[Débat] Prix de l’électricité : se soustraire au plus vite aux règles de l’UE

L'article de l'expert en énergie Philippe Charlez publié par BV, le 15 septembre dernier, a fait réagir Daniel Fedou, ancien conseiller technique du directeur du Budget, ancien ingénieur général à l'IGEDD (Inspection générale de l'environnement et du développement durable), polytechnicien et membre du corps des ponts et chaussées. Pour lui, la France doit s'affranchir au plus vite des règles de l'Union européenne sur le prix de l'électricité. Il explique pourquoi.
« La France ne peut pas, aujourd’hui, sortir du système électrique européen », écrit M. Charlez, en conclusion de son article publié par Boulevard Voltaire, le 15 septembre. Il n’est pas facile de le contredire, car il ne précise nulle part ce qu’il entend par « système électrique européen ». Cependant, l’argumentation qu’il expose dans les quelques lignes qui précèdent permet de le deviner.
Commençons par préciser le sens des mots. L’électricité est un produit, et il y a un marché dans une zone géographique quand il y a des producteurs et des consommateurs de cette zone qui peuvent en vendre et en acheter. C’est ainsi qu’il y a eu, pendant longtemps, des marchés de l’électricité dans chaque pays européen.
Ce n’est pas la privatisation de la production d’électricité au Royaume-Uni réalisée par Margaret Thatcher, imitée par d’autres pays européens, qui a permis la création d’un marché européen. Cela n’a fait que privatiser des marchés nationaux. L’acte de naissance est l’installation de quelques lignes électriques qui traversent les frontières et qui permettent aux consommateurs européens d’avoir accès à de l’électricité produite dans divers pays européens.
L’installation de ces lignes électriques s’est faite indépendamment de la privatisation ou non des productions nationales. Car, comme le fait remarquer justement M. Charlez, « la France a besoin de la Belgique, de l’Allemagne et de l’Italie, et vice versa ». En effet. Elle en a besoin pour compléter sa production si elle est insuffisante et pour l’exporter si elle est excédentaire. C’est vrai pour la France, mais aussi pour tous les autres pays européens.
Aucun ne songe à se priver de l’utilité de ces lignes transfrontalières. Donc, personne ne songe à sortir du marché européen de l’électricité stricto sensu. L’habilité de M. Charlez est de partir de la pérennité du marché européen de l’électricité pour nous faire croire à la pérennité du « système électrique européen ». Expression indéfinie que la plupart des lecteurs comprendront comme le fonctionnement actuel du marché européen de l’électricité.
M. Charlez ne fait, en cela, qu’imiter l’Union européenne, qui a joué sur les mots en proclamant qu’elle allait créer un marché européen de l’électricité qui existait déjà pour justifier des règles de fonctionnement de son cru qu’elle lui a imposées. Il est amusant de constater que plusieurs de ces règles sont largement contradictoires avec les mécanismes de fonctionnement naturel d’un marché. Par exemple celle qui contraint un des producteurs - EDF – à vendre à d’autres entreprises à des prix imposés - très bas. Elles n’ont pas créé un marché, elles l’ont profondément distordu.
Des règles qui spolient la France
Les conséquences de ces règles pour la France – si ce n’est leur véritable objectif – est de faire payer aux Français l’électricité beaucoup plus cher que ce que son outil productif autoriserait, et de faire bénéficier les autres pays européens de l’électricité pas chère produite en France. L’un permettant l’autre.
Contrairement à ce que veut faire croire M. Charlez, la France peut sans problème technique se soustraire à ces règles qui la spolient. Car le marché européen fonctionnait très bien avant leur apparition. Le seul obstacle est l’Europe. L’Espagne et le Portugal ont trouvé le moyen de le contourner. La France doit faire de même, et le faire au plus vite, au lieu de s’endetter au-delà du raisonnable pour financer ses boucliers tarifaires et perdre ainsi toute indépendance.
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30 commentaires
« Le seul obstacle est l’Europe. L’Espagne et le Portugal ont trouvé le moyen de le contourner. La France doit faire de même ». Sous Macron, l’européiste, ce n’est mème pas un rêve fou, mais une impossibilité totale. Et si les français en crèvent, il n’en a rien à cirer.
Contre l’Union européenne..à bloc .
Comment des traités ou conventions contraires aux intérêts de notre pays et bénéfiques à d’autres ont-ils pu être signés ?
Par des incapables de voir plus loin que leurs propres intérêts.
Reprendre le contrôle de notre énergie , la fermeture de Fessenheim est un non sens . Votre conclusion prouve que ce gouvernement ne veut pas se soustraire à ces règles de l’UE qui nous ruine , scandaleux .
et ils s’en vantent !
Très clair .Merci.
Le seul obstacle à la reprise de notre destin d’indépendance et à la baisse drastique du cout de l’électricité pour les particuliers et les entreprises Française n’est ni technique ni juridique : C’est Macron.
Merci M Fedou d’avoir remis du bon sens dans le débat.
J’attire votre attention sur la distinction nécessaire entre l’Europe, continent de peuples et de nations, et l’Union Européenne, montage technocratique ayant propension à tout réglementer en suivant une idéologie qui écrase (souvent) les intérêts nationaux.
D’accord à 100%, il suffit d’un peu de courage politique, ce qui manque totalement à nos dirigeants qui sont à genoux devant l’Allemagne et l’europe, ce qui est la même chose.
Combien de mois de réclamation pour que le petit roi se décide (peut-être) à couper la corde européenne qui pend la France avec ce scandale du tarif de l’électricité…
La vraie question est de savoir pourquoi Macron ni Le Maire ne veulent quitter le mécanisme actuel, même provisoirement. Le prix de l’électricité diminuerait immédiatement en France et tous les consommateurs, notamment les industriels applaudiraient cette victoire du gouvernement. L’article démontre que les interconnections et les échanges de kwh ne seraient nullement compromis. Alors, pourquoi ?
Pourquoi ? La réponse est simple. Comme pour le carburant et le reste, plus le prix est élevé, plus l’état encaisse de taxes.
Exactement! C’est ce que je disais hier.
Il ne se passera rien tant que nous demanderons à ceux qui ont créé ce scandale du marché et de la production électrique de le résoudre. Mme Borne qui se félicitait de fermer la centrale de Fessenheim en est un exemple.
surtout que les prix très bas écrasent notre marge pour l’entretien des centrales nucléaires que le joyeux drille de l’Elysées à vendu à l’électricien américain, pour continuer à produire et fair eune petite toute petite marge, les grands gouvernants de notre pays ont fermer Fessenheim, et 14 autre réacteurs par manque d’entretien, toujours plus en avant dans le gouffre.
Votre conclusion monsieur Fédou est la preuve que l’Europe nous spolie et que notre gouvernement nous trompe. Qu’attendent les parlementaires pour exiger la suppression de cette mesure qui ruine notre économie?
Il n’y a pas que du marché européen de l’électricité que la France doit sortir, c’est de l’UE ! Contrairement à ce que les médias disent, la grande bretagne s’en sort trés bien depuis le brexit !
L’Energie, et en premier lieu l’Electricité, relève de l’indépendance nationale et de la souveraineté. Ce n’est pas un bien de consommation ordinaire. En aucun cas, elle ne doit être livrée à des spéculations financières menées par des société privées. L’Etat doit garder la haute main sur sa production et sa tarification qui doit être strictement en rapport avec ses coûts réels de productions. EDF était un fleuron de technologie, nos idiots de gouvernants et le machin européen l’ont démantelé, démembré. Des sociétés écran de fumée vendent un produit qu’elles ne produisent pas. Tant pis pour les gogos qui s’y laissent prendre… Qu’ils ne viennent surtout pas se plaindre après….