n’en a que faire dans tous les cas il est gagnant s’il doit partir c’est avec une grosse rente à vie payé par ceux qu’il a emmerdé durant 5 ans ! pendant que les payeurs, les vrais triment toute leur vie pour avoir une rente de misère calculée sur 25 ans<; <<il y a de quoi mépriser les payeurs "rien à faire qu'ils viennent me chercher" !
      Le pire c'est que l'on en a déjà deux de cette espèce comme Rentiers permanents.

    • Vous vous trompez Jeza : les Français moyens veulent toujours voter pour la gentille qui rassure et contre le méchant qui fait peur. Bien joué car il fallait rassurer la gauche et motiver les abstentionnistes. Mais évidemment nous avons tous été frustrés que la gentille ne flingue pas le méchant ! Taïaut !!!

  13. d’accord avec vous : il avait l’air de s’ennuyer et avait toujours son air méprisant… rien à faire, ce type est vraiment une plaie ! la ! politesse n’est pas son fort

    • Macron a beaucoup empiété sur le temps de parole de Mme. Le Pen . Par
      moment cela m’a rappelé le debat télévisé Melenchon ~ Eric Zemmour . Mélenchon n’a pas cessé d’interrompre son opposant … Pour un Président
      , Macron a été très indélicat .

  14. Marine vient de gagner la Présidence. Il n’y a rien à jouter tout a été très clair… S’il y a une abstention record, elle bénéficiera à Marine cette fois. Macron à joué de cela en 2017 le boomerang lui revient enfin sur la figure. Dehors traitre à la nation vive Marine.

    • Exact : les Français moyens veulent toujours voter pour la gentille qui rassure et contre le méchant qui fait peur. Bien joué car il fallait rassurer la gauche et motiver les abstentionnistes. Mais évidemment nous avons tous été frustrés que la gentille ne flingue pas le méchant ! Taïaut !!!

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